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Prison de la Force, à Paris (IVe'arrondissement). - Cette ancienne prison se situait à l'extrémité orientale de la rue du Roi-de-Sicile, du 12 au 22 rue Pavée.C'était un hôtel particulier avant de decenir un lieu de détention. Celui-ci fut fermé au milieu du XIXe siècle et ses détenus transférés à la prison nouvellement construite de Mazas.

L'histoire de cet hôtel remonte au XIIIe siècle. Il appartenait, en 1265, au frère de saint Louis, Charlesd'Anjou, qui fut depuis roi de Naples et de Sicile. Son fils hérita de cet hôtel, qu'il donna, en 1292, à Charles de Valois et d'Alençon, fils de Philippe-le-Hardi. Les comtes d'Alençon en furent propriétaires jusqu'en 1390. Cette habitation n'était séparée des lices de la culture Sainte-Catherine que par l'enceinte de Philippe-Auguste; Charles VI, passionné pour les exercices de chevalerie, pensa qu'il serait commode pour lui d'avoir une semblable maison pour s'y préparer aux, tournois. Il la fit demander en conséquence à Pierre d'Alençon, qui la lui céda le 26 mai 1390. Nous rapportons un extrait de l'acte de cession.

« Nous comte d'Alençon et du Perche, seigneur du Fougières et vicomte de Beaumont, savoir faisons à tous présents et à venir, que comme naguères pour ce que notre très redoutable seigneur le roi avoit affection et volonté de avoir en la ville de Paris un ostel auquel il se put princièrement ordonner pour les joûtes que faire se pourroient en la clousture Sainte-Catherine qui est la plus convenable place de Paris au plaisir de mon dit seigneur, pour joûter et faire telles fêtes; icelui monseigneur nous eut rescript et prié par ses lettres closes que nous voulussions lui donner nostre ostel étant à Paris appelé l'ostel de Sécile, afin que par la clousture d'icelui qui est des anciens murs de la ville de Paris, il peust lui et ceulx que il voudroit être avecques lui entrer sur les rans quand joustes se feroient en la dite clousture, etc. [...] Nous désirans sur toutes choses accomplir le bon plaisir de mon dit seigneur, à icelui monseigneur à ses hoirs, successeurs et aians cause à toujours, mais de notre certaine science et propre mouvement, avons donné, transporté, délaissé, donnons, transportons, délaissons nostre ostel avec toutes ses appartenances quelconques, plainement et absolument à en faire leur plaine volonté hault et bas comme de leur propre chose, etc. Donné à Argenthen, le 26e jour de may, l'an de gràce 1390 (Signé le Comte d'Alençon). Et scellées en cire verte, en lacs de soye rouge et verte, etc. » (Arch. q. 1236).
 Cet hôtel appartint depuis aux rois de Navarre et aux comtes de Tancarville. Le cardinal de Meudon en étant devenu propriétaire, le fit rebâtir en 1559, mais il ne fut achevé que par Réné de Birague, aussi cardinal et chancelier de France. Après sa mort, arrivée en 1583, il fut acquis par Antoine Roquelaure, qui le revendit à François d'Orléans Longueville, comte de Saint-Paul, ce qui lui lit donner alors le nom d'hôtel de Saint-Paul, qu'il conserva encore lorsque le seigneur de Chavigni en devint propriétaire. Cette habitation passa ensuite à Henri Jacques Caumont, duc de la Force, par son mariage avec la petite-fille de Chavigni. Cette résidence prit alors le nom d'hôtel de la Force. A la fin du règne de Louis XIV, cette demeure fut partagée en deux parties : l'une forma l'hôtel de Brienne nommé depuis hôtel de la petite Force, et dont l'entrée se trouvait dans la rue Pavée; l'autre partie, située dans la rue du Roi-de-Sicile, fut acquise en 1715, par les frères Pâris, qui y firent de grands embellissements, puis la vendirent à la demoiselle Toupel. Le sieur d'Argenson en fit l'acquisition le 12 septembre 1754 pour le compte du gouvernement, qui avait le dessein d'y établir l'École-Militaire; ce projet n'eut pas de suite. Quelque temps après, le ministre Necker engageait LouisXVI à supprimer les prisons du For-l'Évêque et du Petit-Châtelet. 

Une ordonnance du 30 août 1780, porte :

 « Que les prisonniers seront conduits dans l'hôtel de la Force ».
Ils n'y furent transférés qu'au mois de juin 1782.

