| Rue Saint-Thomas du Louvre, à Paris (Ier arrondissement). - Cette rue, que nous ne nommons qu'à cause de ses souvenirs historiques, puisqu'elle a disparu au milieu du XIXe siècle dans les démolitions faites pour achever le Louvre, commençait à la place du Palais-Royal et se prolongeait autrefois jusqu'à la Seine. Elle datait du XIIIe siècle et tirait son nom d'une église dédiée à saint Thomas de Canterbury, qui fut fondée par Robert de Dreux, fils de Louis VI. Cette église, qui était sise au coin de la rue du Doyenné, fut reconstruite en 1743 sous le nom de Saint-Louis et renfermait le tombeau du cardinal Fleury. Elle fut consacrée au culte protestant pendant la Révolution et aujourd'hui est détruite. En face de cette église était l'hôpital, le collège et l'église Saint-Nicolas, qui furent supprimés en 1740. Dans cette rue se trouvait le fameux hôtel Rambouillet, qui porta successivement les noms d'O, de Noirmoutiers, de Pisani, et qui prit celui de Rambouillet lorsque Charles d'Angennes, marquis de Rambouillet, épousa Catherine de Vivonne, fille du marquis de Pisani, et vint s'y établir. C'était une grande maison avec de beaux jardins, décorée à l'intérieur avec une richesse pleine de goût, et qui occupait l'emplacement d'une partie de la rue de Chartres, dans le voisinage de la place du Palais-Royal; sa façade intérieure dominait les jardins des Quinze-Vingts et de l'hôtel de Longueville, et avait la vue sur le jardin de Mademoiselle ou la place actuelle du Carrousel. Cet hôtel passa au duc de Montausier par son mariage avec l'illustre Julie d'Angennes, puis aux ducs d'Uzès. En 1784 il fut détruit, et l'on construisit sur son emplacement une salle de danse dite Vauxhall d'hiver, qui devint en 1790 le club des monarchiens et en 1792 le théâtre du Vaudeville, détruit par un incendie en 1836 (ce théâtre a été déplacé jusqu'en 1868 place de la Bourse et se situe depuis boulevard des Capucines). A côté de l'hôtel Rambouillet était l'hôtel de Longueville, bâti par Villeroy, ministre de Henri III; ce monarque l'habita et y reçut la couronne de Pologne. Il appartint ensuite à Marguerite de Valois, puis au marquis de la Vieuville, puis à la duchesse de Chevreuse, qui en fit le chef-lieu de la Fronde : c'est là que se passèrent toutes ces intrigues « où la politique et l'amour se prêtaient mutuellement des prétextes et des armes », et que le cardinal de Retz raconte avec tant de complaisance; c'est là qu'il venait passer une partie des nuits avec mademoiselle de Chevreuse. « J'y allois tous les soirs, dit-il, et nos vedettes se plaçoient réglément à vingt pas des sentinelles du Palais-Royal, où le roi logeoit. » Cet hôtel, après avoir appartenu à la maison de Longueville, fut vendu en 1749 aux fermiers généraux, qui y établirent le magasin général des tabacs. On y ouvrit, sous le Directoire, des salles de jeu et un bal qui n'était fréquenté que par des femmes débauchées. Il est aujourd'hui détruit. Dans la rue Saint-Thomas du Louvre ont demeuré : Voiture qui avait une maison voisine de l'hôtel de Rambouillet; la comtesse de Mailly, maîtresse de Louis XV; le girondin Grangeneuve; le dantoniste Bazire, etc. (Th. Lavallée). | |