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Paris
: IIIe arrondissement
Le Temple |
Le
IIIe arrondissement de Paris,
dit Le Temple, a un pourtour des plus simples, formé par
l'axe du boulevard de Sébastopol,
à partir de la rue de Rambuteau,
des boulevards Saint-Martin,
du Temple, des Filles-du-Calvaire,
la rue du Passage-de-la-Mule, l'axe de cette rue et de celles des Francs-Bourgeois
et de Rambuteau jusqu'au boulevard
de Sébastopol. C'est là un territoire de petite étendue
: 116 hectares, et seul, le Ile arrondissement
est moins grand encore
Historiquement, cette partie de la ville ne se bâtit qu'au XIIIe siècle : elle est, en effet, tout entière comprise dans l'enceinte de Philippe-Auguste et celle de Charles V; la première laissait en dehors de Paris tout ce qui est au delà, vers le nord-est, de la rue des Francs-Bourgeois; la seconde, représentée aujourd'hui par la rue de Meslay et la ligne des boulevards jusqu'à la Bastille, enferma donc cette région dans les limites de la capitale. On croira sans peine qu'elle était alors bien différente de ce qu'elle est devenue. Les vastes enclos de nombreux monastères et d'hôtels seigneuriaux, dont quelques-uns très considérables en occupaient la majeure partie : au centre seulement, des rues étroites et sans air, où la population s'entassait; à l'est, jusqu'au XVIIe siècle, des terres en culture maraîchère que l'on nommait déjà le Marais. A partir de la seconde moitié du XIXe siècle et encore au début du XXe siècle, le secteur a beaucoup perdu de son aspect pittoresque : d'importants travaux de voirie y ont été faits : le percement des rues Turbigo, Réaumur, l'élargissement de la rue Beaubourg, la trouée produite par le prolongement de la rue Etienne-Marcel. On y retrouve cependant encore bien des traits caractéristiques du vieux Paris. Quartier des Arts-et-Métiers.
La rue
Saint-Martin est la voie la plus ancienne du quartier, nous pourrions
presque dire de Paris, puisqu'elle est, on
le sait, avec la rue Saint-Jacques,
la voie romaine traversant la
Gaule du Nord au Sud; elle tire son nom du
célèbre prieuré de Saint-Martin-des-Champs,
dont le Conservatoire national
des arts et métiers occupe l'emplacement et même quelques
bâtiments anciens. Ce prieuré avait été fondé
en 1060, par Henri Ier,
sinon à la place, du moins en souvenir d'une chapelle
élevée jadis à l'honneur du saint, charitable qui
partagea son manteau avec un pauvre. La générosité
royale, et aussi l'esprit d'accroissement, en fit un des plus riches monastères
parisiens. Sa juridiction s'étendait sur la plus grande partie de
la rue Saint-Martin et du quartier environnant, le Beau Bourg, jusqu'au
Temple; de nombreux villages de la banlieue Nord et Est le reconnaissaient
pour seigneur. L'enclos du prieuré ne comprenait pas moins de 14
arpents qu'entourait une muraille crénelée et flanquée
de tourelles, datant du XIIIe siècle.
A l'angle de la rue du Vertbois se dresse une tour restaurée; une
autre d'aspect plus ancien peut également se voir, un peu plus loin
dans cette même rue.