Avril 1785. Lettres-patentes concernant la suppression de la prison de Saint-Martin et sa réunion à celle de l'hôtel de la Force. 
« Louis, etc. [...] Le compte que nous nous sommes fait rendre de l'état actuel de la prison de Saint-Martin de notre bonne ville de Paris, nous ayant fait reconnaître que son défaut d'étendue ne permettait pas d'y faire des changements capables de procurer plus de commodité et de salubrité, nous nous serions déterminé à la supprimer et à la remplacer par un établissement qui serait formé à cet effet dans une portion de terrain et bâtiment dépendant de l'hôtel de Lamoignon, et attenant l'hôtel de la Force, auquel cet établissement serait réuni, etc. - Article 1er. Nous avons supprimé et supprimons la prison de Saint-Martin. Ordonnons qu'il sera incessamment formé un établissement pour la même destination, lequel sera et demeurera réuni à la prison de l'hôtel de la Force, etc. Données à Versailles, au mois d'avril l'an de grâce 1785, signé Louis. » (Extrait des lettres-patentes). Archives du royaume, section administrative, S. E., n° 3478, f. 19. 
Les filles publiques qui étaient enfermées dans la prison de Saint-Martin furent conduites à la Petite-Force. 

Pendant la Terreur la jeune et belle princesse de Lamballe fut jetée dans la prison de la Force. Les assassins, après avoir assouvi leur fureur à l'abbaye, manquant de victimes, se séparent en plusieurs bandes; l'une d'elles se rend à la Force. Une espèce de tribunal est improvisé par ces hommes qui ne veulent que du sang. La jeune princesse est aussitôt appelée; mourante, elle arrive jusqu'au terrible guichet! 

« Qui êtes-vous, » demande un de ces bourreaux? « Louise de Savoie, princesse de Lamballe. -Faites serment d'aimer la liberté, l'égalité. Je le jure, répondit la jeune femme. - Jurez de haïr le roi, la reine et la royauté. - Je ne ferai point ce serment, il n'est point dans mon coeur. - Emmenez madame, dit le chef du guichet. »
A peine a-t-elle fait un pas hors de l'enceinte, qu'un premier coup de sabre fait jaillir le sang de sa tête, elle se soutient encore un moment, puis un second coup la fait rouler aux pieds de ses bourreaux. Son corps est déchiré, on l'outrage, on le mutile, on s'en dispute les lambeaux. Leur rage n'est pas encore assouvie. Sa tête est coupée et mise au bout d'une pique. Ils vont la montrer à la famille royale. Ce sanglant trophée dut annoncer aux malheureux captifs le sort qu'on leur réservait. La mort de la princesse de Lamballe ne fut que le prélude des assassinats dont la prison de la Force devint le théâtre.

A partir de 1830, l'insuffisance et l'état de vétusté des bâtiments de la Force avaient éveillé l'attention de l'autorité, qui d'ailleurs voulait introduire un nouveau système dans le régime intérieur des prisons. La construction d'une maison d'arrêt, destinée à remplacer celle de la Force, fut décidée; mais le choix de l'emplacement donna lieu à quelques difficultés. Elles furent enfin résolues par l'ordonnance suivante : 

« Louis-Philippe, etc. [...] Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit : - Article 1er. Le périmètre d'une prison destinée à remplacer la maison d'arrêt de la Force à Paris, et les alignements des rues de bercy, Traversière, des Charbonniers et du boulevard Mazas, aux abords de ce périmètre, sont arrêtés conformément au tracé des lignes rouges et noires portées sur le plan ci-annexé. Art. 2°. Sont autorisés l'ouverture de trois rues sur une largeur de 12 m, dans tout leur parcours suivant le tracé du même plan où elles sont cotées A. B. C., et le prolongement du boulevard Mazas, ainsi que le tout est indiqué et compris dans le périmètre déterminé par l'article 1er ci-dessus. - Art. 3°. L'exécution de ce périmètre et des alignements présentement arrêtés est déclarée d'utilité publique. - Art. 4°. Le préfet de la Seine, agissant au nom de ce département, est en conséquence autorisé à acquérir, soit de gré à gré, soit par voie d'expropriation forcée, conformément à la loi du 7 juillet 1833, tous les terrains et autres immeubles nécessaires à la réalisation de ces projets, etc. [...] Au palais des Tuileries, le 17 décembre 1840, signé Louis-Philippe. Par le roi, le ministre secrétaire d'État au département de l'intérieur, signé T. Duchâtel. » 
(L.).
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Dictionnaire Villes et monuments
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