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Les Catacombes de Rome

Les catacombes, disséminées partout aux abords de Rome, forment un ensemble de souterrains distincts au nombre d'une soixantaine, et se composent d'un enchevêtrement de galeries à voûtes plates, légèrement cintrées ou taillées en toit. Généralement basses et très étroites (0, 55 m à 0,80 m), elles s'élargissent par endroits et deviennent d'assez vastes vestibules (ambulacres) ou des chambres (cubiculi), sépultures de famille, chapelles, lieux de réunion. On compte parfois, comme au cimetière de Callixte, jusqu'à cinq étages de galeries communiquant par des pentes ou des escaliers
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Rome : catacombes.
Les catacombes Saint-Calixte, à Rome.
(Félix Benoist, 1870).

L'ensemble des galeries connues atteindrait 900 kilomètres de longueur. Les plus basses parviennent à 22 mètres de profondeur. Pour éviter la rencontre des couches d'eau, elles étaient toujours creusées dans des terrains élevés. Les tombes, en forme de niches (loculi) superposées, s'ouvraient le long des parois. Elles étaient ensuite murées. Le sarcophage n'existe que pour les tombes riches ou illustres. Une sépulture intermédiaire se compose d'un loculus surmonté d'un cintre (arcosolium) disposé de telle sorte que la tombe s'ouvre non plus sur le côté, mais par le haut. Des puits apportaient de place en place un peu d'air et de lumière. 

Les catacombes, sauf un très petit nombre d'exceptions, ont été creusées exprès pour servir de cimetières, et il faut absolument renoncer à l'ancienne opinion d'après laquelle les chrétiens, lors qu'il s'y réfugièrent pour échapper aux persécutions des empereurs ou des envahisseurs germaniques, auraient fait usage de carrières abandonnées. On ne commença à les dégager et à les explorer qu'au XVIe siècle. Les plus intéressantes à visiter sont les Catacombes de Saint Sébastien, de Saint Calixte et de Sainte Agnès-hors-les-Murs

On peut classer les catacombes romaines en deux grandes divisions, dont la première comprend ce qu'on appelle proprement la Rome souterraine, c.-à-d. les catacombes qui, sur les voies romaines, ne dépassent pas le troisième mille; la seconde comprend les cimetières suburbicaires qui s'étendent, sur les voies romaines, au delà du troisième mille. En voici, d'après le travail de Kraus, l'énumération aussi complète que possible, des cimetières les plus importants. Les catacombes sont classées ici selon le mode le plus ordinaire, celui de leur groupement sur chacune des voies consulaires antiques.
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Catacombes romaines
(Rome souterraine)

1° Sur la Via Appia.
1. Cimetière de Saint-Calixte, formé à l'origine par la crypte de Lucine (Pomponia Graecina, v. 58), et par la crypte de Sainte-Cécile (fin du IIe siècle). Il devint cimetière de l'Eglise dès les premières années du IIIe siècle, époque où le prêtre Calixte, ensuite pape, l'administrait. Il s'agrandit considérablement au début du IVe siècle, vers le moment de la paix de l'Eglise. Il engloba alors le cimetière de Sainte-Balbine, celui de Sainte-Sotère, les arénaires de Saint- Hippolyte, et diverses régions anonymes. Il avait pour centre la crypte des Papes (découverte en 1851 par de Rossi), tombeau officiel des papes du IIIe siècle, dont les épitaphes sont encore en grande partie conservées, avec une célèbre inscription du pape Damase. Un passage étroit relie cette crypte à celle de Sainte-Cécile, d'où le corps de la sainte fut enlevé en 847 par Pascal ler, et transporté à l'église du Transtévère. A une des extrémités de la catacombe est la crypte du pape Corneille; moins éloignée, celle d'Eusèbe, où l'on a trouvé les fragments de la plus curieuse des inscriptions damasiennes. Le cimetière de Calixte est riche en peintures des IIIe et IVe siècles (notamment la crypte de Lucine, les chambres dites des Sacrements). Il est complètement étudié, et toutes ses peintures sont reproduites dans les trois premiers volumes (surtout le second) de la Roma sotterranea de Rossi. 2. C. de Sainte-Balbine. 3. C. de Prétextat, avec les caveaux des saints Januarius, Urbanus, Felicissimus, Quirinus, Tiburtius, Valerianus et Maximus. Malgré les ravages qu'a subis ce cimetière, on y remarque encore les restes d'une belle décoration (ornements de terre cuite, colonnes de porphyre, charmantes peintures représentant les Saisons). ll n'a pas 4. C. de Saint-Sébastien. (ad catacumbas), avec les deux cubicula où, selon la tradition, furent conservés quelque temps les corps des apôtres Pierre et Paul.

