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École militaire, à Paris (VIIe 'arrondissement). - Situé au fond du Champ-de-Mars, à l'opposé de la Tour Eiffel, l'École-Militaire est l'un des monuments les plus marquants de la capitale. Elle a deux entrées : l'une, au midi, place de Fontenoy, est fermée par une grille en fer; l'autre, place Joffre, d'une architecture plus riche, a été ouverte sur le Champ-de-Mars. On traverse deux vastes cours avant d'arriver au principal corps de bâtiment; le surplus consiste en cours de service, jardins et constructions d'un goût plus simple. On remarque sur les deux faces des bâtiments en ailes, qui s'avancent jusqu'à la première grille, deux frontons enrichis de peintures en grisaille à fresque exécutés par Gibelin. La peinture à droite représente deux athlètes, dont l'un cherche à dompter un cheval fougueux; la peinture à gauche est une allégorie de l'étude accompagnée des sciences et des arts. 
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Ecole militaire, à Paris.
L'Ecole militaire, à Paris (côté Champ de Mars).

Le principal corps de bâtiment est décoré d'un ordre de colonnes doriques, surmonté d'un ordre ionique; au milieu s'élève avec majesté un avant-corps d'ordre corinthien dont les colonnes embrassent les deux étages : il est couronné d'un fronton et d'un attique, avec un dôme orné de sculptures exécutées par d'Huez. La façade du côté du Champ-de-Mars ne possède qu'un avant-corps de colonnes corinthiennes semblables au précédent. Au centre est un vestibule magnifique orné de quatre rangs de colonnes d'ordre toscan. On y voyait autrefois les statues de Turenne, par l'artiste Pajou; du grand Condé, par Lecomte; du maréchal de Luxembourg, par Mouchy; et du maréchal de Saxe, par d'Huez. L'emplacement occupé par l'École-Militaire forme un parallélogramme de 429 m de longueur sur 243 de largeur.

Le monument et l'institution qu'il était destiné à accueillir et dont il garde le nom remontent à Louis XV. Le préambule de l'édit du roi, de janvier 1751, portant création de l'École-Militaire est ainsi conçu : 

« Après l'expérience que nos prédécesseurs et nous avons faite de ce que peuvent sur la noblesse française les seuls principes de l'honneur, que ne devrions-nous pas attendre, si tous ceux qui la composent y joignoient les lumières acquises par une heureuse éducation? Mais nous n'avons pu envisager sans attendrissement que plusieurs d'entre eux, après avoir consommé leurs biens à la défense de l'État, se trouvassent réduits à laisser sans éducation des enfants qui auroient pu servir d'appui à leurs familles, et qui éprouvassent le sort de périr et de vieillir dans nos armées, avec la douleur de prévoir l'avilissement de leur nom, dans une postérité hors d'état d'en soutenir le lustre, [...]. Nous avons résolu de fonder une école militaire, et d'y faire élever sous nos yeux cinq cents gentilshommes, nés sans biens, dans le choix desquels nous préférerons ceux qui en perdant leurs pères à la guerre sont devenus les enfants de l'État. Nous espérons même que le plan qui sera suivi dans l'éducation des cinq cents gentilshommes que nous adoptons, servira de modèle aux pères qui sont en état de la procurer à leurs enfants; en sorte que l'ancien préjugé qui a fait croire que la valeur seule fait l'homme de guerre, cède insensiblement au goût des études militaires que nous aurons introduit. Enfin nous avons considéré que si le feu roi a fait construire l'hôtel des Invalides pour être le terme honorable où viendroient finir paisiblement leurs jours. ceux qui auroient vieilli dans la profession des armes, nous ne pouvons mieux seconder ses vues, qu'en fondant une école où la jeune noblesse, qui doit entrer dans cette carrière, puisse apprendre les principes de la guerre [...]. C'est sur des motifs si puissants que nous nous sommes déterminé à faire bâtir auprès de notre bonne ville de Paris et sous le titre d'École Royale Militaire, un hôtel assez grand et assez spacieux pour recevoir non seulement les cinq cents gentilshommes nés sans biens pour lesquels nous le destinons, mais encore pour loger les officiers de nos troupes, auxquels nous en confierons le commandement; les maîtres en tous genres qui seront préposés aux instructions et exercices, et tous ceux qui auront une part nécessaire à l'administration spirituelle et temporelle de cette maison. A ces causes, etc. [...]. Signé Louis-».
Les conditions déterminées par cet édit de création divisaient les aspirants en huit classes : 
1° orphelins dont les pères avaient été tués au service, ou qui étaient morts de leurs blessures soit au service, soit après s'en être retirés; 

