| Église des saints-Innocents, à Paris (Ier arrondissement). - Démolie en 1785, cette ancienne église paroissiale (XIIIe au XVIIIe siècle), qui n'avait rien de remarquable, était à l'angle Nord-Est de la rue aux Fers, le chevet sur la rues Saint-Denis, l'entrée se trouvait dans un vaste cimetière (aujourd'hui square et rue des Innocents), qui remontait peut-être à l'époque romaine, et qui finit par servir à dix-sept paroises et trois hôpitaux, dont l'Hôtel-Dieu : le Cimetière des Saints Innocents. Plusieurs historiens, parmi lesquels nous citons Dubreuil et Malingre, prétendent que la fondation de cette église est due à Philippe-Auguste, « qui employa pour sa construction une partie de l'argent qu'il tira de la vente des biens confisqués sur les Juifs. Le roi voulait y placer le corps de saint Richard, qui avait souffert le martyre à Pontoise. » Mais plusieurs diplômes des années 1159 et 1178, mentionnant expressément cette église, cette fondation remonterait au règne de Louis-le-Jeune, qui avait, disent les chroniqueurs, une dévotion particulière pour les Saints-Innocents, ou comme il les désignait, pour les saints de Bethléem. Si Philippe-Auguste n'est pas le fondateur de cette église, il est certain du moins qu'il la fit rebâtir ou agrandir, et qu'il employa effectivement à cette destination une partie des biens qu'il avait volés aux Juifs. Le corps de saint Richard y fut inhumé peu d'années après cette reconstruction. Ces reliques étaient en si grande vénération dans le Moyen-âge, que les Anglais, devenus maîtres de Paris (La Guerre de Cent Ans), firent exhumer le corps du saint, le transportèrent dans leur île, ne laissant que la tête dans cette église. Les bâtiments furent réparés à diverses époques, comme semblaient l'indiquer les différences très apparentes de ses parties. Ce fut après une de ces réparations, qu'en 1445, Denis Dumoulin, évêque de Paris, en fit la dédicace. L'histoire nous apprend que Louis XI portait un intérêt tout particulier à l'église des Innocents. Il fit don à la fabrique de plusieurs droits de voirie, dont le produit servit à l'entretien de six enfants de choeur. Ce qu'on retira de ces droits, ainsi que de la location de plusieurs échoppes dans la rue de la Ferronnerie, se trouva excéder la somme nécessaire à cette fondation; le surplus fut employé à établir et entretenir une musique qui se fit entendre jusqu'à la démolition de l'église. Louis XI y laissa encore d'autres traces de sa libéralité. Il fit élever à Alix la Burgotte, récluse des Innocents, un tombeau de marbre supporté par quatre lions en cuivre. On lisait l'inscription suivante sur ce mausolée : En ce lieu gist soeur Alix la Burgotte, A son vivant réel use très dévotte. Rendue à Dieu femme de bonne vie En cet hostel voulut être asservie, Où a régné humblement et longtemps Et demeuré bien quarante et six ans, En servant Dieu augmentée en renom Le roi Loys, onsièsme de ce nom, Considérant sa très grande parfecture, A fait élever icy sa sépulture. Elle trépassa céans en son séjour, Le dimanche vingt-neuviesme jour, Mois de juin mil quatre cent soixante et six, Le doux Jésus la mette en paradis. AMEN ! Cette récluse avait pour demeure une espèce de cellule étroite, où le jour et l'air ne pénétraient que par deux meurtrières grillées, dont l'une ouvrait sur la voie publique et servait à la récluse pour recevoir ses aliments, et l'autre, pratiquée dans l'église même, lui permettait de prendre part aux cérémonies religieuses. Il y eut aussi des récluses volontaires ou forcées dans les autres églises de Paris. Parmi ces dernières était Renée de Vendomois, femme noble, adultère, voleuse, qui fit assassiner son mari, Marguerite de Barthélemi, seigneur de Souldai. Le roi, en 1485, lui fit grâce de la vie, et le parlement la condamna à demourer perpétuellement récluse et emmurée au cymetiére des Saints-lnnocents à Paris, en une petite maison qui lui sera faicte à ses dépens et des premiers deniers venons de ses biens, joignant l'église, ainsi que anciennement elle estoit. | |