| Privas est une ville de France, dans le département de l'Ardèche, à 20 km du Rhône, au pied du cône volcanique du mont Toulon, qui se dresse dans une sorte de cirque adossé à la région montagneuse des Boutières. Population : 9200 habitants. Cette ville ne possède qu'assez peu de monuments remarquables. L'ancien hôtel des marquis de Gerlande est occupé par la préfecture. Le couvent des Récollets est devenu un établissement scolaire. Le palais de justice et, l'église sont de construction récente. On admire aux abords de la ville les deux magnifiques viaducs de Charalon et de Mezayon. Près de la ville sont aussi des mines de fer, reconnues vers 1837, mais qui n'ont été sérieusement exploitées qu'à partir de 1853. Le bassin de Privas formait jadis un lac dont les dépôts ont été presque entièrement détruits par les eaux qui ont creusé les vallées de l'Ouvèze, de Charalon et de Mezayon, mais dont on trouve encore quelques lambeaux dans les environs, à Rochessauve, Charay, Pourchères et Creysseilles. Les courbes liasiques sur lesquelles la ville est assise sont fort intéressantes pour l'étude des fossiles. Histoire. On a longtemps cru que Privas était le Privatum, où le pape Pascal II, venant de Cluny, signa, le 13 juillet 1107, une bulle adressée à l'archevêque de Narbonne, mais l'Académie de Clermont ayant publié depuis une autre pièce authentique indiquant la présence de ce même pape au Puy-en-Velay le lendemain 14 juillet, on en a conclu, non sans une grande apparence de raison, vu la distance et les difficultés du voyage entre ces deux villes, que Privatum était plutôt Brioude (Brivatum et même Privatum) que Privas. D'ailleurs, Privas ne pouvait être, au commencement du XIIe siècle, qu'une infime bourgade ou un pape et sa suite auraient pu difficilement se loger. Privas n'apparaît positivement dans l'histoire qu'à la fin du XIIe siècle parmi les possessions des Poitiers, comtes de Valentinois. Eu 1281, Aymar III de Poitiers octroya à ses sujets de Privas et Tournon-les-Privas une charte de libertés et franchises qui a été publiée pour la première fois dans le Bulletin du comité des travaux historiques et scientifiques (1893). Pendant les guerres civiles des XVIe et XVIIe siècles, Privas, qui, grâce aux profonds ravins creusés autour de lui par les rivières d'Ouvèze, Charalon et Mezayon, était une place d'une certaine importance, fut l'objet de vives compétitions. Ses habitants ayant dès 1562 embrassé le protestantisme, ce culte y prédomina exclusivement pendant soixante ans. En 1574, le duc de Montpensier, dauphin d'Auvergne, assiégea Privas, à la tête de l'armée royale, mais Saint-Romain, un ancien archevêque d'Aix-en-Provence devenu capitaine protestant, l'obligea à lever le siège. Le synode national des réformés, tenu à Privas en 1612, se signala par des résolutions qui préludaient aux graves événements dent ce pays fut peu après le théâtre. Les troubles commencèrent à la fin de 1619, à l'occasion du projet de mariage de la dame de Privas, Paule de Chamband, une veuve protestante, avec le vicomte de Lestrange, catholique. Les protestants, frémissant à l'idée d'avoir an seigneur catholique, voulurent obliger Paule à épouser son propre gendre, Joachim de Brison, devenu veuf récemment. Il fallut que Montmorency arrivât du fond du Languedoc pour les déterminer à se soumettre. Les troubles ne tardèrent pas à se renouveler. Après de sanglantes péripéties longuement racontées par Pierre Marcha, Louis XIII, accompagné du cardinal de Richelieu, se vit obligé de venir mettre le siège devant Privas. Cette ville fut prise le 28 mai 1629 et en partie détruite. Il fut défendu à ses habitants d'y rentrer. Toutefois ils commencèrent à trouver quelque tolérance après 1632, grâce au concours qu'ils avaient prêté aux troupes royales, contre leur seigneur, le vicomte de Lestrange, qui avait pris part à la révolta de Montmorency. Avant le XVIe siècle, Privas formait, avec Chalançon, l'une des dix baronnies de tour du Vivarais; c'était celle que possédaient les Poitiers. Après la mort de Diane de Poitiers, la baronnie fut divisée en deux parts, chacune n'ayant qu'un demi-tour, c.-à-d. que le seigneur de Privas, alternant avec celui de Chalançon, ne pouvait présider les États particuliers du Vivarais et assister aux États du Languedoc, qu'une fois tous les vingt ans. La part de Privas échut au duc d'Aumale, le mari d'une des filles de Diane, qui la revendit quelques années après à Jacques de Chambaud. Des héritiers de Chambaud, cette seigneurie passa plus tard aux ducs d'Uzès, barons de Crussol, et finalement aux marquis de Fay-Gerlande qui l'ont gardée jusqu'à la Révolution. Un drame domestique qui fit grand bruit, et que Mme de Sévigné mentionne dans plusieurs de ses lettres, jeta l'épouvante dans la ville de Privas le 3 octobre 1671. Henri de Senecterre, seigneur de la ville, fut assassiné en plein jour, sur la grande place, par des assassins qu'avait apostés sa propre mère, la fille de Paule de Chambaud, remariée au chancelier Maupeou. Ce crime donna lieu à un long procès, et les biens des Lestrange furent alloués à Anne de Longueval, la veuve de la victime. Privas devint chef-lieu de département en 1790, et s'est maintenu dans cette situation, bien qu'elle lui ait été vivement disputée à plusieurs reprises par Villeneuve-de-Berg (siège de l'ancienne sénéchaussée du Bas-Vivarais), par Tournon et par Viviers (siège de l'évêché). (A. Mazon). | |