| Tour de Nesle. - Une des tournelles de l'ancienne enceinte de Paris, située sur la rive gauche de la Seine, en face de la tour du Louvre, à peu près à l'angle gauche du Palais de l'Institut; elle avait 15 mètres de haut et 10 mètres de diamètre; ronde, massive, fondée sur pilotis, elle était accolée à une tour plus petite renfermant un escalier à vis. Elle est citée en 1210 sous le nom de tornella Philippi Hamelini super Secanam. Un sire de Nesle bâtit au XIIIe siècle un hôtel à côté, et la tournelle fut annexée à l'hôtel. Callot, Perelle et Israël Silvestre (vers 1655) ont laissé on grand nombre de vues peintes ou gravées de ce monument, qui fut abattu en 1660. Philippe le Bel acquit en 1308 d'Amauri de Nesle l'hôtel avec la tournelle; Philippe V en fit don à sa femme Jeanne de Bourgogne (1319), qui ordonne par testament (1325) de le vendre au bénéfice du Collège de Bourgogne qu'elle avait fondé en l'Université de Paris. - La Tour de Nesle, d'après une gravure d'Israël Silvestre. D'après une tradition répandue dès le XVe siècle, embellie et popularisée par un drame d'Alexandre Dumas et Gaillardet (1832), la « tour de Nesle » aurait été le théâtre des orgies d'une reine de France, sorte d'ogresse obscène qui y attirait des écoliers, et qui, après en avoir joui, les faisait jeter à la rivière pendant la nuit; le philosophe Buridan aurait failli, dans sa jeunesse, être victime de cette ogresse. De quelle reine s'agit-il? Jeanne de Navarre, femme de Philippe le Bel, et Marguerite de Bourgogne, femme de Louis X, doivent être mises hors de cause, quoique certaines versions de la légende les incriminent. Jeanne de Bourgogne, femme de Philippe V, est la seule princesse du commencement du XIVe siècle qui ait réellement habité l'hôtel de Nesle au bord de l'eau (dont la tournelle dépendait). Son testament prouve d'ailleurs qu'elle s'intéressait aux écoliers; mais rien, si ce n'est la légende, n'autorise à croire que ce ne fut pas en tout bien, tout honneur. (Ch.-V. L.). - Emplacement de la Tour de Nesle. Plaques commémoratives apposées sur la façade de l'aile orientale du Palais de l'Institut. © Photo : Serge Jodra, 2010. | |