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Château-Thierry (Castrum et Castellum Theodorici) est une ville du département de l'Aisne, sur la Marne, à 73 kilomètres au Sud-Ouest de Laon; 15 000 habitants. Les commencements de Château-Thierry sont restés assez obscurs. Il est bien évident que la ville doit son origine et son nom au château fort qui s'élevait au Nord, sur une hauteur sablonneuse, et dont il subsiste encore des ruines importantes; mais l'époque de la fondation de cette forteresse est incertaine. On l'a attribuée, toutefois sans preuves, à Charles Martel, qui l'aurait construite pour en faire la prison du roi Thierry Il. Le château, au commencement du Xe siècle, appartenait à Herbert II, comte de Vermandois, qui y enferma Charles le Simple en 923. Quelques années plus tard, vers 935, un concile s'y réunit. Raoul, comte de France, supposant que cette assemblée lui était hostile, attaqua le château, s'en empara, et peu après le perdit. Le roi Louis IV s'en rendit maître en 944. Une trahison permit au comte Herbert de le reprendre. A dater de cette époque jusqu'en 1361, la ville et le château firent partie du comte de Champagne, dont les comtes les concédèrent en fief à des seigneurs particuliers. Château -Thierry passa des comtes de Champagne de la maison de Vermandois à ceux de la maison de Blois. Thibaut II en fit le siège d'une prévôté. C'est à tort que plusieurs historiens ont prétendu qu'une charte communale aurait été octroyée à cette ville en 1231, par Thibaut II, lors de la première réunion du comté au domaine royal. Ce ne fut que soixante-dix ans plus tard que Philippe le Bel accorda aux habitants, devenus ses vassaux, une charte d'affranchissement, qui témoigne que la ville ne jouissait à ce moment d'aucun privilège spécial. En échange de cette concession, les habitants abandonnaient au roi des biens et diverses redevances importantes (1301). Peu de temps après, en 1303, une assemblée fut convoquée par le roi à Château-Thierry, au sujet de la guerre de Flandre. A partir de 1361, la ville fut définitivement réunie, comme le reste de la Champagne, à la couronne. Au cours de la guerre de Cent ans, Château-Thierry fut assiégé à diverses reprises par les Anglais, qui, après une attaque infructueuse en 1392, réussirent plus tard à s'en emparer en 1421. La ville rentra, en 1425, sous l'obéissance du roi, qui s'y arrêta quelque temps à son retour de Reims (1429). Durant les guerres du XVIe siècle, elle fat particulièrement éprouvée. Prise par Charles-Quint en 1544, elle fut cruellement ravagée par les Espagnols, au moment de la Ligue (1591), et fit sa soumission à Henri IV en 1595. Cette ville subit encore d'autres ravages en 1615, lors de la révolte du prince de Condé, et en 1652 pendant les guerres de la Fronde. Au moment de la Révolution, la ville porta, durant quelque temps, le nom d'Égalité-sur-Marne. Pendant la campagne de 1814, elle eut beaucoup à souffrir de l'invasion. Elle fut prise et reprise plusieurs fois par les troupes alliées et par les Français. En se retirant devant l'ennemi, le maréchal, duc de Tarente, fit sauter le pont, qui fut peu après reconstruit et de nouveau détruit (8 février) Ce fut le 12 février qu'eut lieu, dans les environs, le combat auquel le nom de Château-Thierry est resté attaché. Les Français durent abandonner la ville le 25, les alliés l'occupèrent ensuite durant huit jours. La ville et les faubourgs furent par trois fois livrés au pillage. Depuis, il ne s'y est passé rien de remarquable. Les principaux établissements religieux de Château Thierry étaient les suivants : 1° l'abbaye de la Barre, de l'ordre de Saint-Augustin, fondée en 1213, unie à l'abbaye de Saint-Paul de Soissons en 1778; 2° des couvents de cordeliers établis en 1479, de minimes établis en 1601, de capucins établis en 1623; 3° une abbaye de prémontrés fondée en 1133, en remplacement d'un chapitre de chanoines, et transférée au Val-Secret en 1240. Un simple prieuré fut rétabli plus tard à Château-Thierry, lequel subsista jusqu'à la Révolution; 4° un Hôtel-Dieu, fondé en 1304, en vertu du testament de la reine Jeanne de Navarre; 5° un hôpital qui existait dès 1195; 6° un couvent de dames de la Congrégation établi en 1633.En 1400, la terre et la seigneurie de Château-Thierry furent érigées en duché-pairie par Charles VI, en faveur de Louis, duc d'Orléans, puis réunies à la couronne en 1407, après l'assassinat de ce dernier. En juin 1547, la seigneurie fut donnée à Robert de la Marck, seigneur de Sedan. Elle fut érigée de nouveau en duché-pairie en 1567 par Charles IX, et donnée à François, duc d'Alençon. Elle se composait alors des châtellenies de Château-Thierry et d'Epernay. Louis XIV la céda en 1561 aux ducs de Bouillon. Château-Thierry fut le siège d'une prévôté (supprimée en 1656) et plus tard d'un bailliage uni au présidial créé en 1751. II fut le siège d'une élection comprenant les subdélégations de Château-Thierry, Fère-en-Tardenois et Montmirail, d'un grenier à sel, d'une direction des aides, d'une maréchaussée et d'une maîtrise ducale des eaux et forets. La ville comprenait trois paroisses avant la Révolution ; elle était le siège d'un doyenné rural faisant partie de l'archidiaconé de Brie. Jean de La Fontaineest né à Château-Thierry le 8 juillet 1621. La ville est bâtie en amphithéâtre sur le penchant d'une colline, d'où l'on découvre une vue magnifique. Elle est réunie au faubourg de Marne, qui s'étend sur la rive gauche de la rivière, par un beau pont en pierre de trois arches. Du côté opposé se trouve le faubourg de la Barre. C'est près du pont, à l'entrée de la ville haute, que s'élève la statue en marbre de La Fontaine. Les monuments de Château-Thierry n'offrent rien de particulièrement remarquable. L'église Saint-Crépin, du XVe siècle, renferme de beaux fragments de vitraux du XVIe siècle. Le beffroi est du XVIe siècle. La maison natale de La Fontaine, devenue aujourd'hui la propriété de la ville et transformée en musée, date de 1559. L'Hôtel-Dieu, construit dans de vastes proportions, a été inauguré en 1876. Les ruines de l'ancien château, bien qu'assez considérables, n'offrent rien de caractéristique. Elles se composent de murailles, de restes de tours, de souterrains. L'une des portes, demeurée presque intacte, offre un certain intérêt archéologique. Grâce à son heureuse situation, la ville offre plusieurs promenades charmantes. Il faut citer en particulier celle de la Levée, qui s'étend le long des bords de la Marne. Les armoiries de Château-Thierry sont : d'azur à un château de cinq tours d'argent, chargé de deux fleurs de lys en chef et une en pointe. (A. Lefranc). |
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