Chevet de l'église Saint-Martin des Champs, à Paris. Dès 1705, la partie orientale de l'enclos avait été désaffectée et transformée en marché, qu'on supprima en 1811, pour le remplacer par une construction plus vaste, dont, Peyre fut l'architecte. Il était précédé d'une place, autrefois jardin du couvent, et où se faisait le commerce des oiseaux; l'Ecole centrale des arts et manufactures en occupera en 1884 la place (angle de la rue Montgolfier et de la rue Conté), avant de déménager en 1969 à Châtenay-Malabry. Quant au prieuré, il fut supprimé en 1790. On fut d'abord embarrassé de l'emploi de ces vastes bâtiments, et huit années s'écoulèrent dans cet embarras. Le 26 floréal an VI (15 mai 1798), la solution fut enfin trouvée : sur le rapport du célèbre abbé Grégoire, le Conseil des Cinq-Cents désignait l'ancien prieuré pour servir de local au Conservatoire des arts et métiers. L'idée de grouper les machines, les instruments utiles à la science et à l'art industriels n'était pas tout à fait nouvelle; l'honneur en appartient à Vaucanson qui, quelques années avant la Révolution, avait formé une collection de ce genre dans l'Hôtel de Mortagne (rue Charonne), où il avait admis le public à le visiter. Le Conservatoire national des arts et métiers conserve dans son périmètre l'église de l'ancien prieuré de Saint-Martin des Champs. Le square des Arts et Métiers, situé
en face du Conservatoire, a été créé à
la fin de l'année 1857; les dépenses de tout genre que son
aménagement a nécessité s'élevèrent
à 320 000 F. Au milieu du square - en souvenir de la prise de Sébastopol
- se dresse une colonne surmonté de
la Victoire couronnant le drapeau français. Sur la face méridionale
a été construit en 1862 le théâtre municipal
de la Gaîté, qui traverse tout le pâté de maisons
jusqu'à la rue Réaumur. La façade du théâtre
est décorée de pilastres composites
et d'un double rang d'arcades cintrées
séparées par des colonnes de
marbre; un fronton
assez riche en sculptures couronne l'attique.
Plus au Sud, sur la rue Saint-Martin, on rencontre l'église de Saint-Nicolas des Champs, qui étend sa longue nef parallèlement à rue Réaumur et son abside vient se terminer sur la rue Turbigo. Elle est de style composite; la façade sur la rue Saint-Martin, sobre et simple, date de 1420; celle de la rue Réaumur est de 1576, époque où l'édifice dut être considérablement agrandi, à cause du nombre croissant des fidèles. On s'expliquerait difficilement le voisinage si rapproché de deux grandes églises, celle de Saint-Nicolas-des-Champs et celle de Saint-Martin-des-Champs, si l'on ne savait que la premiere seule était paroisse (elle l'est restée) et l'autre monastique. Une troisième église, celle de Sainte-Elisabeth, doit aussi être signalée dans le quartier; c'était autrefois la chapelle d'un couvent de femmes. Elle a été construite au XVIIe siècle. Entre le Conservatoire
et le boulevard Saint-Martin, trois voies à peu près de même
longueur s'alignent parallèlement de la rue Saint-Martin à
celle du Temple. Toutes trois sont
anciennes. La rue du Vertbois existait déjà au XVIe
siècle; son nom lui vient-il, comme le répètent tous
les étymologistes, d'un bois vert qui, de ce côté,
terminait l'enclos du prieuré? Cela est possible; nous croirions
plutôt, cependant, à une enseigne. De la rue
Volta à la rue du Temple, elle se nommait rue Neuve-Saint-Laurent,
vocable inexpliqué. La rue
Notre-Dame de Nazareth doit son nom à un couvent des Pères
de Notre-Dame de Nazareth, dont elle occupe à peu près l'emplacement.
Cette maison monastique avait été fondée en 1630 et
disparut en 1799. Quant à la synagogue,
qui se trouve dans cette rue, elle date, dans son état actuel, de
1852. La rue Meslay est la plus calme
des trois voies. Elle s'appelait autrefois rue des Remparts en référence
à ceux qui la bordaient et dont le tracé est aujourd'hui
celui des boulevards. L'une des principales demeures qui s'y construisirent,
au XVIIe siècle, appartenait à
M. de Meslay, d'où son nom.
Sculpture de Volti, place Théodor Herzl (angle des rues Réaumur et de Turbigo). La rue
Volta a absorbé, depuis 1851, sous le patronage de l'inventeur
de la pile électrique (Alexandre
Volta), trois dénominations de rues qui créaient une
relation perpendiculaire avec les voies dont nous venons de parler
: les rues Fripillon, de la Croix et du Pont-aux-Biches. Cette dernière
tenait son nom de ce que des biches étaient peintes sur une enseigne.
