| Spire (Speyer, en allemand) est une ville d'Allemagne (Rhénanie-Palatinat), ancien chef-lieu du cercle du Palatinat bavarois, ancienne ville libre d'Empire, située sur la rive-gauche du Rhin, au confuent du Speierbach, point de jonction des lignes Schifferstadt-Gemersheim et Spire-Heidelberg, à 105 m d'altitude; 51000 habitants (2009). Les rues sont larges, mais irrégulières, et malgré son ancienneté, elle ne possède que peu de monuments anciens; le plus remarquable est la cathédrale qui date de Conrad Il (commencée en 1030, elle a été achevée en 1061, sous son petit-fils Henri IV qui y ajouta la chapelle de Saint-Afre); d'architecture romane, elle est bâtie en grès; de dimensions colossales, sa longueur est de 147 m, la largeur du transept de 60 m environ; elle a quatre tours (73 m de haut) et deux coupoles; trois grands portiques mènent au vestibule; dans le choeur se trouvent les tombeaux de huit empereurs d'Allemagne (Conrad Il, Henri III, IV et X, Philippe de Souabe, Rodolphe de Habsbourg, Adolphe de Nassau et Albert Ier) et les tombeaux de Bertha, épouse de Henri IV, de Béatrix, seconde femme de Frédéric Ier, et de la fille de celle-ci. De magnifiques fresques de Schraudolph (exécutées de 1845 à 1854) ornent l'intérieur; dans le vestibule, les huit statues des empereurs (la plupart de Fernkorn) dont l'église contient les tombeaux; la crypte est supportée par des piliers massifs. Autour de la cathédrale l'ancien musée d'antiquités romaines, l'Oelberg, tour dont les substructions datent des Romains, etc. La cathédrale a souffert des incendies de 1159 et de 1289 et surtout de celui du 6 mai 1540, après lequel elle fut restaurée; elle a été dévastée complètement par les Français, le 31 mai 1689, qui détruisirent trois tours et jetèrent au vent les ossements des empereurs. Ce ne fut que de 1772 à 1784 qu'eut lieu la reconstruction; mais en 1794, les Français la dévastèrent de nouveau et en firent un magasin à foin; le roi Maximilien Ier, la rétablit et elle fut inaugurée le 19 mai 1822; les tours occidentales et la façade furent aussi reconstruites plus tard. On trouve encore à Spire la curieuse vieille tour d'Altpoertel (Alta porta; 1246), les restes d'anciens bains juifs, et du Retscher, le vieux palais épiscopal (détruit en 1689); l'ancienne maison des marchands a été restaurée. Spire est l'ancien Noviomagus romain, la ville des Némétes; elle prit au VIIe siècle le nom de Spira. En l'an 30 av. J.-C., la ville fut prise et fortifiée par les Romains. Détruite à différentes reprises par les Alamans à la fin du IIIe et au début du IVe siècle, restaurée par les empereurs Constantin et Julien, elle eut beaucoup à souffrir au Ve siècle des Vandales et des Huns. Au VIe siècle, les Francs s'emparèrent de la ville; à côté du maire épiscopal un burgrave royal y siégea jusqu'en 1146 : de cette époque au XIIIe siècle, l'évêque exerça l'autorité, qui fut ensuite longuement contestée entre la ville et lui. En 1294, elle reçut sa franchise municipale et devint ville libre; au XIVe siècle, elle n'avait encore que 30.000 habitants De 1513 à 1689, Spire fut le siège de la Chambre impériale et acquit une grande importance à ce titre; la Réforme y pénétra en 1525, et c'est là qu'en 1529 les luthériens prirent le nom de protestants; parmi les vingt-neuf diètes qui s'assemblèrent à Spire, les deux plus importantes furent celles de 1526 et de 1529; des congrès de villes s'y tinrent en 1346 et 1381. Par le traité de Spire (1544), la maison des Habsbourg renonça à la couronne de Danemark-Norvège. Pendant la guerre de Trente Ans, la ville fut prise successivement par les Suédois, les Impériaux et les Français, de 1632 à 1635; elle capitula en 1688 de nouveau devant les Français qui la ravagèrent cependant en 1689, la démantelèrent et la brûlèrent en partie. En octobre 1793, elle fut encore prise par les Français que commandait Custine et brûlée. De 1801 à 1814, Spire fut le chef-lieu du département français de Mont-Tonnerre. En 1845, elle fut donnée à la Bavière. (A.-M.. B.). | |