| Rue de Richelieu, à Paris. - Cette rue traverse le Ier' arrondissement et le IIe' arrondissement entre la place André-Malraux et les boulevards Montmartre et des Italiens. C'est au Palais-Cardinal qu'elle doit sa naissance et sa fortune. Quand Richelieu eut fait démolir, pour construire son palais, le mur de Paris jusqu'à la rue du Rempart (rue Meslay), il fit transporter la porte Saint-Honoré de cet endroit à la hauteur de la rue de la Concorde; alors, sur l'emplacement de la porte détruite, fut commencée une rue nouvelle, qui s'en alla d'abord jusqu'à la rue Feydeau, où fut placée une nouvelle porte, et, un siècle après, jusqu'au rempart construit par Louis XIII (boulevard des Italiens). Molière est mort rue Richelieu. Regnard avait une maison au bout de cette rue, près du rempart, dans une partie de la ville encore déserte : fils d'un riche traitant, homme de plaisir autant qu'homme de lettres, il avait deviné les lieux que préfèreront après lui la finance et la mode. Voici la description qu'il en a faite : Au bout de cette rue où le grand cardinal.... [...] S'élève une maison modeste, retirée, Dont le chagrin surtout ne connaît point l'entrée. L'oeil voit d'abord ce mont dont les antres profonds Fournissent à Paris l'honneur de ses plafonds, Où de trente moulins les ailes étendues M'apprennent chaque jour quel vent chasse les nues. Le jardin est étroit, mais les yeux, satisfaits, S'y promènent au loin sur de vastes marais. C'est là qu'en mille endroits laissant errer ma vue, Je vois naître à loisir l'oseille et la laitue, etc. Les financiers marchaient déjà, à cette époque, de pair avec les princes : aussi la table exquise, les vins choisis de Regnard attiraient-ils chez lui, au moins autant que son esprit, les personnes les plus distinguées par leur rang et leur goût, le duc d'Enghien, le prince de Conti, le président Lamoignon. L'aspect de ces lieux a bien changé, et l'on chercherait vainement la trace de la petite maison de Regnard au milieu de ces hautes maisons où pullulent les compagnies financières et les tailleurs, de ces restaurants, de ces cafés, de ces hôtels garnis, de ces boutiques pleines d'élégance et de luxe, de ce pavé sillonné sans cesse par des milliers de voitures, enfin de toute cette rue aussi riche que populeuse, qui est, comme la rue Vivienne, un centre d'affaires et de plaisirs. - La Rue de Richelieu. Vers le milieu de l'image, la fontaine Molière; au fond, le Louvre. La rue Richelieu, pendant la révolution, fut appelée rue de la Loi; une de ses maisons, l'hôtel Talaru (nº 60) devint une prison, la moins rigoureuse de toutes celles de cette époque, et où le maître de l'hôtel, avec plusieurs autres nobles, fut enfermé. Elle joua un rôle assez important pendant cette époque, et c'est par elle que les bataillons du 13 vendémiaire marchèrent à l'attaque de la Convention. Après leur défaite, les derniers boulets qu'ils lancèrent sur les vainqueurs endommagèrent les colonnes du Théâtre-Français, qui en portent encore les traces. Sous l'Empire et la Restauration, elle devint pour ainsi dire la rue des théâtres, à cause du Théâtre-Français et de l'Opéra, qu'elle possédait, des salles Feydeau et Favart, qui étaient sur ses côtés. Elle avait encore un établissement d'un autre genre et qui augmenta sa célébrité : c'était la maison de jeu Frascati, ancien hôtel Lecoulteux, qui fut dans toute sa vogue sous le Directoire et sous l'Empire; ses jardins s'étendaient jusqu'aux boulevards et à la rue Vivienne. - Détail de la façade de l'ancien Hôtel de l'abbé Terray, 101, rue de Richelieu. Parmi les édifices publics que renferme la rue Richelieu on encore citera : la Fontaine Molière, le site historique de la Bibliothèque nationale, la fontaine Richelieu (ou Louvois). (Th. Lavallée). | |