| Le Palais Brongniart, à Paris (IIe arrondissement), appelé naguère Palais de la Bourse, est situé sur une vaste place quadrangulaire, vers l'extrémité Nord de la rue Vivienne. Le monument, qui a 40,93 m de face, sur 68,86 m de côté, et dans la construction duquel aucune pièce de bois n'est entrée, est tout en pierre, en fer et en cuivre, et son ordre corinthien, l'un des plus beaux que l'on connaisse, est la reproduction de celui du temple de Jupiter-Tonnant, à Rome. C'est une espèce de temple périptère, entouré de 64 (?) colonnes de 1 m de diamètre sur 10 de hauteur : il y en a 14 sur les façades, à l'Ouest et à l'Est, et 20 de côté. Elles reposent sur un soubassement continu de 2, 60 m, auquel on parvient par un large perron de 16 marches sur les deux façades. Deux statues colossales ornent chaque perron : ce sont la Justice, la Fortune, l'Abondance et la Prudence, par Cortot, Pradier, Petitot et Roman. Une galerie de circulation règne sous la colonnade : elle a dans son oeuvre 2,78 m de large. Le corps du monument est élevé d'un rez-de-chaussée et d'un étage, percés chacun de 56 fenêtres en portiques. Jusqu'à la fin des années 1980, les transactions de la bourse ("à la criée") se tenaient autour d'une "corbeille", au rez-de-chaussée dans une superbe salle de 37,68 m de longueur, sur 24,68 m de largeur et 25 de hauteur, éclairée par la voûte, et pouvant contenir 2000 personnes. La voûte est ornée de belles peintures en grisailles imitant le relief, oeuvre de Meynier et d'Abel de Pujol. Aujourd'hui, cette salle est occupée par le grand auditorium du centre de conférences qui a succédé à la Bourse. Le Palais Brongniart ayant été construit sur la plus grande partie de l'emplacement occupé par le couvent des Filles de-Saint-Thomas-d'Aquin, nous tracerons ici l'origine de cette communauté religieuse. Ces filles, de l'ordre de Saint-Dominique, furent établies à Paris, par Anne de Caumont, épouse de François d'Orléans, comte de Saint-Pol et duc de Fronsac. Cette dame ayant obtenu du cardinal Barberini, légat du pape Urbain VIII, la permission nécessaire, fit venir de Toulouse sept religieuses qui arrivèrent à Paris le 27 novembre 1626. Elles furent installées dans une maison située dans la rue Neuve-Sainte-Geneviève. Cette propriété portait alors le nom d'hôtel du Bon-Air. Ces religieuses y demeurèrent jusqu'en 1632; alors elles s'établirent dans la rue Vieille-du-Temple. Cette maison n'étant pas d'une distribution assez commode pour une communauté, elles firent construire un couvent à l'extrémité de la rue Neuve-Saint-Augustin, depuis nommée, dans cette partie, rue des Filles-Saint-Thomas. Ayant pris possession de leur nouvelle maison le 7 mars 1642, jour que l'Église consacre à la célébration de la fête de saint Thomas, ces religieuses se donnèrent le nom de ce docteur. L'église, qui ne fut achevée qu'en 1715, n'offrait de curieux que le tombeau de la comtesse de Saint-Pol. Supprimé en 1790, ce couvent devint propriété nationale. Une partie de son emplacement a été cédé par l'État à la ville de Paris pour construire le Palais Brongniart. La Bourse de Paris, auparavant avait été placée de la manière la plus incommode et la moins convenable. On la mit d'abord dans une partie de l'ancien hôtel Mazarin, où l'on a vu aussi le Trésor Royal; puis durant la révolution, dans l'église des Petits-Pères; enfin, pendant la construction du Palais Brongniart, on la relégua dans l'ancien magasin des décors de l'Opéra. Le tribunal de commerce n'était pas logé plus honorablement dans un ancien hôtel, derrière l'église Saint-Merri. Un décret impérial, du 16 mars 1808, ordonna enfin la construction sur l'emplacement de l'ancien couvent des Filles-de-Saint-Thomas, d'un palais destiné à réunir ces deux importants établissements. La première pierre en fut posée le 24 du même mois, et les travaux commencèrent immédiatement. L'architecte Brongniart avait donné les plans de cet édifice et dirigea les travaux jusqu'en 1813, époque de sa mort. Le 8 juin, le convoi funèbre fit une station devant le monument que Brongniart avait commencé; les ouvriers quittèrent aussitôt leur travail, formèrent la haie; tous, la tête découverte, rendirent hommage, par leur contenance respectueuse, aux qualités de l'artiste qu'ils avaient perdu. Les constructions étaient alors élevées jusqu'à deux ou trois mètres au-dessus du soubassement. Les travaux de construction, poussés avec activité par Labarre, furent ralentis à l'époque des défaites napoléoniennes. Repris ensuite avec une nouvelle activité, surtout à partir de l'année 1821, ils ont été achevés en 1827. L'installation officielle de la Bourse et du Tribunal de Commerce avait eu lieu dans le monument élevé par Brongniart et Labarre, dès le 3 novembre 1826. (C. D-y. / NLI.). | |