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Paris : XVIIe arrondissement
Batignoles-Monceau
Limitrophe des opulents VIlle et XVIe, contigu à l'élégant Neuilly, au populeux Levallois, attenant à Montmartre qui lui donna la vie, le XVIIe arrondissement, dit Batignoles-Monceau, offre un reflet exact de voisinages. Sur les quatre quartiers (Batignolles, Epinettes, Monceau, Les Ternes), ceux qui se trouvent à l'Est et voisins de Montmartre, Batignolles et les Epinettes, ont conservé une allure plus populaire que les deux quartiers de l'Ouest (Ternes et Monceau), plus élégants et plus mondains. C'est à partir de la rue de Lévis et au carrefour de l'avenue de Villiers que cette démarcation apparaît bien nettement. 

L'avenue de la Grande-Armée le sépare du XVIe; l'avenue de Wagram, les boulevards de Courcelles et des Batignolles le séparent des VIIIe et IXe arrondissements; l'avenue de Saint-Ouen, du XVIIIe; enfin, le Périphérique lui est une limite naturelle.

Il est d'une grandeur moyenne : 445 hectares. C'est même le plus petit des arrondissements formés par l'annexion de 1860. Il n'y a pas à Paris de quartier de création plus récente que ceux qui composent le XVIIe arrondissement. A part l'agglomération des Ternes qui peut prétendre à quelque notoriété historique, tout le reste du territoire était encore en culture au début du XIXe siècle.
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L'arc de Triomphe et l'avenue Mac-Mahon, à Paris.

De même que les trois arrondissements qui le suivent dans l'ordre numérique, celui-ci a été formé en 1860 aux dépens de communes surburbaines : Neuilly a fourni les Ternes, jusqu'à la rue de Courcelles, et Clichy (Levallois-Perret n'existait pas encore en tant que commune) les trois autres quartiers qui avaient été, dès 1830, constitués en commune distincte.

Quartier des Ternes
Les Ternes étaient autrefois une localité. On l'appelait au XIVe siècle sans doute l'Esterne et ainsi s'expliquerait son nom : le domaine extérieur (Villa externa) par rapport à la Ville-l'Evêque. C'était une simple ferme, située sur la route de Saint-Germain, dont aujourd'hui l'avenue des Ternes n'est qu'une section. Dépendant en 1540 de l'abbaye de Saint-Denis, ce hameau ne se composait encore que de quelques habitants au XVIIe siècle, époque où il était désigné sous le nom de Haut-Roule. Il n'avait guère d'existence que par son château que fit construire au milieu du XVIe siècle le calligraphe Pierre Habert. Son fils fit beaucoup d'embellissements dans ce domaine et aussi son petit-fils, qui obtint de Louis XIII que les droits de fief lui fussent reconnus (1634). 

Au XVIIIe siècle, Mirey de Pomponne, qui en était devenu acquéreur, le fit rebâtir et le parc surtout en fut réputé. Un procès qui eut lieu de son temps entre les seigneurs de Clichy et les moines de Saint-Denis au sujet des droits de seigneurie sur les Ternes fut gagné par l'abbaye. Le marquis de Galiffet donna dans ce château des fêtes magnifiques, à la fin du règne de Louis XV. Bossuet, Mme d'Houdetot, Adanson, le général Dupont ont habité le château des Ternes. Dans les premières années du XIXe siècle, par erreur, on trouve souvent la forme «  Thermes ». Il subsiste quelques parties des bâtiments et du grand parc au n° 19 de la rue Demours et notamment l'arcade de la rue Bayen.

On ne doit pas confondre avec le château des Ternes un autre édifice d'une architecture massive construit au commencement du XVIIe siècle, au fond du parc, dans la partie touchant à la plaine des Sablons, là où s'élevait une tourelle autrefois importante au point de vue stratégique le château des Sablons. A côté du château des Ternes les documents du XVe au XVIIIe siècle mentionnent toujours un clos, mais l'enclos des Ternes a désigné ensuite simplement une partie du terrain du château, convertie un certain temps en jardin public où furent installées des montagnes russes. 
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Paris : église Saint-Ferdinand et Sainte-Thérèse.
L'église Saint-Ferdinand et Sainte-Thérèse, à l'angle de la rue Saint-Ferdinand
et de la rue d'Armaillé.

Là fut établie la petite chapelle dont jouirent les habitants avant d'avoir leur église. Ils demandaient à être détachés de Neuilly, mais n'obtinrent que la construction d'une église, Saint-Ferdinand, livrée au culte en 1847 et dite ainsi à cause du nom du duc d'Orléans mort en 1842, victime d'un accident survenu sur le territoire des Ternes. En 1847, une société voulait fonder le quartier qu'elle appelait Ferdinanville. La population y était déjà de 8000 habitants, alors qu'on n'y trouvait en 1755, encore que 18 maisons. Les fortifications de 1840 avaient séparé les Ternes matériellement de Neuilly. Une moitié de l'ancien parc coupé en deux par la création du chemin de fer de ceinture avait été conservée; elle a disparu en 1881, remplacée par 23 immeubles. Le quartier des Ternes qui possède son théâtre en avait en déjà dans le premier tiers du XIXe siècle; il possède aussi depuis 1868 un marché couvert. 

