| Tremolo, n. m. italien. - Répercussion rapide du même son. (Voy. Strophicus). Cette formule appartient presque en propre aux instruments à archet, l'effet en étant dû au mécanisme même de l'archet, et impossible à reproduire fidèlement sur d'autres instruments. On distingue le trémolo mesuré, dont la vitesse d'articulation est fixée par la notation, et le trémolo proprement dit, qui est un frémissement aussi vif que possible sans division rythmique précise. On le note en traversant la queue de la note à répéter d'un nombre de petites barres proportionné au degré de vitesse du mouvement et du tremolo à exécuter. Le tremolo prolongé pour les instruments à cordes est employé dans un sens d'effet dramatique par Monteverdi en 1624 dans Il combattimento di Tancredi e Clorinda : les cordes réunies jouent en tremolo l'accord de sol majeur pendant que le ténor s'écrie Tornano al ferro. On trouve le même effet dans les Madrigali guerrieri du même (1638) : un tremolo à la basse instrumentale accompagne l'idée de terreur exprimée par la voix de basse. En dehors des instruments à archet, ce nom « s'appliquait anciennement chez les auteurs italiens au trille. Diruta, qui résume en 1593 les procédés de l'organiste et cembaliste Merulo, désigne sous le nom de tremoli diverses formes de trilles supérieur et inférieur et plus ou moins prolongées, selon la durée de la note qu'ils représentent, et sous le nom de tremoletti des trilles courts de deux battements seulement. Tosi (1723) décrit comme nouveau le procédé vocal du tremolo sur une seule note, appelé mordente fresco, et qu'il blâme énergiquement en le comparant au cri des grillons. On trouve le tremblement sur une note répétée chez Bach et les musiciens allemands, sous le nom de Bebung. Haendel a recouru dans une intention expressive à l'artifice vocal du tremolo, ou répétition d'une même note sur une seule syllabe, dans le choeur de Josué (1747) qui dépeint la marche des Lévites avec les trompettes, et de l'armée, autour des murailles de Jéricho. L'effet est placé sur les mots : « Les peuples tremblent ». Le tremolo sert surtout, chez les anciens maîtres, à l'accompagnement du récitatif (à l'orchestre). Son effet, varié par les nuances d'intensité, et par la situation de la note dans l'harmonie, prête aux expressions les plus variées; c'est Gluck qui en a principalement révélé la puissance expressive. (Michel Brenet). | |