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Naupacte (Lépante)

Naupacte (Naupaktos, Epaktos; ital., Lepanto). - Ville maritime de Grèce, nome d'Acarnanie et Etolie, au Nord et Ă  l'entrĂ©e du golfe de Corinthe. Murailles vĂ©nitiennes, ruines d'un chĂ teau, port ensablĂ©. Les deux châteaux ruinĂ©s des Petites-Dardanelles s'Ă©lèvent Ă  l'entrĂ©e du golfe. 

Naupacte fut dans l'Antiquité un port important par sa situation stratégique. On racontait que les Héraclides y avaient construit leur flotte. Il fut occupé par les Athéniens sur le territoire des Locriens Ozoles en 455 et peuplé de Messéniens exilés. Ce fut un point d'appui des escadres athéniennes dans la guerre du Péloponnèse; elles y furent victorieuses à plusieurs re prises. Après les désastres d'Aegos Potamos, les Locriens la reprirent; les Achéens s'en emparèrent; Epaminondas les en chassa. Philippe de Macédoine la donna aux Étoliens, auxquels les Romains l'enlevèrent en 191 pour la restituer aux Locriens.

L'empereur Manuel la céda aux Vénitiens, dont elle fut une des principales forteresses; 30.000 Turcs l'assiégèrent vainement quatre mois en 1477. Bayezid Il s'en empara en 1499. Le 7 octobre 1571 fut livrée dans ses eaux la fameuse bataille de Lépante. La flotte chrétienne équipée par l'Espagne, le pape Pie V et Venise, commandée par don Juan d'Autriche, détruisit la flotte turque; elle comptait 250 navires montés par Antonio Colonna, Andrea Doria, Barberigo, Sebastien Veniere, etc. Le capoudan-pacha Mouezzin-Zadé-Ali en comptait un nombre beaucoup plus grand; il attendit l'attaque le long de la côte de Morée; on se battit avec acharnement, à l'abordage; la mort du capoudan-pacha et la prise de son vaisseau décidèrent la victoire des alliés; ils perdirent 15 galères et 8000 hommes, mais il n'échappa que 40 galères musulmanes. 30.000 Turcs périrent. 1500 esclaves chrétiens attachés à la chiourme furent délivrés.

L'effet moral de ce succès fut immense, mettant fin au prestige des armes ottomanes, qui perdirent la supériorité sur mer. Les effets immédiats furent minimes. Lépante fut repris aux Turcs qui ne l'enlevèrent. tout à fait aux Vénitiens qu'en 1699. Le 27 mars 1829, les Grecs en prirent possession. (A.-M. B.).



Jean Pagès, La bataille de LĂ©pante, Atlantica, 2011. - La dĂ©couverte en Espagne d'un manuscrit anonyme consacrĂ© Ă  la bataille de LĂ©pante, composĂ© par, vraisemblablement, un tĂ©moin direct, apporte une connaissance inĂ©galĂ©e Ă  cette bataille qui a donnĂ© un coup d'arrĂŞt Ă  l'expansion ottomane en MĂ©diterranĂ©e ; mais non sur la terre, car il fallut attendre son Ă©chec devant Vienne, en 1683 pour marquer son arrĂŞt en Europe. LĂ©pante a aussi montrĂ© que les royaumes chrĂ©tiens pouvaient s'unir face Ă  une menace qui mettait en pĂ©ril leur propre civilisation. Le rĂ©dacteur nous fait suivre en direct sa prĂ©paration et son dĂ©roulement d'un cĂ´tĂ© comme de l'autre, avec un souci de dĂ©tails qui donne la vĂ©ritable mesure de son enjeu. Nous croyons entendre le fracas des galères qui s'Ă©crasent les unes contre les autres, le grondement des canons, les cris des combattants et hĂ©las les hurlements des blessĂ©s. L'Anonyme fait preuve d'une connaissance de la politique de l'Ă©poque, de la stratĂ©gie navale et dĂ©crit les manoeuvres comme les trouvailles des opposants. La bataille qui opposa le 7 octobre 1571, la flotte des Ottomans et celle de la Ligue, se dĂ©roula, non pas Ă  LĂ©pante (aujourd'hui Naupaktos), mais en rĂ©alitĂ© dans le golfe de Patras. CommandĂ©e par Don Juan d'Autriche, la flotte de la Ligue Ă©tait composĂ©e de 4 galĂ©asses et 192 galères des chevaliers de Malte, de Venise, de Florence, de Naples, de Sicile et du Saint-Siège De leur cĂ´tĂ©, les Turcs, sous le commandement d'Ali Pacha alignaient 198 ou 230 galères et galiotes. L'affrontement fut spectaculaire. De la ligue, on compta 7 650 morts dont 73 chevaliers de Malte, 2 000 Espagnols, 800 hommes attachĂ©s au pape et 4 800 VĂ©nitiens, et 7 785 blessĂ©s. Les Ottomans perdirent 30 000 ou 40 000 hommes, eurent quelque 8 000 prisonniers. 12 000 esclaves chrĂ©tiens furent libĂ©rĂ©s. Douze galères de don Juan manquèrent Ă  l'appel, 190 galères turques furent capturĂ©es, incendiĂ©es, Ă©chouĂ©es ou coulĂ©es, et 450 canons perdus. Le retentissement de la victoire de la Ligue fut immense en Europe. Le mythe du Turc invincible Ă©tait dissipĂ©. 
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Dictionnaire Villes et monuments
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