| Le Plain-chant (du latin planus cantus) est un chant simple, uni, majestueux, qui est en usage dans toutes les églises d'Occident depuis St Grégoire le Grand ( chant Ambrosien, Grégorien). Les notes employées dans le Plain-Chant, appelé aussi chant romain et chant grégorien, sont au nombre de sept, que l'on désigne par les lettres A, B, C, D, E, F, G; elles servent de base chacune à une octave formée de cinq tons et de deux demi-tons. Chaque octave s'y divise en harmonique et en arithmétique, et y constitue deux modes ou tons, l'authentique ou principal, et le plagal ou inférieur. Les modes ou tons du chant ecclésiastique, qui étaient autrefois au nombre de douze, ont été réduits à huit, parce que le bémol accidentel employé dans les 1er, 2e, 5e et 6e tons les rendait semblables aux 9e, 10e, 11e et 12e. Le moine Alcuin, précepteur de Charlemagne, avait déjà adopté le système des huit tons, ainsi qu'il le déclare dans son Traité de musique. On peut même en faire remonter l'adoption à St Grégoire le Grand, qui, d'après la tradition, ajouta les quatre tons plagaux aux quatre tons authentiques. La notation du Plain-Chant est actuellement composée de gros points carrés et de points ayant la forme d'un losange. On se sert des clefs d'ut et de fa, et d'une portée de quatre lignes. On a donné le nom de Plain-Chant musical à des compositions sans goût qui ont été, introduites depuis la XVIIe siècle au milieu des chants grégoriens, et où la tonalité moderne, avec, ses tons majeurs et mineurs, ses modulations, sa phraséologie, ses cadences, a été substituée à la tonalité grave et unitonique des modes du Plain-Chant. "On peut dire, remarque J.-J. Rousseau, qu'il n'y a rien de plus ridicule et de plus plat que ces plains-chants accommodés à la moderne, prétintaillés des ornements de notre musique, et modulés sur les cordes de nos modes; comme si l'on pouvait jamais marier notre système harmonique avec celui des modes anciens, qui est établi sur des principes tout différents." Le plain-chant musical a eu pour premiers propagateurs, en France, Lulli, dont on chante dans le Midi une messe appelée la Baptiste, du prénom de son auteur; Dumont, l'auteur de la fameuse Messe royale; et surtout l'organiste Nivers. Vint ensuite L. Feillée, dont la Méthode de plain-chant musical a donné une vogue déplorable à des monstruosités. Le Plain-Chant musical a toujours du succès en Italie, et il a commencé plus tôt qu'en France; on l'y nomme canto fratto (chant brisé), pour le distinguer du canto ferme ou Plain-Chant proprement dit. Les livres de choeur des ordres religieux contiennent un grand nombre de ces conceptions bâtardes. Le Plain-Chant est la seule musique que l'Eglise ait adoptée par la voix de ses papes, de ses conciles et de ses évêques. Il a une allure grave, comme il convient aux pensées qu'il exprime, et un peu lente, afin que tous puissent suivre et réunir leurs voix; toujours calme, il ne réveille pas les sens, quoiqu'il se serve de leur concours. Il a des accents doux, suaves, onctueux; tristes, humbles, énergiques, pour exprimer tour à tour la prière, l'éspérance, l'amour, la compassion, la crainte et l'admiration. (F.C.).
| En bibliothèque - Jean Bona, De divina Psalmodia., Rome, 1653, in-8°; Cionacci, Dell' origine e progressi del canto ecclesiastico, 1655, in-8°; Dom Jumilhac, la Science et la Pratique du Plain-Chant, Paris, 1672, in-4°; Scheibel, Histoire de la musique d'église dans les temps anciens et modernes, en allemand, Breslau, 1738, in-8°; l'abbé Leboeuf, Traité historique et pratique sur le chant ecelésiastique, Paris, 1741, in-8°; Poisson, Traité théorique et pratique du Plain-Chant, Paris, 1750, in-8°; Gerbert, De cantu et musica sacra a prima Ecclesiae aetate usque ad praesens tempus, 1774, 2 vol. in-4°, et Scriptores ecclesiastici de musica sacra, 1784, 3 vol. in-4°; Lambillotte, De l'unité dans le chant liturgique, 1851; Jouve, Du chant liturgique, Avignon, 1854, in-8°; Félix Clément, Méthode complète de Plain-Chant, Paris, 1854, in-18; D'Ortigue, Dictionnaire du Plain-chant et de la musique d'église, 1854, 1 vol. gr. in-8°. | | |