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Hôtel de Brienne, à Paris. - L'hôtel de Brienne, qui a formé, avec l'hôtel de Sicile ou de la Force, la prison de ce nom se situait dans le IVe'arrondissement. L'hôtel de la Force, situé rue du Roi-de-Sicile, était, dans l'origine, un vaste manoir qui appartint d'abord à Charles d'Anjou, frère de saint Louis, roi de Sicile, puis à Charles d'Alençon, fils de Philippe-le-Hardi, puis à Charles VI, qui l'acheta en 1390, « pour avoir en la ville un ostel auquel il se pust princièrement ordonner pour les joustes que faire se pourraient en la Couture Sainte-Catherine. » Il passa ensuite et successivement aux rois de Navarre, aux comtes de Tancarville, au cardinal de Meudon, qui le fit reconstruire dans le style de la renaissance, au chancelier Birague, qui en fit une somptueuse résidence, au ministre Chavigny, à Jacques Chaumont, duc de la Force, dont il prit définitivement le nom. 

En 1715, cet hôtel fut partagé : une partie forma l'hôtel de Brienne, dit plus tard la petite-Force; l'autre fut acquise par le gouvernement, qui, en 1754, y plaça l'administration des revenus de l'École militaire. En 1780, la réforme effectuée dans les prisons ayant fait supprimer le Petit-Châtelet et le For-l'Évêque, on transforma les hôtels de la Force et de Brienne en prison pour les remplacer, et l'on y fit alors de vastes constructions, entre autres cette porte de la Petite-Force, dans la rue Pavée, dont l'architecture énergique disait si clairement qu'elle était une porte de prison. On déposa alors à la Force les débiteurs civils, les mendiants, les prostituées, les femmes condamnées, etc. En 1792, elle devint une prison politique, et c'est à sa porte, dans la petite rue des Ballets, que les 2 et 3 septembre, furent massacrés 167 détenus royalistes, parmi lesquels était la princesse de Lamballe. 

Plus tard, on y renferma Vergniaud, Valazé, Kersaint, Miranda, Hérault de Séchelles, Linguet et les soixante-treize députés girondins qui avaient fait une protestation contre la journée du 31 mai: parmi eux était Mercier, l'auteur spirituel et si hardi du Tableau de Paris. On y renferma aussi madame Dubarry, les ducs de Villeroy et de Charost, le constituant Levis de Mirepoix, l'astronome Bochard de Saron, l'aventurier baron de Trenck, Adam Lux, député de Mayence, etc. La plupart de ces détenus ne sortirent de la prison que pour aller à l'échafaud. Sous l'Empire, la Force resta en partie une prison politique, et c'est là que Mallet alla chercher ses complices, Lahorie et Guidal. Sous le règne de Louis-Philippe, on y renferma les républicains Godefroy Cavaignac, Guinard, Trélat, Gervais, Caussidière, Blanqui, Barbès, etc. La Force était, dans ces derniers temps, la prison la plus vaste et la plus irrégulière de Paris. On l'a détruite, dans la première moitié du XIXe siècle et l'on a ouvert une rue sur son emplacement. (Th. Lavallée).

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Dictionnaire Villes et monuments
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