| Lodève est une ville de France, dans le département de l'Hérault, au confluent de la Lergue et de la Souloudre. Population : 6800 habitants. L'ancienne cathédrale dédiée à Saint-Geniès date des XIIIe-XIVe siècles; façade avec tour carrée; le portail principal a été refait au XVe siècle. A l'intérieur, nef flanquée d'un seul collatéral complet, l'autre est resté inachevé. Au bas de la nef, chapelle latérale, crypte ancienne. Tombeau de Plantavit de La Pause. Cloître en partie roman, restauré au XVIIe siècle. Evêché du XVIIe siècle, vieux pont sur la Souloudre. Outre l'église cathédrale, Lodève renfermait les établissements religieux suivants : cordeliers (fond. dès 1227), carmes (vers 1240), dominicains (1324), récollets (1607), ursulines (1650), collège de doctrinaires (1650). Enfin l'abbaye de Saint-Sauveur, fondée, semble-t-il, par saint Fulcrand, soumise quelques années, à dater de 1365, à Saint-Victor de Marseille, détruite au XIe siècle, rétablie au XVIIe. Ruines du chàteau de Montbrun. Le cardinal Fleury est né à Lodève. Ville très ancienne, citée par Pline dans sa liste des cités de droit latin de la province romaine, elle s'appelait aussi Forum Neronis, mais le nom ancien a persisté. Vers l'an 400, elle est nommée par la Notitia, sous le nom de civitas Lutevensium. Vers 462, elle tombe avec toute la Narbonnaise première au pouvoir des Wisigoths; conservée par eux après Vouillé, elle est conquise et occupée par les Francs de Théodoric, roi de Metz (533); réoccupée par les Goths sous Léovigilde, elle fait de nouveau partie intégrante de la monarchie de Tolède jusqu'au début du VIIIe siècle. Réunie sous Pépin le Bref au royaume franc, Lodève devient chef-lieu d'un comté, qui fait partie de la Septimanie ou marquisat de Gothie, puis du royaume carolingien d'Aquitaine. Vers la fin du IXe, et au début du Xe siècle, ce comté est réuni au titre de marquis de Gothie; à la fin du XIe siècle, le titre de comte de Lodève est porté par le comte de Toulouse, Guillaume, frère de Raimond de Saint-Gilles. Aux comtes se sont substitués, en Lodévois, des vicomtes, dont la famille s'est fondue dans celle des vicomtes de Carlat en Auvergne; ces derniers deviennent à la fin du XIe siècle comtes particuliers de Rodez et vicomtes de Millau et tiennent leurs domaines du comte de Toulouse, duc de Narbonne. Cette famille de Rodez a bientôt à lutter contre l'influence des évêques de Lodève qui parviennent à l'expulser du pays; dès 1467, la moitié de l'ancien château vicomtal des Montbrun appartient au prélat; toujours besogneux, le vicomte s'endette vis-à-vis de son compétiteur et en 1186 il vend à l'évêque Raimond tous ses droits et possessions dans le pays pour la somme de 60,000 sous. Dès le début du XIIIe siècle, l'évêque de Lodève est maître incontesté du territoire, et la plupart des châteaux et seigneuries relèvent de lui; les rois de France lui ont concédé le droit de battre monnaie et d'exercer les droits régaliens. On a même quelques spécimens de la monnaie épiscopale an type de saint Fulcran, évêque au Xe siècle. La ville de Lodève ne jouit jamais de libertés bien étendues; en 1207, dans une révolte des habitants, amenée par le retrait d'une charte précédemment consentie, l'évêque Pierre III est tué; sa mort est cruellement vengée par le seigneur de Clermont, qui rétablit dans toute son étendue l'autorité ecclésiastique. En 1261, des statuts municipaux sont rédigés par les soins de Gui Foulcois, plus tard pape sous le nom de Clément IV; sans recevoir le droit d'élire des consuls, les habitants obtiennent celui de déléguer pour chaque affaire des syndics provisoires, désignés en assemblée générale et chargés de défendre les intérêts de la communauté. Ce droit bien minime est supprimé en 1314 par Louis X à la requête de l'évêque Guillaume Il. L'histoire de Lodève pendant la Guerre de Cent ans est assez obscure, mais le pays prend naturellement sa part de tous les maux que souffre le Languedoc. Un acte du début du XVe siècle (1405) nous apprend qu'à cette date on avait rétabli le consulat et que les consuls avaient le droit de désigner le capitaine de la ville que l'évêque nommait. En 1562, une première tentative des protestants pour s'emparer de la place est heureusement repoussée par l'évêque Claude Briçonnet, mais onze ans plus tard, en 1573, les calvinistes emportent la ville et la saccagent; les églises sont pillées, les reliques profanées; Lodève reste en leur pouvoir jusqu'en 1577; mais, dès lors, les deux partis se partagent l'autorité et en 1582 on parle de deux consuls, l'un catholique, l'autre protestant. En 1585, le duc de Montmorency prend la ville, occupée parles ligueurs; plus tard, en 1632, Lodève se rallie à la cause de Gaston d'Orléans; les habitants obtiennent peu après leur pardon du roi; mais l'évêque, le célèbre Plantavit de La Pause, poursuivi criminellement, échappe à grand peine au châtiment. (A. Molinier). | |