2° orphelins dont les pères étaient morts au service, d'une mort naturelle, ou qui ne s'en étaient retirés qu'après trente ans de commission; 

3° enfants qui étaient restés à la charge de leurs mères, leur pères ayant été tués au service, ou étant morts de leurs blessures, soit au service, soit après s'en être retirés pour cause de blessures; 

4° enfants qui étaient également à la charge de leurs mères, leur pères étant morts au service, d'une mort naturelle, ou après s'être retirés du service au bout de trente ans de commission; 

5° enfants dont les pères étaient morts au service;

6° enfants dont les pères avaient quitté le service, à raison de leur âge, de leurs infirmités, ou pour quelque autre cause légitime; 

7° enfants dont les pères n'avaient pas été militaires, mais dont les ancêtres avaient servi;

8° les enfants de tous le reste de la noblesse qui, par leur indigence, se trouvaient dans le cas d'avoir besoin des secours du roi.

Le produit des droits sur les cartes à jouer, le bénéfice d'une loterie et les revenus de l'abbaye de Saint-Jean-de-Laon, furent les seules ressources financières qui servirent aux frais de cet établissement. La construction de l'édifice fut commencée en 1752, sous la direction de Gabriel, architecte du roi. 

L'École-Militaire, dissoute en vertu de la déclaration du 1er février 1776, fut rétablie et réorganisée l'année suivante sur un plan plus vaste et mieux entendu. L'aliénation de l'hôtel et des biens provenant de cette école, fut ajournée; mais en 1778 le gouvernement remplaça son revenu par une dotation de 15 millions. Enfin un arrêt du conseil du 9 octobre 1787 supprima définitivement cette école; les élèves furent placés dans les régiments ou envoyés dans les douze collèges militaires établis dans les provinces, en vertu du règlement du 28 mars 1776. En 1783, l'École-Militaire était au nombre des quatre édifices qu'on destina à remplacer l'hôtel-Dieu. L'architecte Brongniart fut chargé d'y exécuter les changements nécessaires. La révolution vint encore modifier ces nouvelles dispositions. La Convention nationale décréta, le 13 juin 1793, la vente de tous les biens formant la dotation de l'hôtel, que l'on transforma en quartier de cavalerie et en dépôt de farine. 
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Ecole militaire, à Paris.
La façade méridionale de l'Ecole militaire. © Photos : Serge Jodra, 2010.

Bonaparte en fit son quartier-général, et pendant quelques années, on a lu sur la frise de la façade de l'École-Militaire, du côté du Champ-de-Mars, ces deux mots : quartier Napoléon. Devenu empereur, il y établit des régiments de sa garde, qui furent remplacés en 1814 par la garde royale. Par la suite, les vastes bâtiments de cet édifice ont encore servi de caserne à différents corps de la garnison de Paris. 

L'École-Militaire a été le théâtre de plusieurs événements qui presque tous se rattachent à l'histoire du Champ-de-Mars. Nous devons cependant rappeler ici, que ce fut dans cette caserne qu'eut lieu, en 1797, l'arrestation des conspirateurs royalistes, Duverne de Presle, Brottier et la Villeheurnois, au moment où ils développaient leur plan au chef d'escadron Malo. (Lz.).

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Dictionnaire Villes et monuments
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