Quartier des Batignoles.
Batignoles ou Les Batignoles était anciennement un commune du département de la Seine, annexée à Paris en 1860. Il serait téméraire de proposer une étymologie du nom de ce lieu, qui n'a pas d'homonyme en France. Au reste, de toutes les localités qui, de bonne heure, se sont groupées autour de Paris, celle-ci est la plus récente. La plus ancienne mention que nous en ayons rencontrée se trouve dans les archives de l'abbaye de Montmartre, à la date de 1617 : tout le territoire compris entre le faubourg des Percherons et le village de Clichy était alors en culture et les religieuses de Montmartre le possédaient entièrement. C'est certainement leur souvenir qui a subsisté dans le nom de la rue des Dames, existant encore aujourd'hui aux Batignolles. Il ne paraît pas que ce lieu ait été davantage habité au XVIIIe siècle, et son nom n'est inscrit sur aucun plan de la banlieue de Paris à cette époque. Au mois de mars 1814, Batignolles fut le théâtre d'un des engagements des plus meurtriers parmi ceux qui se livrèrent sous les murs de Paris pour repousser l'armée des alliés. Le maréchal Moncey s'y illustra par la belle résistance qu'il opposa au général russe Langeron, et c'est en souvenir de ce fait d'armes que sa statue fut érigée à l'entrée du village, sur la place qui porte aussi son nom. A partir de ce moment, ces champs commencent à se peupler. Et les Batignolles qui en réalité n'existaient pas au commencement du XIXe siècle vont prendre un développement inouï. Nous allons le suivre rapidement.

Au moment des invasions de 1814 et 1815, les Batignolles ne se composaient que de quelques maisons éparses, de quelques fermes isolées qui ne comptaient guère que le nombre d'habitants nécessaires à leur exploitation. Certains spéculateurs, alléchés par le bon marché des terrains, y bâtirent de petites maisons bien simples, bien modestes et qui attirèrent bientôt quelques Parisiens. Petits rentiers aux revenus modestes, commerçants fatigués par le labeur quotidien et ne gagnant pas assez pour se payer une villa sérieuse, militaires retraités, employés subalternes visant à l'économie vinrent coloniser la plaine de Clichy. Ils trouvaient là, en même temps que des loyers à bon marché, des habitations plus confortables qu'en ville, la vie matérielle à meilleur compte et aussi des moyens de communication nombreux qui les amenaient rapidement dans le centre de Paris. Le nombre des rues et des maisons s'accrut rapidement grâce à la formation de la société des entrepreneurs Navarre et Rivoire. Le noyau de la ville fut la maison de santé du docteur Lemercier. Les propriétaires et les spéculateurs qui ont le plus contribué à fonder les Batignolles ont leurs noms inscrits aux angles des principales rues. C'est ainsi que nous remarquons les rues Aubain, Boursault, Benard, Capron, Cardinet, Chalabre, Chazelle, Deligny, Fouvet, Fortin, Lanois, Lechapelais, Lecluse, Lemercier, Puteaux, Roussel, Trezel, Truffaut, etc.

En 1828, une chapelle aujourd'hui devenue la paroisse des Batignolles, Sainte-Marie, fut construite par les soins de Charles X et de la duchesse d'Angoulême. Deux ans plus tard, le village des Batignolles était séparé de la commune de Clichy et érigé en commune distincte. Il comptait alors 7000 habitants. Le premier maire se nommait Jacque, et la nouvelle municipalité fut installée le 8 avril 1830 par le baron de Jessaint, sous-préfet de Saint-Denis. En 1842, la population s'élève déjà à 14000 habitants. Le maire en fonctions, Balagny, songe à doter la commune d'un hôtel de ville convenable. La première pierre en fut posée par son successeur, La Morelly, le 18 septembre 1847, et l'édifice inauguré le 21 octobre 1849, par Berger, préfet de la Seine, Robillot, préfet de police, et Benoît Droux, maire depuis 1848. L'agitation qui suivit la révolution de 1848 détermina bon nombre de bourgeois à se retirer aux Batignolles. D'autre part, l'élévation du prix des denrées dans le centre ne contribua pas peu à développer le mouvement d'émigration qui porta le chiffre des habitants à 28230 en 1854, à 44094 en 1856 et à 65 000 en 1860, c'est-à-dire au moment de l'annexion. La loi du 16 juin 1859 annexa les Batignolles à Paris; le nom a été conservé à un des quartiers du XVIle arrondissement.

