| Thermes de Rome. - De ces établissements importants dans toute l'Antiquité romaine, il ne reste à Rome que quelques exemples : les restes des Bains de Dioclétien, convertis en couvent, près des monts Viminal et Quirinal; les restes des bains de Caracalla; les bains de Titus. Les premiers bains publics à Rome eurent certainement le même caractère de simplicité que les bains, privés, et, comme ceux-ci, changèrent entièrement avec le temps. On payait une très faible somme, un quadrant ou quart d'as pour y entrer, et ce fut souvent une libéralité des candidats heureux et surtout des empereurs d'accorder au peuple une journée d'entrée gratuite dans les bains. Auguste fit durer cette faveur une année entière. De là à offrir au peuple des établissements somptueux et gratuits, il n'y avait qu'un pas, et il fut bientôt franchi. Bien entendu, à l'origine, les deux sexes ne se mêlaient jamais les règlements étaient même si sévères qu'il était interdit au fils pubère de se baigner en même temps que son père. On se départit aussi de cette réserve, et bien qu'il y eut en maints endroits des bains doubles dont un côté était destiné aux hommes et l'autre aux femmes, la licence des moeurs entraîna l'usage des bains mixtes. Les ordonnances de plusieurs empereurs tentèrent vainement d'extirper cette pratique qui durait encore au temps de Constantin. Sous l'Empire, il existait à Rome plusieurs centaines d'établissements de bains publics, et il n'était guère de village de quelque importance qui n'en possédât au moins un. Il était naturel qu'un besoin et un usage si répandus donnassent lieu dans une ville comme Rome à un genre de construction où l'art s'unit à l'utilité. Ce sont ces grands établissements publics, souvent bâtis par les empereurs et offerts en don à la population, qui ont pris proprement le nom de thermes, à cause de la place considérable que les bains chauds y occupent. Les ruines subsistantes de ces monuments s'accordent assez entre elles et avec les préceptes de Vitruve pour que l'on puisse affirmer que les thermes furent tous bâtis suivant des principes absolument uniformes et sur des plans presque semblables. Il est clair que ces principes dérivent du gymnase grec, avec cette différence que le bain occupe la place prépondérante, tandis que les autres services, bien que fort développés, apparaissent cependant comme l'accessoire. Il est à remarquer d'ailleurs qu'à Rome, tant que les exercices physiques furent en honneur, beaucoup de personnes allaient s'exercer au Champ de Mars l'après-midi et ne se rendaient aux bains que plus tard : les services accessoires sont loin pourtant d'être négligés. On trouve dans les thermes des exèdres où déclament et enseignent rhéteurs, poètes et philosophes; des stades pour les courses, des galeries pour la promenade et la conversation, des salles pour le jeu de la balle et d'autres exercices, des salles de lecture. Les plus vastes renferment même des jardins où l'on peut se livrer à la marche en plein air. Tous les arts rivalisent pour embellir ces palais populaires. Leurs ruines offrent encore aujourd'hui la mosaïque à profusion. Les murs étaient ornés de tableaux. Beaucoup des statues les plus fameuses qui sont la gloire de nos musées ont été trouvées dans des thermes, en particulier dans ceux de Caracalla. Les baignoires, même de dimensions colossales, étaient souvent de véritables oeuvres d'art. Les colonnes étaient faites des marbres les plus rares, les voûtes ornées de caissons. Les petits thermes de Pompéi avec l'élégant motif des niches du tepidarium, supportées chacune par une caryatide, montrent jusqu'où pouvaient être portés les raffinements de la décoration dans des établissements plus luxueux encore. Le Panthéon, l'un des plus admirables monuments que l'antiquité romaine nous ait transmis, n'était à l'origine que le vestibule des thermes construits par Agrippa. Les thermes de Titus, de Dioclétien, de Caracalla ont laissé des ruines qui frappent l'imagination de stupeur par leurs dimensions gigantesques. Si l'ornementation, à part quelques mosaïques, en a presque totalement disparu, de nombreux fragments permettent du moins de juger de ce qu'ils furent au point de vue de la décoration architecturale. L'élément le plus curieusement développé dans les thermes est la voûte, et c'est là que l'art chrétien trouva tout formé le modèle de ses églises à coupole. Nous ne pouvons mieux terminer cette étude qu'en donnant le plan et l'explication des thermes de Caracalla dont les ruines présentent un ensemble assez aisé encore à saisir, bien que les divergences d'opinions abondent pour l'attribution de chaque pièce en particulier. Plan des Thermes de Caracalla, à Rome. A. Rotonde voûtée, dans le genre du Panthéon d'Agrippa, servant d'entrée. B. Apodyterium. C. Ephebeum, où les jeunes gens se livraient à divers exercices. QQ. Salles destinées aux spectateurs et aux lutteurs. ZZZZ. Niches ou alcôves. D. Salle semblable à C, et où était le grand bassin de natation. ZZEE. Niches ou petites salles réservées aux spectateurs. F. Vestibules ou bibliothèques. GG. Chambres où se préparaient les lutteurs. HH, péristyles avec bassins de natation, etc. L Salles d'exercices. Y. Conisteria, salle où l'on se roulait dans le sable. MNOP. Laconicum, frigidarium, tepidarum, caldarium. R. Salles de conversation. Ce bâtiment était environné d'un vaste jardin entouré lui-même sur les quatre côtés par des bâtiments comprenant des cabines de bains, des portiques, un stade, des palestres, des salles qui pouvaient servir aux lectures publiques, à l'enseignement des philosophes. (André Baudrillart). | |