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Cluny (Cluni, Cluniacum) est une commune de France, dans le département de la Saône-et-Loire, arrondissement de Mâcon, sur la Grosne et le Médasson; population : 4872 habitants (en 2012). Célèbre pour son abbaye de Bénédictins, instituée au Xe siècle par Bernon. L'ordre de Cluny compta parmi ses abbés Pierre le Vénérable et le cardinal L. de Guise. L'abbé de Cluny s'appela longtemps l'Abbé des Abbés; mais un concile de Rome, en 1126, ayant adjugé ce titre à l'abbé du Mont-Cassin, l'abbé de Cluny prit le titre d'archi-abbé. En 1770 plus de 600 bénéfices et 2000 maisons en Europe dépendaient de l'abbaye de Cluny. L'ordre fut dissous en 1790. - Cluny au Moyen âge. Cluny n'était, semble-t-il, qu'un domaine rural lorsque, en 801, Charlemagne l'offrit à Luitgard, évêque de Mâcon. Un des successeurs de Luitgard, Hildeband, le céda en 825 au comte Warin, et le beau-frère de ce dernier, Guillaume le Pieux, duc d'Aquitaine, le donna à son tour à Bernon, abbé de Baume au diocèse de Besançon, pour y créer un monastère (909). La ville naquit avec l'abbaye. Le développement de l'une fut aussi rapide que celui de l'autre, et dès l'abbatiat d'Odon, il fallut élever une église paroissiale. Hugues accorda aux habitants, vers 1090, des franchises communales. Les richesses que les moines de Cluny tiraient de toutes les parties de la chrétienté devaient tenter les aventuriers. En 1166, Guillaume, comte de Chalon, à la tête d'une bande de Brabançons, envahit les domaines de l'abbaye, se jeta sur les religieux, qui étaient sortis processionnellement de leurs cloîtres, fit main basse sur leurs ornements et égorgea plus de cinq cents bourgeois de la ville. Louis VII extermina ensuite ces routiers. L'abbé Thibaut de Vermandois se décida peu après, vers 1180, à protéger la ville d'un mur qui servirait, en outre, de première ligne de défense à l'enceinte de l'abbaye. Mais ce travail ne fut complété qu'au XIVe et au XVe siècles par le détournement de la Crosne et la construction d'une levée : on y compta dès lors quinze tours et huit portes. L'ancien château de Cluny. La ville fut prise d'assaut au mois de mars 1471 par les troupes du dauphin, que Louis XI avait envoyées en Bourgogne. Les Guises occupèrent le siège abbatial durant les trois derniers quarts du XVIe siècle : aussi, en 1562, dès le massacre de Wassy, les Réformés s'emparèrent de Cluny qui fut livré au pillage. Ils l'abandonnèrent ensuite, mais le capitaine Poncenac reprit la place en 1567. Une nouvelle attaque eut lieu en 1570 et n'échoua que grâce à M. de Vantoux, lieutenant pour le roi en Bourgogne, dont les troupes forcèrent les assaillants à la retraite. Il ne se produisit plus sous les murs de Cluny d'événement militaire important au cours des XVIe et XVIIe siècles. Cependant, sous le premier Empire, les Autrichiens y furent arrêtés encore quelques heures durant (mars 1814). L'église, bâtie dans la seconde moitié du XIe siècle, et dont le premier architecte fut un cluniste, Gauzon, abbé de Baume, était la plus vaste de l'Occident. Elle était située au bas de la colline sur laquelle était construite l'abbaye. Commencée par la partie du choeur, on ne la dédia qu'en 1131. Plan de l'église de l'abbaye de Cluny (d'après Viollet-le-Duc). En passant sous un beau portique à deux arcades décorées de sculptures byzantines, on arrivait à un vaste parvis qui précédait l'édifice, et au milieu duquel s'élevait une grande croix de pierre. Le portail, dont 14 colonnes isolées décoraient les jambages, était encadré entre deux tours carrées, crénelées, surmontées d'un toit pyramidal à quatre pans; dans l'une on rendait la justice, dans l'autre on conservait les archives du monastère. Le trumeau qui divisait la baie de la porte était orné d'une statue de Saint Pierre. On entrait dans un narthex voûté en berceau plein cintre, partagé en trois nefs par deux rangs parallèles de colonnes, et où se tenaient les pénitents auxquels l'accès du lieu saint était interdit; cette construction, assez rare en France, et qu'on ne trouve qu'aux églises de la règle de Cluny, n'avait pas moins de 36 à 37 m, de long, 27 m de large, et 33 m de plus grande hauteur sous voûte. Elle fut achevée en 1220. Une porte dont les jambages étaient rehaussés de 8 colonnes historiées, et dont l'imposte était formée d'une énorme pierre taillée de manière à présenter 23 figures, faisait communiquer le narthex avec l'église proprement dite; son tympan contenait le Christ et les figures symboliques des Évangélistes, et, au-dessus, dans l'épaisseur de la muraille de refend, on avait ménagé une chapelle dédiée à Saint Michel, et se terminant, du côté de l'église, par une construction