| Poltava. - Ville d'Ukraine centrale, sur la rive droite de la Vorskla, affluent du Dniepr, à 1400 kilomètres au Sud de Saint-Pétersbourg, 900 kilomètres au Sud-Ouest de Moscou; 320 000 habitants. La ville, dont l'origine remonte au XIIe siècle, faisait partie autrefois (sous le nom de Ltava ou Ltau) de la Lituanie. Elle fut cédée à la Russie par le traité de Moscou (1686), en même temps que tout le restant de la Petite-Russie (Ukraine). Elle fut érigée en chef-lieu de gouvernement en 1802. Monument commémoratif de la célèbre bataille de Poltava à 5 km de la ville. La Bataille de Poltava. Cette, bataille est un des épisodes les plus glorieux du règne de Pierre le Grand et a servi, pendant longtemps, à la fois pour alimenter les légendes populaires et pour inspirer les poètes. Pouchkine consacra à cet événement un poème d'une large envergure guerrière. Voltaire, dans son Histoire de Charles Xll, décrit minutieusement les détails de ce combat mémorable où, pour la première fois, les Russes, considérés à cette époque comme un peuple semi-barbare, sortirent victorieux d'une lutte contre une formidable puissance européenne. La bataille près de Poltava, qui dut décider du sort des deux armées en présence, eut lieu le 8 juillet 1709. Grâce au chef cosaque Mazeppa qui aidait au ravitaillement de l'armée de Charles XII et lui amenait un certain nombre de combattants, celui-ci put disposer d'une armée de 30.000 hommes pour assiéger Poltava. La garnison russe ne comptait que 5000 hommes. Mais Pierre, à la tête d'une armée de 60.000 hommes, venait au secours de la ville assiégée. Charles XII, grièvement blessé à la jambe, voulait lui-même conduire la bataille. Mais ses troupes, épuisées par la fatigue et les privations, ne purent résister longtemps au choc d'une armée trois fois supérieure en nombre (deux tiers seulement de l'armée suédoise, soit environ 20.000 hommes étaient engagés dans la bataille); Charles, l'ataman des Cosaques, Mazeppa et un petit nombre de soldats parvinrent à se sauver en se réfugiant sur le territoire turc. Tout le gros de l'armée fut fait prisonnier par le souverain russe qui eut son casque traversé par une balle durant le combat. - La bataille de Poltava, le 8 juillet 1709. Tableau de Pierre-Denis Martin. Du côté des Russes, en dehors de l'empereur, les deux chefs qui s'étaient distingués dans cette bataille, étaient le maréchal Chérémétiev et le général Mentchikov. Ce dernier eut trois chevaux tués sous lui. Les Suédois étaient commandés par les généraux Rhensköld et Piper. On comptait, après la bataille, 1350 Russes tués ou disparus; l'armée suédoise perdit près de 10.000. hommes. Le même facteur qui devait intervenir cent ans plus tard, dans la guerre de 1812, et encore une fois pendant la Seconde Guerre mondiale, agit cette fois aussi sur les troupes du roi Charles. L'hiver avait été extrêmement rigoureux; des cadavres de soldats furent trouvés gisant par terre, leurs sabres congelés au corps. Le ravitaillement fut des plus difficiles; les hommes se nourrissaient de pain sec, noir et dur, qu'ils n'eurent même pas en quantité suffisante; il a fallu l'intrépidité et le prestige du plus grand capitaine de l'époque pour entraîner, dans ces conditions, une armée à sa suite. Ce fut le lendemain de cette mémorable bataille que Pierre le Grand, réunissant ses officiers dans un banquet, auquel furent invités également les généraux suédois faits prisonniers, leva le verre à l'honneur de ces derniers, en prononçant ces paroles qui caractérisent bien le personnage : « Je bois à la santé de nos maîtres en l'art de faire la guerre. » La victoire de Poltava eut le double résultat de faire entrer la puissance russe dans le concert européen et de lui permettre de s'emparer, au détriment de la Suède, de la côte nord de la Baltique. Un monument érigé sur un tertre dominant la ville (cimetière suédois) recouvre les restes des combattants des deux nations et rappellent aux Russes leur première victoire sur une puissance européenne. (P. Lemosof). | |