Avant le percement de la rue de Turbigo, dans les années 1860, était,
à l'angle de cette dernière rue et de la rue Volta, la prison
les Madelonnettes, côté opposé aux ancien locaux de
l'Ecole centrale. C'était d'abord un couvent, fondé en 1620,
pour donner asile aux filles repentantes; mais le repentir des Filles de
la Madeleine était rarement définitif, et de repentance en
récidive, le couvent devint bientôt une véritable maison
de détention que le lieutenant-général de police alimentait
largement de pensionnaires, filles nobles, femmes mariées et autres.
La Révolution consacra le caractère
de l'établissement en en faisant officiellement une prison de femmes.
A partir de 1830, on remplaça les femmes par des hommes.
La vogue fut tout de suite très
grande en faveur du nouveau quartier; tout le monde aurait voulu y avoir
son logis, à défaut d'hôtel. L'artère principale
fut, dès l'origine, la rue de
Turenne, que l'on nommait alors rue Saint-Louis, et même grande
rue Saint-Louis (la dénomination actuelle date de 1865, après
avoir été donnée une première fois en 1806
et retirée en 1814). Turenne y demeura
vers 1660; en 1675, son hôtel passa au cardinal de Bouillon, qui
le vendit, quelques années après, aux religieuses du Saint-Sacrement,
ses voisines, pour être annexé à leur monastère.
L'église de ce monastère a été conservée
comme paroisse sous le vocable de Saint-Denis
du Saint-Sacrement; c'est une construction des plus médiocres.
Depuis la rue de Turenne, par la rue de Villehardouin
(statue de la Vierge à l'angle) et via le rue de Hesse, on accède
à un petit square, le Jardin Saint-Gilles-Grand-Veneur.
L'enceinte de Philippe-Auguste, nous le disions en tête de cette page, était sensiblement parallèle aux rues des Francs-Bourgeois et de Rambuteau, qui aujourd'hui font la limite entre le IIIe et le IVe'arrondissement. Arrivée presque à la hauteur de la rue de Sévigné, elle faisait un angle droit dans la direction du Sud pour gagner la Seine. Peu d'années après sa construction, un prieuré important, celui de Sainte-Catherine-du-Val des-Ecoliers, vint s'établir dans les terrains en culture qu'elle laissait en dehors de son tracé, d'où le nom de rue Culture SainteCatherine, qui n'est devenue qu'en 1807 rue de Sévigné. Nous n'avons à évoquer ici que de la partie de cette rue comprise entre la rue des Francs-Bourgeois et celle du Parc-Royal; elle n'est pas longue, mais elle contient, entre autres, l'Hôtel Carnavalet (ou vécut quelque temps Madame de Sévigné, et qui est aujourd'hui le musée de la Ville de Paris) et l'Hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau. On y voyait autrefois l'Hôtel de Flesselles. La rue
Payenne circonscrit à l'ouest les deux premiers édifices
que nous venons de décrire. A son extrémité Nord,
on retrouve la rue du Parc-Royal,
elle aussi courte, mais très riche en hôtels particuliers;
de là, il faut errer un peu à l'aventure; nous sommes en
plein coeur du Marais, et à chaque pas se présentent des
constructions qui, visiblement, ne furent pas faites pour la destination
industrielle qu'elles ont aujourd'hui. Parmi les hôtels restés
debout, il faut citer l'hôtel Salé, à l'angle de la
rue de Thorigny et de celle des
Coutures-Saint-Gervais,
d'un luxe de haut goût, grâce surtout à son escalier
superbe; il fut construit par Levau (1656) pour
un certain Aubert de Fontenay, traitant enrichi dans les gabelles,
c'est-à-dire dans l'impôt du sel; d'où le nom satirique
donné par le peuple à sa demeure. L'hôtel Salé
fut, de 1829 à 1884, le siège de l'École centrale
des arts et manufactures, qui s'installa ensuite rue Montgolfier. Il abrite
aujourd'hui le Musée Picasso.
Presque en face, est le bel Hôtel
de Rohan, qui a autrefois abrité l'Imprimerie nationale. Cet
hôtel avait été construit par Armand-Gaston de Rohan,
cardinal et évêque de Strasbourg,
prélat ami des arts, qui fit appel aux meilleurs artistes pour embellir
sa résidence. On y admire, outre de beaux lambris sculptés,
deux
Les Archives Nationales, côté rue des Quatre-Fils. Ci-dessous, la Porte de Clisson, rue des Archives, et l'entrée de la rue des Francs-Bourgeois.