2° Sur la Via Ardeatina. - 5. C. de Domitille (dit aussi de Sainte-Pétronille ou des Saints-Nérée-et-Achillée), près de Tor Marancia, c'est la plus imposante des catacombes, avec celle de Priscille, pour l'Antiquité des inscriptions et des peintures. Elle communique avec une basilique construite en 395, dont les ruines ont été admirablement explorées en 1874 par de Rossi. Peintures célèbres dans l'ambulacre et plusieurs cryptes du IIe siècle. 6. C. des Saints-Marcus-et-Marcellianus. 7. C. de la Nunziatella.

3° Sur la Via Ostiensis. - 8. C. de Comodilla (Felicis et Adaucti), au deuxième mille. 9. C. Pauli apostoli in praedio Lucinae, derrière l'abside de Saint-Paul-hors-les-Murs. 10. C. Zenonis ad. s. Anastasiam ad Aquas Salvicas, près des Trois-Fontaines. 11. C. al ponticello di S. Paolo. 12. C. de Saint-Cyriaque. 13. Caveau de Sainte-Thècle, annexe de Saint-Paul.

4° Sur la Via Portuensis. - 14. C. de Pontien, ad Ursum piteatum.15. C. s. Felicis s. ad insalsatos. 16. C. du pape Saint-Jules. 17. C. de Generosa, ad Sextum Philippi, étudié par De Rossi (Roma sott., III, 648-697).

5° Sur la Via Aurelia. - 18. C. de Saint-Pancrace. 19. C. de Calépode, tous deux près de la villa Doria Pamfili. 20. C. de Lurine. 21. C. du pape Félix.

6° Sur la Via Cornelia. - 22. Le tombeau des papes, au dessous du Vatican. C'est de là que provient le sarcophage de Livia Primitiva (musée du Louvre). 23. C. ad Nymphas Catabassi.

7° Sur la Via Flaminia. - 24. C. de Saint-Valentin et du pape Jules, dont l'entrée est dans une cave, sur la route de Ponte-Molle. Peintures : un Crucifiement (V. Marucchi, la Cripta sep. di. S. Valentino (Rome, 1878). 25. C. passata Prima Porta.

8° Sur la Via Salaria Vetus. -26. C. de la Vigna Galli. 27. C. ad clivum Cucumeris. 28. C. de Saint-Hermès (Basillae, Proti et Hyacinthi), où le P. Marchi découvrit en 1845 le tombeau des martyrs Protus et Hvacinthus.

9° Sur la Via Salaria Nova. - 29. C. de Saint-Pamphile. 30. C. Maximi ad S. Felicitatem, où reposèrent les corps de sainte Félicité et de son plus jeune fils Silanus. Cimetière important, à demi détruit par les constructions de la Rome moderne. De Rossi y a découvert, en 1884, la crypte de Silanus. 31. C. septemt virginum in horto Hilariae. 32. C. Jordanorum, où reposèrent les corps des trois fils de sainte Félicité.  33. C. de Thrason et Saturnin qui renferme de belles peintures, des verres coloriés, etc. 34. C. Navette. 35. C. de Sainte-Priscille, qui renferme d'admirables fresques et les plus importantes inscriptions. Plusieurs papes (Marcellinus et 

Marcellus, Silvester, Siricius et Cœstinus) y furent enterrés.

10° Sur la Via Nomentana. - 36. C. Ostrianum (c. majus, ad Nymphas, Petri, Fontis S. Petri), où l'on conserve une chaire de saint Pierre.  37. C. de Sainte-Agnès, qui communique avec le précédent. 38. C. de Saint Nicomède dans la villa Patrizi, tombeau de sainte Felicola, soeur de sainte Pétronille.