en encorbellement. L'église, longue de 136 m, large de 34 m, était à cinq nefs; deux transepts, dont le plus grand avait 67 m de longueur, et le plus petit 36, lui donnaient la forme d'une croix archiépiscopale; il n'y a pas d'autre exemple en France de ce double transept. La maîtresse voûte était soutenue par 32 piliers massifs, de la face desquels se détachaient un pilastre et trois colonnes engagées. Elle avait 33 m environ de hauteur; les deux premiers collatéraux n'atteignaient que 19 m de hauteur, les deux seconds 12 mètres. Balustrade de Cluny. Trois clochers étaient posés à cheval sur le premier transept; un autre, au centre de la deuxième croisée, était appelé clocher des lampes, parce qu'on attachait à sa base les couronnes de lumière qui brûlaient au-dessus du grand autel. Le choeur au milieu duquel étaient deux jubés, contenait 125 stalles en bois sculpté; des tapisseries données par Jean de Bourbon formaient clôture; autour du sanctuaire, hardiment porté sur 8 colonnes de marbre qu'on avait fait venir d'Italie, c'étaient des grilles et des tombeaux. L'abside se terminait par 5 chapelles voûtées en cul-de-four. Il y avait aussi des chapelles dans les croisillons des transepts et le long des bas-côtés de la nef. La plus belle était celle de Jean de Bourbon, qui subsiste encore, et dans laquelle on voit 15 figures de prophètes formant consoles, des clefs de voûte aux armes du fondateur, et une petite salle avec cheminée où il assistait aux offices. Au midi de l'église étaient de vastes bâtiments claustraux, parmi lesquels on remarquait le réfectoire, long de 34 mètres, large de 20, orné des portraits des fondateurs et bienfaiteurs de l'abbaye, ainsi que d'un Jugement dernier et autres peintures dont les sujets étaient empruntés à la Bible. L'abbaye de Cluny possédait des richesses considérables en vases, reliquaires, statues, etc. Les monuments de Cluny de nos jours. La façade dite du pape Gélase. De l'enceinte même de l'abbaye, on voit quatre tours : la tour du Moulin et celle des Fromages, carrées toutes deux, la toile Ronde et la tour Fabry, bâtie au XIVe siècle par l'abbé de ce nom. De l'immense église abbatiale Saint-Pierre et Saint-Paul, construite de 1089 à 1109 et démolie de 1811 à 1823, on n'a conservé que le bras méridional du grand transept, le clocher de l'Eau bénite, celui de l'Horloge, les chapelles de Saint-Etienne (XIe siècle) et de Saint-Martial (XIVe siècle) et la chapelle Bourbon (mon. hist.), bâtie à la fin du XVe siècle par l'abbé Jean de Bourbon, celui-là même qui fit commencer l'hôtel de Cluny à Paris. Les services municipaux sont installés dans les deux bâtiments du palais abbatial construits à la fin du XVe siècle et au commencement du XVIe par les abbés Jean de Bourbon et Jacques d'Amboise. L'église paroissiale, autrefois collégiale, de Notre-Dame-des-Panneaux, est également classée; elle date de la seconde moitié du XIIIe siècle, a trois nefs et renferme une chaire et des stalles de 1644; le porche a été démoli en 1786. Des deux autres paroisses antérieures à la Révolution, Saint Mayeul, anciennement Saint-Jean-Baptiste, dont le vaisseau était du XIe siècle et les chapelles latérales du XVe, a disparu en 1799; Saint-Michel, bâti en 1159, a encore son clocher octogonal primitif, une cuve baptismale du XIIIe siècle et des stalles du XVe. Les récollets s'étaient établis à Cluny en 1627 et les ursulines en 1645. - La tour Fabry. Parmi les édifices civils, on remarque à Cluny : deux tours de l'enceinte de la ville; une dizaine de maisons romanes, dont les fenêtres très caractéristiques sont toutes géminées et amorties supérieurement soit par un double plein-cintre, soit par un linteau plat ; l'Hôtel-Dieu qui a remplacé le premier hospice fondé au XIe siècle ainsi que l'hôpital Saint-Blaise, démoli au XVIIe, construit lui-même en 1646, et qui, dans sa chapelle, contient des fragments (le sarcophage, deux statues, un ange et un bas-relief en marbre blanc) d'un remarquable mausolée que le cardinal de Bouillon, abbé en 1683, avait eu l'intention de faire ériger dans l'église de l'abbaye. Le musée et la bibliothèque sont, nous l'avons dit, dans l'ancienne abbatiale. Le musée est riche en débris de sculptures du Moyen âge; on y voit deux toiles du peintre Prud'hon, originaire de Cluny, etc. Quant au théâtre, il se trouve au premier étage d'un édifice roman qu'on appelle les Écuries de saint Hugues. Les armes de Cluny étaient anciennement : d'azur, alias de gueules à une clef d'argent mise en pal, l'anneau en pointe; elles sont actuellement : d'azur à deux clefs adossées, aux anneaux losangés, pommettés et entrelacés d'or. (Lex / B.).
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