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Rochechouart

Rochechouart  (Rupes ou Rocca Cavardi) est une ville de France, dans le département de la Haute-Vienne, sur le ruisseau de Graine (affluent gauche de la Vienne). Eglise paroissiale Saint-Sauveur en partie du XIe siècle, avec clocher du XIIIe et flèche moderne en spirale; autre église paroissiale Saint-Julien de Biennac (ancienne église matrice), XIIe siècle. Hôpital fondé au XIIIe siècle, mais qui a subi quelques éclipses. Fontaine publique dite la Font-bouillant, érigée en 1539. Le château (mon. hist.) est du XVe siècle, sauf la tour du pont-levis qui remonte au XIIIe.

Rochechouart s'est bâti autour de son château, mentionné pour la première fois au XIe siècle; ce ne fut longtemps qu'un bourg féodal, compris tout entier dans la paroisse de Biennac. En 1296, les habitants obtinrent du vicomte une charte d'affranchissement, point de départ d'une organisation consulaire que l'on ne saisit pleinement qu'au XVe siècle. Au commencement du XVIIIe, Rochechouart reçut du roi un maire perpétuel, et en 1769 des échevins remplacèrent les consuls. L'existence de cette commune ne paraît pas avoir jamais été traversée par de grands événements, à moins de faire état des deux sièges qu'elle eut à soutenir contre les Anglais en 1369 et 1371, et des troubles de la Réforme.

Vers 1049, des moines bénédictins de l'abbaye de Charroux étaient venus fonder à Rochechouart un monastère qu'ils placèrent sous l'invocation du Sauveur et qui subsista jusqu'au milieu du XVIe siècle, concurremment avec celui du Châtenet institué pour veiller sur le tombeau des vicomtes. De 1295 à 1481, les moines de Saint-Sauveur remplirent, au profit des habitants du bourg, les fonctions curiales à titre d'auxiliaires du curé de Biennac. Après 1481, Rochechouart redevint une annexe de la cure de Biennac jusqu'en 1770, où une ordonnance épiscopale établit la paroisse de Saint-Sauveur. Les deux paroisses, dont la Révolution avait fait deux communes, sont redevenues depuis 1806 membres d'une seule et même commune. 

Compris à l'origine dans le pagus Lemovicinus, Rochechouart et sa vicomté passèrent, dans le courant du XIIIe siècle, au Poitou et formèrent depuis lors l'une des trois grandes enclaves poitevines du diocèse de Limoges. Au point de vue judiciaire, la vicomté ressortissait à la sénéchaussée de Montmorillon et au parlement de Paris; au point de vue administratif, à l'élection de Confolens (après 1744), et à la généralité de Poitiers. Rochechouart n'a jamais eu d'autres juridictions royales qu'une subdélégation de l'intendance et un bureau des traites qui, d'ailleurs, fut supprimé en 1723. Le pouvoir des seigneurs y était donc prépondérant. L'importance qu'avait déjà Saint-Junien comme siège de l'archiprêtré et d'un chapitre de chanoines, celle qu'il prit, au XVIIIesiècle, comme ville industrielle et centre de population avantageusement assis au bord de la Vienne, amena de bonne heure entre cette ville et Rochechouart une rivalité qui eut sous la Révolution des effets particuliers. Le chef-lieu du district fut placé à Saint-Junien, le tribunal à Rochechouart. C'est seulement sous le Consulat que Rochechouart est devenu à la fois siège du tribunal et chef-lieu de l'arrondissement.

La Réforme prit pied à Rochechouart vers 1558-1559 et y fit de rapides progrès, malgré l'opposition des seigneurs demeurés catholiques. En 1598, la vicomté comptait pour le moins 1500 protestants. Ils eurent des petites écoles et, durant quelques années, un collège classique. Ils réussirent même à conserver leurs pasteurs jusqu'à la Révocation, en dépit des attaques qu'ils eurent à subir sous Louis XIV. Dispersés par l'édit de 1685, ils se perpétuèrent secrètement en petit nombre jusque vers le milieu du XVIIIe siècle. Les vicomtes de Rochechouart passaient pour issus des vicomtes de Limoges à la fin du Xe siècle. Les onze premiers s'appelèrent Aymeric (Xe s. - 1306); leurs successeurs, sous d'autres noms, continuèrent la lignée directe jusqu'en 1472 ou 1473. Mais dès 1470, par le mariage de la fille unique du vicomte Foucaud, la vicomté était entrée dans la maison de Pontville et y est restée jusqu'à la Révolution. Le dernier des Pontville est mort en 1832. Les Mortemart représentent une branche cadette des premiers Rochechouart.

Rochechouart a vu naître : Simon de Cramaud, patriarche d'Alexandrie (mort vers 1429); David Chabodie, médecin du XVIe siècle, qui a écrit sur son art; le pasteur Daniel de Barthe, auteur de quelques écrits (mort en 1653); Alpinien Bourdeau, garde des sceaux (mort en 1845). (Alfred Leroux).

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Dictionnaire Villes et monuments
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