11° Sur la Via Tiburtina. - 39. C. de Saint-Flippolyte, décrit par Prudence. On y a trouvé, en 1551, la statue de marbre, très mutilée, du saint (musée de Latran). 40. C. de Cyriaque ou de Saint-Laurent, où fut enseveli le diacre Laurent, dans le domaine de la matrone Cyriaca. On y a trouvé de beaux sarcophages.

12° Sur la Via Labicana. -  41. C. Castuli, où fut enterré le martyr Castulus, intendant de Dioclétien. 42. C. des Saints-Pierre-et-Marcellin, ad duos laueras (Gorgonii, Tiburtii, Helenae), à trois milles de la porte Labicane. Le tombeau de sainte Hélène, mère de Constantin le Grand, en fait partie. Nombreuses peintures (agapes).  43. C. Quattuor coronatorum. 13° Sur la Via Latina. 44. C. Aproniani. 45. C. Cordiani et Epimachi. 46. C. Simplicii et Serviliani. 47. C. Quarti et Quinti. 48. C. Tertulliani. 

Catacombes juives. - On en connaît quatre : celles de la Via Portuensis au pied du Colle Rosato; celles de Porto; celles de la Vigna Cimarra sur la Via Appia; enfin celles de la Vigna Randanini, les plus célèbres, sur la via Appia.

Catacombes hérétiques. -  Elles comprennent : le tombeau de Primigenius et de Primigenia sur la Via Praenestina; une sépulture sabellienne à Tor Marancia; une sépulture gnostique sur la Via Latina; enfin le cimetière syncrétique de Prétextat, dont les peintures ont soulevé au XIXe siècle de nombreuses polémiques (V. Garrucci, les Mystères du Syncrétisme phrygien; Paris, 1854).

Catacombes suburbicaires

1 ° Sur la via Ostensis, au 7° mille, hypogée (?) de Saint-Cyriaque avec ruines d'une chapelle; au 10e mille, sépulture de Sainte Prisca (de Tatiana et de Marlina). Ostie même fut un centre religieux important, et possède de nombreux martyrs; on y a trouvé des fragments d'inscriptions chrétiennes d'une haute antiquité.

2° Sur la Via Ardeatina, au 7e mille, C. de Felicola, et plusieurs hypogées, particulièrement celui de Saint-Proculus au 19° mille.

3° Sur la Via Appia, au 5e mille, petite sépulture chrétienne; intéressant cimetière d'Albano, avec peintures des Ve et IXe siècles. Nombreux restes chrétiens aux environs de Marino, Grotta Ferrata, Tusculum.

4° Sur la Via Latina, sépultures aux 4° et 5° milles; au 30°, C. Hilarii.

5° Sur la Via Labicana, au 10° mille, C. S. Zotici; au 14°, C. S. Hyacinthi.

6° Sur la Via Praenestina, au 12e mille, C. S. Primitivi; au 25° mille, C. S. Agapiti.

7° Sur la Via Tiburtina, au 9° mille, sépulture des sept fils de Symphorose.

8° Sur la Via Nomentana, au 7° mille, l'intéressant C. de Saint-Alexandre, tombeau du pape Alexandre Ier, avec une basilique; au 15° mille, C. de Primus et Felicianus.

9° Sur la Via Salaria, au 24° mille, C. de saint Antisnus; au 30°, C. des martyrs Tiburtius, Hyacinthus et Alexander; sur la route d'Interamna, à 30 milles de Rome, C. de saint Getulius.

10° Sur la Via Flaminia, C. au 13° et au 20° mille (territoire de Capena); au 28° mille (t. de Rignano), C. des martyrs Abundius, Abundantius, Marcianus et Johannes.

11° Sur la Via Claudia, au 18e mille, C. de Marcianus, Macarius et Stratoclius; sur la Via Cassia, au 20° mille, C. de l'évêque Alexandre; sur la Via Triumphalis , au 6° mille, C. des martyrs Eusebius, Vincentius, Peregrinus et Pontianus (?).

12° Sur la Via Aurelia, au 12e mille, C. de Basilides; au 10° mille, C. des martyres Rufina et Secunda.

13° Sur la Via Portuensis, au 6° mille, basilique damasienne et C. des saints Simplicius, Faustinus et Beatrix. Près de Porto, C. de sainte Bonosa. Porto et l'île de Porto sont très riches en inscriptions chrétiennes, sarcophages, etc. 

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Dictionnaire Villes et monuments
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