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Cadence, n. f., du latin cadere = tomber. - Dans le chant liturgique, chute ou inflexion de la voix sur la finale du mode, marquant la terminaison de la pièce, ou sur une note d'attente, coïncidant avec une division métrique ou grammaticale du texte. | ||
Dans la musique moderne, la cadence est la formule amenant un repos définitif ou suspensif du sens tonal et harmonique de la phrase musicale. Le nom de clausula, qu'elle portait à l'origine et que principalement les théoriciens anglais et allemands lui ont longtemps conservé, exprimait sa fonction. A l'époque où le contrepoint vocal s'adaptait à la modalité ecclésiastique, la clausula vera aboutissait à la réunion des voix sur l'unisson ou l'octave. La partie supérieure devait arriver à la tonique par la note sensible ou par le second degré; le premier cas était dit clausula vera cantizans; dans le second cas, l'alto faisait entendre la note sensible. Michel de Menehou (1558) enseigne à faire les cadences à quatre voix en préparant l'arrêt final sur la tonique par la triade de la dominante, où la taille, dit-il, sera toujours à la quinte de la basse-contre, la haute-contre une quarte plus haut, et le dessus « à la tierce sus-double », et toutes finissant à l'octave l'une de l'autre, hormis la haute-contre, qui demeurera à la tierce de la taille, ou quinte susdouble de la basse. Mais cette formule n'est, dit Menehou, pas applicable à tous les modes, et il y joint La théorie des cadences. La cadence parfaite. La cadence à la dominante. La cadence rompue. C'est aussi le résultat de : La cadence évitée. La cadence plagale. Autres utilisations du mot. Applications pratiques. Après qu'au régime des barres de mesure se fut ajouté celui de la carrure mélodique, toute composition, à quelque genre qu'elle appartint, se trouva sectionnée en compartiments, symétriques, séparés et ressoudés par des formules de cadence. Avec une admirable richesse d'invention, les maîtres de l'époque classique surent en varier les aspects; mais, en des mains moins habiles, le procédé s'épuisa, et les romantiques commencèrent d'esquisser une réaction, affirmée par les modernes et qui est le corollaire de la tendance au chromatisme et aux mélanges de tonalités. On en peut suivre les progrès dans les seules partitions de Wagner, de Tannhäuser (1845) à Tristan et Isolde (1865), que l'on a appelé « l'opéra sans cadences », parce que la cadence parfaite n'y apparaît qu'à la fin de chaque acte, et que le repos de la voix sur la tonique, amené aussi fréquemment que l'exige la traduction des inflexions de la parole, n'entraîne pas l'obligation, pour les parties harmoniques, d'un arrêt collectif; au contraire, par l'emploi intensif des formes les plus variées de cadence évitées, suspendues, imparfaites, Wagner serre les mailles d'un développement symphonique ininterrompu qui ne peut recevoir qu'une fois sa conclusion définitive. C'est la raréfaction des cadences parfaites qui porte certains de leurs auditeurs à déclarer long et fatigant un discours musical, non pas, comme ils le disent, privé de points et de virgules, mais tout au plus d'alinéas. Le désir de rattacher plus étroitement la terminaison d'un morceau à son sens expressif porte volontiers les compositeurs modernes à conclure sur un accord suspensif ou imprévu, sans résolution régulière et qui laisse à dessein l'esprit dans l'incertitude et le doute. | ||
La cadence est l'un des noms donnés au trille par les auteurs français du XVIIe s. | ||
On appelle aussi cadence le passage de virtuosité introduit dans sa partie, avant la formule finale, par un chanteur ou un instrumentiste. Cette coutume apparaît dès le début du XVIIIe s. Elle était en pleine vogue, chez les chanteurs, au temps de Tosi (1723), qui en blâmait déjà, les excès. Dans chaque air, on ne plaçait pas moins de trois cadences, d'une étendue et d'une difficulté progressives, à la fin de la première partie, de la deuxième, et de la reprise, ou da capo : ici, dit plaisamment Tosi, « on met le feu à la girandole ». Agricola (1757) n'use pas de la même sévérité; pour lui, plus une cadence est inattendue, plus elle est belle; le chanteur doit l'exécuter tout d'une haleine et la terminer par un trille. Il semble que l'usage de la cadence, dans la musique instrumentale, ait suivi de très près et peut-être précédé son adoption dans la musique vocale. Torelli place dans un concerto (1705) une cadence écrite, à 2 violons, qu'il intitule Perfidia, et Vivaldi intercale un solo de 31 mesures en traits de vélocité, doubles cordes, arpèges, etc., dans un concerto destiné à l'église (1712). Bach, en adaptant au clavecin des concertos italiens (1715), consacra le principe de l'introduction de cadences improvisées, et marqua leur place par les mots Cadenza all' arbitrio. Mozart a rédigé quelques-unes des cadences de ses Concertos de piano. Beethoven, qui était un improvisateur merveilleux, n'a pas pris le même soin. Des cadences et des « points d'orgue » pour ses concertos ont été publiés par Moschelès, Reinecke, Dupont, Rubinstein, Saint-Saëns, etc. Le principe de la composition d'une cadence, écrite réside dans le traitement en style « difficile » d'un thème tiré de l'oeuvre et enveloppé de dessins propres à faire briller le talent de l'exécutant; la « rentrée » s'opère sur un trille ou une série de trilles marqués à cet effet par l'auteur du concerto. La longueur indiscrète des cadences a été une cause efficiente de la lassitude témoignée à partir de la fin du XIXe s. par une partie du public à l'égard de la forme concerto. | ||
On nomme encore cadence l'appui sur les sons qui coïncident avec le temps fort. Chanter, jouer, marcher en cadence, signifie se conformer exactement à un rythme symétrique. (Michel Brenet). |
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