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Le Palais de Justice |
Palais de Justice, de Paris. - Cet édifice, aujourd'hui entièrement affecté aux services judiciaires, s'élève en partie sur l'emplacement d'anciennes constructions, les plus anciennes peut-être qui aient existé dans la cité et, dans l'ancienne ville gallo-romaine de Lutèce. Là, en effet, à côté d'autres édifices, dont on a retrouvé, à diverses époques, les substructions et d'importants et nombreux motifs d'architecture et de sculpture, dut exister, aux premiers temps de la conquête romaine, une forteresse servant éventuellement de résidence au gouverneur romain, et si le césar Julien, dans les séjours qu'il fit à Lutèce, préféra habiter le palais des Thermes, si les rois mérovingiens et carolingiens préférèrent tenir leur cour dans de grandes villas dont les emplacements nous sont connus, en revanche, les premiers rois capétiens firent du palais de la Cité le premier siège de la monarchie. - La rue de Harley et la façade occidentale du palais de Justice. (© Photo : Serge Jodra, 2010). Louis Il dut même faire reconstruire entièrement ce palais, devenu trop étroit pour l'habitation des nombreux officiers de tous rangs qui vivaient dès cette époque à la cour, et Phillippe le Bel acheva l'oeuvre de son aïeul. Ce n'est que lorsque Charles V eut abandonné ce palais de la Cité pour le château royal du Louvre que ce palais devint entièrement affecté aux services judiciaires et financiers dont, au-dessus de tous les autres, le Parlement et la Cour des comptes. Deux terribles incendies, l'un en 1618, qui détruisit l'ancienne Grande salle gothique et en amena la reconstruction par Salomon de Brosse, et l'autre en 1776, qui fut suivi de la construction de bâtiments autour de la cour du Mai, sur la rue de la Barillerie, aujourd'hui boulevard du Palais, modifièrent considérablement l'aspect du palais, lequel fut remanié et agrandi pendant plusieurs décennies, et encore après l'incendie de 1874; mais une gravure de Guillaumot, d'après un dessin de Fichot, dans la Description archéologique des Monuments de Paris de Guilhermy (Paris, 2e édit., 1856, in-12, p. 302) nous montre le Palais de Justice, dit le Palais en l'île, tel qu'il était encore au commencement du règne de Louis XVI avec une vaste cour intérieure, sur laquelle faisait saillie la Sainte-Chapelle, d'autres plus petites, les deux portes ogivales sur la rue de la Barillerie, l'église de Saint-Michel, la tour de l'Horloge et les toitures des tours du côté septentrional de la Seine, la salle des Pas-Perdus et le logis de la Chambre des comptes. L'entrée principale du Palais de Justice, avec, à gauche, la sainte-Chapelle. (© Photos : Serge Jodra, 2008 - 2010). Depuis cette époque, des constructions de grande hauteur ont défiguré cet aspect pittoresque; Louis XVI a fait bâtir par le sieur des Maisons, son architecte, les façades des bâtiments de la cour du Mai et, sous les gouvernements qui se sont succédé pendant un demi-siècle, Duc et Dommey, d'abord, ont retrouvé et reconstruit toute la partie du palais avoisinant la tour de l'Horloge; Duc a fait élever les bâtiments de la Police correctionnelle entre la cour de la Sainte-Chapelle et la rue de ce nom, la Cour d'assises et la nouvelle salle des Pas-Perdus ou vestibule de Harlay, sur la place Dauphine; la Cour de cassation et la prison cellulaire sur le quai de l'Horloge, pendant que Diet faisait élever le bâtiment de la Préfecture de police aujourd'hui enclavé dans le palais, du côté du quai des Orfèvres, et que, à la fin du XIXe siècle, Daumet poursuivit la reconstruction de la Cour d'appel. Par suite, de l'installation de tant de services divers au Palais de Justice, il est intéressant de noter que cet ensemble considérable de travaux de construction ou d'entretien a nécessité des crédits importants imputables sur des budgets différents : Etat, département et ville de Paris, ministères de la Justice, de l'Intérieur et de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, suivant qu'il s'agit de la Cour de cassation, de la Cour d'appel, de la Cour d'assises, du Tribunal civil et correctionnel ou de première instance, du Tribunal de simple police, du Dépôt des prisonniers et aussi de la Sainte-Chapelle, monument historique classé et restauré depuis un siècle et demi par Lassus, Viollet-le-Duc, Duban et Boeswillwald. Palais de Justice de Paris (plan du premier étage, 1899). La figure ci-dessus, empruntée à l'Agenda de la Cour d'appel de Paris pour 1899 et qui n'est, avec quelques modifications, qu'une réduction du grand plan dressé par Huyot et modifié par Duc, lors du commencement des travaux de reconstruction du Palais de Justice, fait bien voir l'enchevêtrement de juridictions et aussi les grandes divisions qu'occupent ces juridictions dans le Palais de Justice encore aujourd'hui pour une grande part, et dispense d'une plus longue et trop spéciale énumération de ces services. (Ch. L.). Le Palais de Justice au XIXe siècle, par Henri Courvoisier-Voisin. |
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