| Limoux (Limosus) est une commune du département de l'Aude, sur l'Aude; 9400 habitants. Cité pour la première fois dans un diplôme de 854, le lieu était pourtant habité dès l'époque romaine, à en juger par les débris qui couvrent le sol; une partie de la ville actuelle s'est appelée jusqu'au XIIIe siècle Flacianum. Limoux, étant dans le comté de Razès, suit le sort de ce territoire, appartient successivement à des comtes francs, puis aux comtes et aux vicomtes de Carcassonne. En 881, l'église Sainte-Eulalie est donnée par le roi Carloman à Saint-Just de Narbonne; plus tard elle est attribuée à l'abbaye de Saint-Hilaire du Lauquet par le comte Roger. En 1115, le vicomte Bernard Aton acquiert une partie du domaine de la petite ville; elle est alors administrée par des bailes, qu'un jugement rendu en 1152 contre l'un d'eux accusé de concussion, qualifié de ministri. En 1157, Louis VII confirme à l'église de Narbonne la possession du lieu, c.-à-d. de l'église de Limoux. Dès cette époque cette ville est devenue la principale du comté de Razès. En 1192, le vicomte Roger II exempte les habitants du droit de mainmorte, et les autorise à faire librement leur testament. En 1207, l'église Saint-Martin est enlevée aux bénédictins de Saint-Hilaire et donnée à la nouvelle communauté de Prouille, fondée par saint Dominique. Après la prise de Carcassonne, en 1209, Limoux est occupée par Montfort qui la transporte dans la plaine de l'Aude et en donne la seigneurie à l'un de ses meilleurs capitaines, Lambert de Thury, qui prend dès lors le nom de Lambert de Limoux. Dès 1222, Limoux était revenue à ses anciens maîtres et avait réoccupé la colline où s'élevait l'ancien château. En 1226, elle se soumet un instant aux officiers royaux, pour se rallier l'année suivante à la cause du seigneur légitime, Trencavel. Soumise encore une fois après le traité de Paris (1229), Limoux reçoit de nouveau dans ses murs le jeune vicomte en 1240. Les héritiers de Lambert de Limoux n'étaient plus dès lors seigneurs de la ville; elle fait partie à dater de 1231 de l'assise de Pierre de Voisins, seigneur français, ancien serviteur des Montfort et entré aux gages de la couronne. Divers actes des enquêteurs de saint Louis règlent un peu plus tard le montant de la taille annuelle due par les habitants, et ceux-ci, pour expier leur participation à l'hérésie, commencent en 1256 la reconstitution de l'église Saint-Martin. Limoux appartenait toujours à la famille de Voisins; à la suite de longs et sanglants démêlés entre le seigneur Guillaume et les habitants, Guillaume la cède à Philippe le Bel en 1296. Un peu plus tard les consuls prennent part à la révolte de 1304 amenée par les excès des inquisiteurs; la trahison est sévèrement punie; une quarantaine d'habitants, dont les consuls, sont pendus l'année suivante, et le consulat est supprimé. Il sera du reste rétabli dès 1307. Ces consuls élus par les notables rendaient la justice criminelle sous la présidence du viguier royal et réglaient la police de la ville. En 1317, Jean XXII érige Limoux en cité épiscopale, mais les dominicains de Prouille qui possédaient l'église de Saint-Martin, nouvelle cathédrale, protestent hautement et le nouvel évêché est transféré à Alet. Une ordonnance royale de 1319 remanie les limites de la viguerie royale de Razès, chef-lieu Limoux, et ce siège subsistera jusqu'au XVIIe siècle, temps où il sera transformé en sénéchaussée avec présidial. Durant les années suivantes, la ville est désolée par des inondations de l'Aude, contrarié dans son cours par les barrages et les moulins des religieuses de Prouille; l'autorité royale doit intervenir pour retablir la paix et rappeler les nonnes au respect des droits d'autrui. La peste noire éprouve ensuite la ville, qui doit se fortifier pour résister aux invasions des Anglais et des routiers, ce qui ne l'empêche pas d'être prise, pillée et incendiée par le prince Noir en 1355. Reconstruite et fortifiée à nouveau durant les années suivantes, elle a du reste à supporter sa part de tous les maux qui accablent alors le pays : impôts extraordinaires, exactions des gens d'armes, ruine du commerce, etc. Au début du XVe siècle, on reconstitue le diocèse civil de Limoux, réuni à celui d'Alet; les deux diocèses restent unis jusqu'en 1660. Dès le début des Guerres de religion (1562), les calvinistes occupent fortement la ville que les catholiques reprennent après un siège en règle, et qui est mise à sac. Le parti catholique, puis ligueur, reste définitivement le maître, et en 1588 les Etats languedociens de la Ligue s'y tiennent dans le réfectoire des Cordeliers; le présidial de Carcassonne y siège de 1588 à 1590. Enfin en 1596, elle se soumet à Henri IV. Plus tranquille sous la minorité de Louis XIII, Limoux a néanmoins à souffrir de la peste et perd une partie de ses privilèges; la juridiction du viguier royal est accrue aux dépens de celle des consuls. Le collège des doctrinaires est établi en 1646; il subsistera jusqu'à la Révolution; en 1674, création de l'Hôpital général. Au siècle suivant, la ville perd les derniers vestiges de ses libertés par la création d'un maire perpétuel. Eglise reconstruite en partie au XIIIe siècle, consacrée au XVe, terminée au XVIIe; clocher du XVe siècle. - Tout près, l'église de Notre-Dame de Marseille (XIIIe-XIVe siècles), lieu de pèlerinage. Draperies florissantes dès le XIIIe siècle. Vignobles célèbres sous le nom de Blanquette de Limoux. Lieu de naissance de Fabre d'Eglantine et d'Alexandre Guiraud. (A. Molinier). | |