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La Conciergerie, à Paris. - Ancienne prison et bâtiment dépendant du Palais de Justice de Paris  (IVe'arrondissement) . - Du quai de l'Horloge on aperçoit le mur d'enceinte et trois tours de la Conciergerie. Elle est donc placée dans la Cité même, derrière le Palais de Justice, un peu à l'Ouest de l'île. Prison transitoire réservée aux prévenus qui devaient être dirigés sur d'autres établissements pénitenciers, la Conciergerie n'était pas, comme on l'a souvent écrit, le Dépôt; elle en était complètement séparée. Les prisons n'en occupaient que le rez-de-chaussée; la partie supérieure était, avant 1870, une annexe de la cour de cassation. Cette construction occupe L'emplacement de la vieille cour du palais des premiers rois et devint peu après le jardin royal. Située derrière l'habitation des rois des dynastie mérovingienne et carolingienne, la Conciergerie était la demeure du gouverneur de la maison royale qui prenait en même temps le titre de concierge. De là l'origine de son nom. Il existe aussi dans les dépendances du château de Fontainebleau une partie des bâtiments qui porte le nom de Conciergerie. Ce bâtiment figure, pour la première fois, comme prison, dans les registres de la Tournelle criminelle du Parlement, à la date du 23 décembre 1391.

Bâtiments.
L'ensemble des bâtiments qui forment la Conciergerie manque de régularité. Ils se ressentent de l'absence d'ordre dans la construction et l'on y distingue des traces de toutes les époques. Les vestiges les plus anciens remontent, croit-on, à Louis IX; ce seraient les trois tours rondes, le grand guichet et le cloître du préau. En effet, avant que les galeries qui formaient le cloître autour du préau n'aient été aveuglées et transformées en cellules, on pouvait reconnaître dans les colonnes, les voûtes, les sculptures, le caractère de la première période gothique. On croit même que le grand guichet était l'ancienne salle des gardes du roi Louis IX. Contentons-nous de dire que ce n'est qu'une tradition. Dans l'une des salles intérieures se voyaient quelques dalles en pierre sur lesquelles saint Louis aurait partagé le pain qu'il distribuait ensuite aux pauvres. Ces dalles sont appelées pour cette raison : Tables des charités de saint Louis.

La tour de l'Horloge, moins haute que les autres, était aussi appelée tour d'Argent et servait, dit-on, de dépôt au trésor des rois de France. Elle a été complètement restaurée au XIXe siècle telle qu'elle était en 1585, avec sa vieille horloge même, par Duc et Dommay. Les trois autres tours, parmi lesquelles celle de César ou de Montgomery et celle de Bombec, également restaurées à la même époque, sont les seules qui gardent quelques vestiges des premières constructions. Divers incendies détruisirent en partie les bâtiments de la Conciergerie l'un en 1618, l'autre en 1776, ce dernier de beaucoup le plus violent. Ce ne fut que trois ans après que les bâtiments furent restaurés. De nos jours, la Conciergerie ne ressemble en rien à ce qu'elle était encore en 1793. Les prisons de Grand-Nord et de Saint Vincent ont été démolies; les réparations faites sous Louis-Philippe ont supprimé tous les cachots dont le niveau était situé au-dessous de la Seine; enfin, le commencement d'incendie, allumé sous la Commune, a détérioré des murs anciens.
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Conciergerie, à paris (4e arrondissement).
La Conciergerie, à Paris; au premier plan : le Pont au Change.

Historique.
Nous avons dit qu'à l'origine le jardin et les bâtiments connus sous le nom de Conciergerie dépendaient du Palais. Selon Monstrelet, le roi y assembla même son conseil. Le gouverneur de la maison royale, qui était en même temps concierge, avait aussi la garde des prisonniers du roi, renfermés à la Conciergerie. Cette charge de gouverneur était très recherchée parce que de grandes prérogatives y étaient attachées. Ce puissant personnage avait institué un bailli qui rendait, en son nom, la justice dans tout le « bailliage du palais ». En 1348, le gouverneur de la maison royale se substitua au bailli et en prit lui-même le titre. Le premier qui le porta fut Philippe de Savoisy, parent, très probablement, de Charles de Savoisy, dont les démêlés avec l'Université sont connus. Après lui, on peut citer Juvénal des Ursins, Jacques Coictier, etc. La charge de bailli-concierge subsista jusqu'à la Révolution.

