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L'extérieur du palais des Doges |
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Le palais des Doges est considéré comme le monument historique le plus insigne de la Venise et surpasse en beauté n'importe quelle demeure royale du monde entier. Il occupe entièrement le côté est de la Piazzetta sur une façade de 75 mètres de longueur. Une de ses autres façades grandioses de 71 mètres qu'on veut faire remonter à l'année 1312, regarde le Môle; la troisième façade en style lombard, d'un aspect moins grandiose que les autres, se projette sur le petit canal en dessous du ponte della Paglia qui forme l'angle sud-est du palais. C'est dans ce superbe et incomparable édifice que se déroula toute la vie politique de la République de Venise pendant mille ans. On fait remonter son origine à l'époque du doge Angelo ou Agnello Partecipazio (810) c'est-à-dire quand le siège du gouvernement fut transféré de Malamocco à Rialto; mais la première construction en fut détruite à la suite d'un incendie provoqué en 976 par le peuple révolté contre le doge Pietro Candiano IV. Quelques restes de ce premier édifice se voient encore dans l'angle de la basilique Saint-Marc vers la porte de la Charte, c'est-à-dire là ou s'appuie le groupe des guerriers en porphyre (Tétrarques). Le palais des Doges, à Venise, depuis le bassin de Saint-Marc. A gauche les colonnes de la Piazzetta, à droite les Prisons Nouvelles. Le palais reconstruit en 998 par Pierre Orseolo I, succédé à Candiano IV, fut nouvellement détruit par un incendie et ensuite réédifié pour la troisième fois, sous le doge Ordelafo Faliero après 1105; successivement il fut amplifié par l'autre L'inauguration de la salle eut lieu le 30 Juillet 1419. A cause des embarras financiers de la République et à cause des guerres soutenues continuellement, on jugea opportun de renvoyer pour un certain temps tout travail d'embellissement ou d'agrandissement du palais des Doges, mais en 1424, grâce au doge F. Foscari, on reprit les travaux pour achever la façade vers la Piazzetta; ils furent confiés à Giovanni Buon et à ses deux fils Pantaleone et Bartolomeo. Le style gothique prédomine et se manifeste dans les deux façades, à savoir celle qu'on vient d'indiquer vers la Piazzetta et l'autre qui donne sur le Quai. Les arcs du portique ou de la galerie inférieure, courant le long des deux côtes de l'édifice, sont soutenus par 36 colonnes basses, lourdes et sans base, ornées d'hommes, d'animaux et d'inscriptions latines peu compréhensibles. Sur la treizième colonne du côté de la Piazzetta sont représentées les différentes phases de la vie humaine. Les arcs du portique supérieur étant doubles, ils sont soutenus par 72 colonnes et constituent la partie la plus belle du palais des Doges. Du haut de cette galerie, et précisément dans l'espace entre les deux colonnes rouges (la 9e et la 10e) du côté de la Piazzetta, on proclamait au temps de la République les sentences de mort; du même endroit Daniele Manin harangua pour la dernière fois les Vénitiens en 1849. Détail de la façade occidentale du Palais des Doges, avec ses deux colonnes rouges. Les magnifiques grandes fenêtres centrales des deux façades ornées de colonnes, statues et figures symboliques, donnent de l'éclat et de la grandeur à la construction. On soutient que celle de la façade vers le quai a été exécutée par Massegne en 1404 sur l'ordre du doge Steno; et dans la même on a placé le Lion ailé de Saint Marc, oeuvre de Jérôme Bortotti. L'autre grande fenêtre du côté de la Piazzetta a été exécutée, dit-on, par Sansovino sous le doge Andrea Gritti (1523-1538); on y voit un bas-relief représentant le doge même agenouillé devant le Lion de Saint Marc, oeuvre moderne d'Urbain Botasso sculpteur et Joseph Torres architecte (1897). Dans cette même façade et dans le vide entre le 12e et le 13e cintre de l'arcade supérieure, on admire un bas-relief symbolisant Venise, Reine de la mer. Il est là pour indiquer à quel point était arrivé la construction de la façade en 1340. Mais ce qui éveille la plus grande admiration c'est l'angle des deux façades entre la Piazzetta et le Quai, angle qui s'appuie entièrement sur la colonne de l'étage inférieur et sur qui se concentre la solidité de l'édifice entier. Ce pilier fut hardiment refait par l'architecte Hannibal Forcellini à l'occasion des restaurations exécutées au palais entre 1873 et 1889 en ajoutant des poteaux pour soutien. L'ivresse de Noé, à l'angle Sud-Est du palais des Doges. Dans les trois angles de l'imposante construction, corrélativement aux chapiteaux de l'arcade inférieure, s'appuient