| Hôtel de Soubise, à Paris (IIIe arrondissement). - L'hôtel Soubise, est situé au n°58 de la rue des Archives. C'est un ensemble formé de trois anciens hôtels : 1° l'hôtel de Clisson, situé à l'angle des rues des Archives et des Quatre-Fils, et bâti en 1383; c'était l'hôtel de la Miséricorde, et l'on avait décoré de M sa façade, pour perpétuer l'outrage fait aux Parisiens. Après la mort du connétable de Clisson (compagnon de Du Guesclin), il passa dans la maison de Penthièvre et fut acheté en 1553 par la duchesse de Guise. On voit encore, outre ses grosses tourelles et ses fortes murailles, son antique porte, qui sert d'entrée à l'École des Chartes. Porte Clisson, rue des Archives, à Paris. Ci-dessous, le tympan et son ornementation. (© Photos : Serge Jodra, 2009). 2° L'hôtel de Navarre, qui donne sur la rue des Francs-Bourgeois, qui appartint successivement aux maisons d'Évreux et d'Armagnac, fut confisqué sur ce duc de Nemours que fit mourir Louis XI, passa à la maison de Laval et fut acheté par la duchesse de Guise en 1556; 3° l'hôtel de la Roche-Guyon, qui donne sur la rue Vieille-du-Temple. C'est de ces trois hôtels et de plusieurs autres maisons que le duc de Guise (celui qui fut assassiné au siège d'Orléans), se fit l'immense palais qui joua un si grand rôle dans les troubles de la Ligue. Cet hôtel resta dans la maison de Lorraine jusqu'en 1697, où il fut acheté par le prince de Soubise, qui le fit reconstruire presque entièrement et avec une grande magnificence. Il devint propriété nationale en 1793, et en 1808 on y transporta les Archives de l'État. L'Assemblée constituante, le 7 septembre 1789, avait décrété que les pièces originales qui lui seraient adressées et la minute du procès-verbal de ses séances formeraient un dépôt qui porterait le nom d'Archives nationales. Ce dépôt, placé d'abord à Versailles, s'en alla à Paris avec l'Assemblée, fut placé au couvent des Capucins et s'enrichit des formes et des planches pour la confection des assignats, des caractères de l'imprimerie du Louvre, des machines de l'Académie des Sciences, etc. La Convention nationale régularisa ce dépôt par un décret du 7 messidor an II, et ordonna qu'on y renfermerait, outre les papiers des assemblées nationales, les sceaux de la République, les types des monnaies, les étalons des poids et mesures, les traités avec les puissances étrangères, le titre général de la fortune et de la dette publique, etc. Les archives, à la tête desquelles était Camus, s'en allèrent avec la Convention aux Tuileries, où elles furent logées à côté du comité de salut public, puis au Palais-Bourbon avec le Corps-Législatif. Napoléon, le 6 mars 1808, leur attribua l'ancien hôtel Soubise, et toutes les archives des pays conquis vinrent s'y entasser au nombre de 160.000 liasses. Ce dépôt devint alors si considérable que, malgré des constructions nouvelles, le vaste hôtel de Soubise se trouva insuffisant, et que Napoléon ordonna de bâtir pour les archives, entre les ponts d'Iéna et de la Concorde, un immense palais qui devait avoir en capacité 100.000 mètres cubes, avec des jardins destinés à doubler l'établissement dans la suite des temps. La chute de l'Empire empêcha l'exécution du monument, et les étrangers vinrent, en pillant les archives, débarrasser l'hôtel de Soubise de son encombrement. On réorganisa cet établissement en 1820, sous la direction du savant Daunou, et il est aujourd'hui partagé en plusieurs sections qui renferment l'ancien trésor des chartes, les archives domaniales, le dépôt topographique, etc. Au cours du XIXe siècle, on a fait des agrandissements énormes et des embellissements pompeux à cet établissement, qui ressemble, avec sa grande porte fastueusement décorée, ses colonnades, ses statues, à la demeure d'un monarque. (Th. Lavallée). | |