| Delhi, Dilli, primitivement lndra-Prast'ha (c.-à-d. demeure d'Indra). - Grande ville de l'Hindoustan (Nord de l'Inde), jadis capitale du royaume du Delhi et de toute la monarchie des grands Moghols, à 1300 kilomètres au Nord-Ouest de Kolkata (Calcutta), à 180 kilomètres au Nord-Ouest d'Agra, située sur la rive droite de la Yamunâ, principal affluent du Gange, dans une plaine peu accidentée. Population : 12,5 millions d'habitants. Attenante à la vieille ville (Old Delhi) se trouve New Delhi, construite par les Anglais à partir de 1911, et qui est aujourd'hui la capitale de l'Inde; 292 000 habitants. La ville de Delhi, fondée par Chahdjikanabad en 1534, est régulière, bien bâtie à larges rues, fortifiée de remparts bastionnés. Dans la rue principale, le Tchandni-Tchok, qui traverse la ville de l'Est à I'Ouest, se trouvent les bazars de l'orfèvrerie, des châles, des gazes, des étoffes brochées d'or, des coffres et meubles ciselés et incrustés de laque, cordonnerie renommée, toutes industries de Delhi. A l'extrémité orientale de la ville, au bord de la Yamunâ, se trouve l'ancien palais impérial, espèce de citadelle très vaste, renfermant une infinité d'édifices de marbre, mosquées, etc. Il ne reste que peu de choses de cette ancienne splendeur asiatique; les Anglais ont presque tout fait disparaître afin d'effacer le souvenir des padichahs de l'Inde. On voit encore dans la ville moderne la magnifique mosquée, cathédrale en marbres blancs, roses et noirs, la mosquée Noire, etc. La vaste plaine qui s'étend au Sud de Delhi est une véritable merveille. C'est là que vingt villes se sont succédé à la fantaisie des conquérants, depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, en laissant de nombreux et splendides monuments. C'est le musée archéologique de l'Inde couvrant une superficie de 125 km², où l'on trouve réunis les plus beaux spécimens des divers styles d'architecture indienne, ancienne et moderne. Citons parmi ces monuments historiques : le palais impérial de Ferose III (1351), saccagé par Tamerlan en 1393, et surmonté du célèbre monolithe d'Açoka, datant de 250 ans av. J.-C.; la mosquée de Daolat Lodi (1415); le mausolée de l'empereur Houmayoum (1554); l'immense observatoire du roi astronome Djeï Singh (1728); le tombeau de Safdar Djang, nabab d'Aoudh (1748); la mosquée de Nizam-Oudin (1321) ; le beau groupe du Koutab, comprenant le minaret du Koutab et la superbe Djama Masdjed, édifiés par l'empereur Koutab-Oudin (1205-1210) ; la belle porte d'Aladin (1295); le mausolée d'Allamach (1210); les colonnades de Pirthi Radj remontant au IVe siècle et les colonnes de fer de 14 m de hauteur, érigées par le roi Dhava (317) et enfin les constructions cyclopéennes du Delhi de Toglak ler (1321). D'après les chroniques légendaires, l'ancienne ville, qui s'appelait Indrapeehta, daterait du XXXe siècle avant notre ère. Le nom de Delhi n'apparaît qu'en l'an 57 av. J.-C. Depuis cette époque, la ville fut le siège de plusieurs rois de dynasties diverses et plus tard des empereurs moghols. Plusieurs fois détruite et relevée de ses ruines; le shah de Perse Nadir s'en empara en 1739, le saccagea et en extermina les habitants. A peine relevée, elle est de nouveau pillée en 1756 par les Afghans, et en 1758 par les Mahrattes. Enfin en 1806, les Anglais en chassent ces derniers et firent de Delhi le lieu d'internement des Moghols, dont le pouvoir ne franchissait plus les murs du palais, avec une garnison anglaise dans la ville. En 1857, après le massacre des Européens par les cipayes révoltés, les Anglais reprirent Delhi et lui enlèvent son dernier prestige en en faisant une simple dépendance du Pendjab. Cependant, lorsque la reine Victoria prit le titre de padichah en 1876, la cérémonie eut lieu à Delhi. (Meyners d'Estrey).
| Khushwant Singh, Delhi, Editions Philippe Picquier, 2003 . - "D'histoire ce roman, j'ai essayé de raconter l'histoire de Delhi depuis ses origines jusqu'à l'époque contemporaine. L'histoire m'a fourni le squelette. Je l'ai recouvert de chair et lui ai injecté du sang ainsi qu'une généreuse dose de sperme. Il m'a fallu vingt-cinq ans pour y parvenir. J'y ai mis tout ce que l'écrivain que je suis avait en lui : amour, désir, sexe, haine, vengeance, violence et surtout des larmes. Ma seule ambition était de partager ce que j'ai appris sur cette ville en fréquentant ses ruines, ses bazars engorgés, son corps diplomatique et ses cocktails, avec mes lecteurs. Je ne souhaitais qu'une chose, c'était qu'ils apprennent à connaître Delhi et à l'aimer autant que moi." (K. S.). William Dalrymple, La Cité des Djinns : Une année à Delhi, Noir sur Blanc, 2006. - Lors d'un premier séjour en Inde, William Dalrymple découvre Delhi. Cette métropole le fascine. Il prend conscience que ce lieu recèle un cortège de richesses, d'horreurs et de mystères. Cinq ans plus tard, fraîchement marié, il y revient. Bientôt, il identifie le sujet d'un livre : le portrait d'une ville disloquée dans le temps, dont les étroites venelles et les larges artères englobent un véritable cimetière de dynasties. On a même pu y évoquer sept villes mortes. Il s'aperçoit que Delhi semble voué à sans cesse renaître de ses cendres, à connaître de nouvelles incarnations, de siècle en siècle. Les djinns, autrement dit les esprits, hantent chaque maison, chaque coin de rue ; ils aiment tant cet endroit qu'ils ne peuvent supporter de le voir vide et déserté. Ces ruines omniprésentes et peuplées attirent l'auteur, tout comme les habitants extrêmement typés, tels les vieux majors à la moustache de phoque et à l'anglais d'opérette, pour lesquels le temps semble s'être arrêté en 1946, au moment de l'Indépendance. Le personnage de la logeuse du couple Dalrymple, réfugiée sikhe arrivée ruinée en 1947 en char à boeufs, et maintenant propriétaire d'une vaste flotille de voitures, est symptomatique de la vitalité des résidants. Avec un enthousiasme, une chaleur et un humour communicatifs, Dalrymple l'historien revient à l'époque de la colonisation britannique et des extravagantes constructions impériales anglaises. Le journaliste, le voyageur, l'homme friand de contacts humains, nous livre, lui, une formidable galerie de portraits des habitants du Delhi d'aujourd'hui, dans leur incroyable diversité. Jean Ruesterholtz, Delhi, La Manufacture, 1997. Renata Holzbachova, Philippe Bénet, Rajasthan Delhi-Agra : Un art de vivre indo-musulman, Art Création Réalisation - ACR, 2003. Collectif, Rajasthan : Delhi et Agra, Michelin Editions des Voyages, 2010.
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| Pages sur l'Ensemble du Fort Rouge, sur le Qutb Minar et ses monuments, et sur Tombe de Humayun (site sur patrimoine mondial de l'Unesco). -
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