autant de groupes de statues. Le groupe d'angle vers la basilique représente le jugement de Salomon; l'autre au centre, le premier péché; et celui d'angle, vers le pont de la Paglia, Noé ivre. Dans les chapiteaux respectifs de l'arcade supérieure, il y a les statues des trois archanges Gabriel, Michel et Raphaël. La porte de la Charte et la cour. La porte de la Charte. Au-dessus de l'ouverture on voit le bas-relief représentant le doge Francesco Foscari agenouillé devant le Lion de Saint Marc, oeuvre moderne de Louis Ferrari faite pour substituer l'original qui fut détruit par la révolution démocratique de 1797. Plus haut s'ouvre une ample fenêtre à trois ogives artistement ornée et munie d'une riche flèche surmontée de la statue de la justice. La porte est aussi décorée de différentes sculptures où l'on remarque en bas les statues symboliques de la Tempérance et de la Force; en haut celles de la Charité et de la Prudence. Très beaux les putti s'ébattant dans la bordure gothique de la frise. la façade de l'Horloge. Au premier plan, margelles de puits en bronze; à droite, l'escalier des Géants; au fond, les dômes de la basilique Saint-Marc. © Photos : Serge Jodra, 2012. La façade dite de l'horloge est due à Bartolomeo Manopola et fut achevée vers 1618. Elle est riche de six statues romaines, dont la signification reste toutefois douteuse. La petite et élégante façade du côté de Saint Marc, dite des Sénateurs, fut commencée par Antonio Bregno (Rizzo) après 1483, en même temps que la grande façade orientale, et fut achevée par Bergamasco en 1545, Rizzo ayant dû fuir de Venise en 1499 parce qu'il était accusé de détournements. Le même Lombardo poursuivit les travaux de ladite grande aile orientale jusqu'à la hauteur de la Scala d'oro, qui du portique du premier étage conduit aux salles supérieures; ensuite les travaux furent arrêtés et interrompus pendant près de 40 ans. Enfin ils furent repris et achevés par Antonio Scarpagnino, pendant la période comprise entre 1546 et 1550. L'arcade qui donne sur l'Escalier des Géants (Scala dei Giganti) fut exécutée par les frères Buon et complétée par Rizzo avec les admirables statues d'Adam et d'Eve, statues classées parmi les plus insignes chefs-d'oeuvre de l'école vénitienne. A côté de ladite arcade, se trouve la statue de François Marie I della Rovere, duc d'Urbino, capitaine général de la République mort en 1538, oeuvre du sculpteur florentin Giovanni Bandini donnée à la ville par son neveu le Général François Marie II en 1623. L'escalier des Géants avec Mars et Neptune, dans la cour palais des Doges. Photo : © Angel Latorre Le grandiose escalier dit des Géants, qui doit son nom au deux statues colossales qui l'embellissent, fut exécuté par Rizzo et par Lombardo et est enrichi de bas-reliefs décoratifs d'une extrême finesse aux parapets et d'incrustations en plomb gracieuses et variées sur les petites façades des degrés. Les deux avant-corps, également sculptés avec un art admirable, où il était d'usage de couronner les doges, rehaussent le grandiose de son plan. Il persiste encore aujourd'hui une croyance dénuée de fondement, surtout de la part des guides, d'indiquer ledit endroit comme le point où fut justicié le doge Marin Faliero, tandis qu'il n'y a nul doute que le grand escalier fut construit plus d'un siècle après la mort de Faliero en 1355. Les deux statues colossales déjà mentionnées, représentant Mars et Neptune, symbolisent la puissance de Venise par terre et par mer. Elles furent exécutées par Sansovino et mises à cette place en 1566. Au centre de la cour, on admire deux très belles margelles de puits en bronze, dont l'une, c'est-à-dire celle le plus proche de la porte de la Charte, est d'Alfonso Alberghethi fondeur de Ferrare et remonte à 1559; l'autre est du vénitien Nicolo De Conti datée de 1556. A l'intérieur il y a des gravures. Sous le portique inférieur, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur, on voit murées des inscriptions lapidaires infamantes, que la République faisait poser pour l'opprobre éternel de ceux qu'elle rendait coupables de graves crimes d'ordre public, et spécialement de détournements des fonds publics. Dans lesdits portiques on aperçoit, pareillement scellés, des troncs de délation (bocche di denunzia), qui aux temps de la République étaient destinés à accueillir les dénonciations écrites, déposées par les délateurs, pour dénoncer les personnes coupables de délits ou d'infractions aux lois. (A. Scrocchi). La Bocca di Leon : une ancienne "boîte aux lettres" à l'usage des délateurs. Photo : © Angel Latorre. |
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