Dans le même bloc de maisons, mais donnant sur la rue des Archives, la rue des Francs-Bourgeois et la rue des Quatre-Fils, on trouve les Archives Nationales, qui. occupent l'Hôtel de Soubise. On pourrait même donner à l'immeuble le titre de palais, à voir sa majestueuse cour d'honneur où évoluaient à l'aise les carrosses royaux et princiers, à parcourir ses salons si élégamment décorés par des sculpteurs tels qu'Adam et Lemoine, des peintres tels que Restout, Boucher, Natoire, Van Loo. Sur son emplacement s'éleva d'abord le logis du connétable Olivier de Clisson, bâti par lui vers 1370, grâce aux libéralités de Charles V. De cette première construction a subsisté la charmante porte ogivale flanquée de deux tourelles en encorbellernent, qui, sur la rue des Archives, fait face à la rue de Braque, - le dernier témoin resté debout à Paris de l'architecture civile du XIVe siècle. Les Archives de l'État occupent l'immeuble depuis 1808; on a dû y adjoindre successivement de nouveaux bâtiments, dont le plus récent, et d'une architecture toute contemporaine, est sur la rue des Quatre-fils. Après ces monuments, il convient
de signaler l'ancien cloître des Minimes
de la rue de Béarn (devenu ensuite une caserne) et les hôtels
des XVIIe
et XVIIIe
siècles des rues des Archives,
Charlot, de Saintonge, de Turenne,
etc.
Une façade de la rue des Francs-Bourgeois. Quartier Sainte-Avoie.
Dans cette région si dense du vieux
Paris restent encore de curieux souvenirs, et en
"Nous homes et femes laboureurs demeurans ou porche de ceste maison qui fut fée en l'an de grâce mil quatre cens et sept somes tenus chascun en droit soy dire dire tous les jours une patenostre et l'ave Maria en priant, Dieu qui de sa grâce pardoint aux poures pescheurs trespassez. Amen." La maison dite de Nicolas Flamel, à Paris. La maison vis-à-vis passe pour plus ancienne encore. De même il suffit de se promener dans les rues du Grenier-Saint-Lazare (corruption d'un nom d'habitant au XIIIe siècle, Garnier de Saint-Lazare), Chapon (également nom d'homme du XIIIe siècle), Rue Michel-Le-Comte (même origine), pour distinguer d'anciens hôtels offrant quelque intéressant détail d'architecture. D'autres constructions anciennes sont à
signaler rue du Temple, surtout
l'hôtel de Montholon au n° 79 de cette dernière rue, puis
rue de Braque et rue
des Archives, et Rue Saint-Martin
où se voient de jolies façades
du XVIIIe
siècle. Une portion du quartier, à l'Ouest, rénovée
dans les années 1970, au moment de la construction du centre Beaubourg,
porte le nom de quartier de l'Horloge.
de Jacques Monestier (1975). Quand elle n'est pas en panne, ses éléments se mettent en mouvement trois fois par jour. Quartier des Enfants-Rouges.
La mairie du IIIe arrondissement. -Après
ce jardin, c'est le marché du
Temple qui doit encore être signalé dans ce quartier.
Il s'agit d'une haute construction en fer qui comprenait naguère
2400 boutiques, et, dans sa partie supérieure, le « carreau
». A cela s'ajoutent plusieurs hôtels intéressants :
l'hôtel de Tallard avec son bel escalier du XVIIIe
siècle au n° 78 de la rue
des Archives; les hôtels du XVIIIe
siècle également de la Rue
Portefoin, et surtout ceux de la rue
Charlot (formée des anciennes rue
d'Orléans-au-Marais et de Berry), particulièrement l'hôtel
Bayard (n° 58) et l'hôtel de Mascarani du XVIIIe
siècle et très bien conservé (n° 83). Rue de Saintonge,
n° 45, est à remarquer une construction du XVIIe
siècle. (F. B.).
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