| Gâble (architecture). - Terme de charpenterie désignant la figure triangulaire formée par les deux arbalétriers d'un comble. Passé dans la maçonnerie, le mot gâble s'appliqua d'abord, dans les constructions romanes, au pignon sobrement décoré, élevé au-devant d'un comble dont il recevait les abouts des pannes, et servant à masquer ce comble; puis, à partir du milieu du XIIIe siècle et pendant toute la fin de la période gothique, on appela gâble tout motif ornemental de forme triangulaire et rappelant un pignon, mais souvent ajouré, dentelé et orné de sculptures, placé au-devant d'une construction sans faire corps avec elle et surmontant les arcatures ogivales des baies de portes et de fenêtres et aussi des niches et des galeries. - Gâble du portail Sud de Notre-Dame de Paris. (© Photo : Serge Jodra, 2009). La fantaisie parfois si décorative des maîtres constructeurs et imagiers du Moyen âge ne manqua pas de se donner libre carrière pour les proportions, le couronnement, l'ajourement et aussi la décoration des gâbles, et si, au XIIIe siècle, le portail méridional de Notre-Dame de Paris montre un gâble aigu terminé par un fleuron et sur les pentes duquel courent une suite de redants reliés par des fleurs de lis tandis que l'intérieur du tympan est occupé par un grande rosace ajourée et par trois plus petites vers les angles du triangle, le gâble du portail central de la façade occidentale de Notre-Dame de Reims a son tympan occupé par une scène sculptée en ronde bosse représentant le couronnement de la Vierge, et les arêtes du gâble disparaissent sous une suite ininterrompue de dais surmontés de clochetons avec, un peu en arrière, un fleuron de grande élévation. A la cathédrale de Rouen, au contraire, une part plus grande est faite aux rosaces et aux lobes ajourés, tandis qu'au commencement du XVIe siècle, lors des travaux de décoration du grand portail de la cathédrale de Troyes, le gâble de la porte centrale, beaucoup plus élevé et très aigu, renfermait, dans des niches et posées sur la tablette horizontale formant comme une base à son tympan, trois statues représentant, d'après les comptes de la fabrique, « Notre-Dame-de-Pitié, Jehan et la Madeleine », statues dues au ciseau de Nicolas Halyns, l'auteur de nombreuses hystoires ou ymaiges sculptées en diverses parties de la cathédrale. Les gâbles surmontant les fenêtres et les dais des niches ou les arcatures des galeries étaient plus rarement ornés de sujets sculptés; mais ils étaient généralement découpés de trèfles ou de roses et de lobes ajourés avec des crochets courant le long des pentes et s'amortissant sur le fleuron du sommet. Quelquefois encore, mais dans les derniers temps de l'ère ogivale, le contour du gâble fut légèrement concave au dehors et même présenta une brisure ou un renflement assez accentué. (Ch. Lucas). | |