Le dernier maire des Batignolles-Monceau avant l'annexion, en tant que commune autonome, fut Balagny, dont nous avons eu occasion de parler plus haut. Depuis cette époque, par le fait de la suppression du mur d'enceinte, de la barrière de l'octroi, du développement des moyens de communication, de l'accroissement du chiffre de la population et de la propriété bâtie, l'assimilation des Batignolles-Monceau à Paris n'a cessé de s'accentuer. La primitive bourgade de la fin du XVIIIe siècle n'avait, à la fin du siècle suivant, rien à envier aux arrondissements du centre. Et, à partir des années 1880 environ, on a vu s'élever avec une étonnante rapidité, dans la plaine Monceau, une ville nouvelle, à voies superbes, ornée d'hôtels somptueux et habitée, par une élégante population composée principalement d'artistes et de littérateurs célèbres. L'élément galant y occupait aussi une place importante. Dès cette époque, Batignolles avait donc perdu à peu près complètement son ancienne physionomie. 

Quartier de la Plaine-Monceau. 
En consultant l'Atlas du département de la Seine, gravé par Lefèvre en 1856, on se rend compte que tout le réseau de voies élégantes qui sillonnent la plaine Monceau n'existait pas alors, même en projet. C'était bien réellement une plaine en culture formant deux cantons de terre, nommés les Coutures-Sainte-Catherine et les Longues-Raies. La seule partie habitée était la rue de Lévis, formant une partie de la route de Paris à Argenteuil. Tout le quartier a donc pris naissance sous le second Empire. Il s'y est créé un groupe de constructions neuves sur l'emplacement d'une ancienne usine à gaz, à gauche de la rue de Courcelles, et cette rue même, entre le boulevard de Courcelles et la place Pereire, s'est bordée de riches maisons.

Dès le Moyen âge, le hameau de Monceau était composé des habitations des laboureurs de la plaine. Son nom, qui, dans les chartes latines, est Monticellum, signifie évidemment petite hauteur, un diminutif de montagne, et en fait, la seigneurie, dont le dernier vestige subsiste par le parc Monceau, était bien située sur la colline qui domine le Nord-Ouest de Paris. Par une corruption assez singulière, on l'appela communément Mousseaux, et c'est ce qui a fait croire au savant abbé Lebeuf qu'il devait cette appellation à l'abondance de la mousse. Il n'en est rien. Jeanne d'Arc fit une visite à Monceau. C'est Martial d'Auvergne, un chroniqueur-poète contemporain, qui le relate dans ses Vigiles de Charles VII :

Le lendemain, grand compagnie 
De l'os des François à Monceaux
S'en vindrent faire une saillie 
Jusques au marché aux pourceaux.
Le marché aux pourceaux était près de la porte Saint-Honoré du temps de Charles V, c'est-à-dire vers l'endroit où l'avenue de l'Opéra prend naissance sur la place du Théâtre-Français. La rue de Lévis a gardé le nom d'une famille qui possédait la seigneurie de Monceau au XVIIIe siècle; elle a conservé aussi un aspect faubourien qui jure avec les élégances voisines.

Quartier des Epinettes
Le Quartier des Épinettes, tout comme les peuples heureux, n'a pas d'histoire. Il y a un siècle et demi, il consistait principalement en terres labourables. La route de Saint-Ouen, se bifurquant avec relie de Clichy au lieu dit la Fourche, traversait ce canton qui, dès le XVIIe siècle, s'appelait les Epinettes. Peu à peu les champs ont disparu; d'importantes usines, des maisons de rapport s'y sont élevées.

Le square des Épinettes, a été ouvert le 10 juin 1894. Deux monuments s'y dressent: le premier est celui de Jean Leclaire, industriel philanthrope qui, vers 1840, associait ses ouvriers à la participation des bénéfices inauguré le 1er novembre 1896, il est l'oeuvre de Delon pour la sculpture, et de  Formigé pour l'architecture. L'autre est la statue que Barrias a élevée à la mémoire de Maria Deraismes, la vaillante apôtre des droits des femmes.

Très simple, comme il convient, l'église Saint-Michel est la paroisse du quartier. Il en est de plus fréquentées. Elle est située un peu en retrait de l'avenue de Saint-Ouen, vers la partie supérieure de cette voie. Un décret en date du 1er juillet 1897 a ordonné l'établissement d'un groupe scolaire « pour le service du quartier des Epinettes ». Au mois d'avril 1900, on a inauguré au n° 25 de la rue Lacroix, un abri de l'enfance. Le chemin de fer de Ceinture, inauguré en 1862, desservait autrefois cette région. (F. Bournon /  L. Launay).

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Dictionnaire Villes et monuments
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