Le régime des prisons pendant tout le Moyen âge et même jusqu'au XVIe siècle laissait bien à désirer sous le rapport de l'hygiène et de la propreté; aussi, à diverses reprises, de terribles épidémies ravagèrent les prisonniers de la Conciergerie. Ceux-ci souffraient beaucoup, étaient mal soignés et devaient payer leur nourriture, aussi mauvaise qu'elle fût, et cela malgré les diverses ordonnances des rois sur la police des prisons. Dans celle d'octobre 1485, donnée par Charles VIII, il est dit à l'article 173 que le geôlier devait tenir pleine d'eau « la grande pierre qui est sur les carreaux », de même qu'il devait fournir « à ses dépens pain et eau aux prisonniers qui n'ont de quoi vivre ». Dans l'ordonnance de Henri II, du 11 mars 1549, il était dit que tout prisonnier serait mis en liberté sous trois jours et ne pourrait être retenu pour « droit de giste et de geollaige ». Mais les geôliers étaient de si puissants personnages que ces lois étaient à peu près lettre morte.
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Prison de la Conciergerie.
La Prison de la Conciergerie au XIXe s. : l'entrée et (ci-dessous) la cour des hommes.
Prison de la Conciergerie.






Cette prison, dont l'historique serait très curieux, est surtout célèbre par l'assassinat du comte d'Armagnac et de ses partisans le 12 juin 1418, par la captivité de Gabriel de Lorges, comte de Montgomery, qui blessa Henri Il dans le tournoi de la rue Saint-Antoine et qui fut décapité en place de Grève le 26 juin 1574. Un partisan des doctrines de Luther, Louis de Berquin, passa par la Conciergerie avant d'être brûlé vif, sous François Ier. On peut encore nommer Ravaillac, Théophile de Viau, Etienne Dolet, Damiens, Cartouche, Mandrin, etc. La Conciergerie a joué son rôle dans les fastes révolutionnaires. Les massacres de septembre 1792 où deux cent quatre-vingt-huit prisonniers périrent, le séjour des Girondins dans la chapelle, de Bailly, Mme Roland, Danton, Fabre d'Eglantine, Robespierre, avant de monter à l'échafaud, ont complété la célébrité de cette prison. Nous ne pouvons oublier de rappeler le séjour qu'y fit Marie-Antoinette. Elle occupa dans cette prison un cachot étroit, assez resserré, éclairé par une baie voûtée placée en face de la porte. Cette pièce fut transformée, sous la Restauration, en chapelle ardente.
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Conciergerie : les tours.
Les tours de la Conciergerie.  (© Photos : Serge Jodra, 2008-09).

Quelques personnages, internés pendant la Révolution à la Conciergerie, ont laissé une relation de leur captivité. Nous citerons le comte Beugnot, qui y resta depuis son arrestation en 1793 jusqu'à l'époque où il fut transféré à la Force. Claude-François Beaulieu, rédacteur du Courrier français, né à Riom, enfermé aussi pendant quelque temps à la Conciergerie, a consigné son récit dans le cinquième volume de ses Essais historiques sur les causes et les effets de la Révolution française, pp. 287-367. Georges Cadoudal, les quatre sergents de la Rochelle, Teste, Proudhon, Louvel, Prosper Mérimée, ont aussi passé par cette prison. Pendant l'insurrection de la Commune, en 1871, la Conciergerie reçut plusieurs otages. Le 13 avril, on y interna treize prêtres de la maison de Picpus, mais ils ne firent que passer et cinq jours après on les transféra à Mazas. Le 19 mai, cinquante otages nouveaux, gendarmes, gardes de Paris, sergents de ville, furent amenés et logés au quartier des cochers. Grâce à la présence d'esprit et au sang-froid de Durlin, greffier, ils furent sauvés. (Albert Maire).
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Paris : Palais de Justice, Conciergerie , tour de l'Horloge.
Le Palais de Justice, la Conciergerie et la tour de l'Horloge au XIXe siècle.
Tableau d'Adrien Dauzats.Source : musée Carnavalet.
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Dictionnaire Villes et monuments
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