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Beaune (Belna)
est une commune de France,
dans le département de la Côte-d'Or,
sur la Bouzoise ou Bourgeoise; population : 22.000
habitants.
Histoire.
L'ancien hôpital de Beaune. Beaune apparaît, dans un capitulaire de Charles le Chauve, comme le chef-lieu d'un comté (Belnisus pagus). Le premier comte de Beaune dont le nom soit connu est Manassès de Vergy, vers 880. Gislebert, son fils, qui avait épousé Hermengarde, fille de Richard le Justicier, laissa en 956 le comté de Beaune à sa fille Adélaïde, surnommée Werre. Celle-ci épousa. Robert de Vermandois; de ce mariage naquit Adélaïde, comtesse de Beaune, qui épousa en premières noces un seigneur bourguignon, nommé Lambert, et en secondes noces Gui, fils d'Othe-Guillaume, comte de Bourgogne. Le fils d'Adélaïde et de Gui, Othon, hérita du comté de Beaune. C'est ce dont témoigne une charte de l'évêque d'Autun de l'an 1004, qui constate la restauration faite par Eudes, fils naturel du duc de Bourgogne, Henri le Grand, et sa femme, Ingola, d'une église voisine du castrum de Beaune, et qui fut rédigée dans la cour du comte Othon. Celui-ci céda probablement, en 1016, son comté à Henri, fils de Robert, roi de France. Le comté de Beaune passa par une
alliance aux dauphins de Viennois. En 1227, Hugues IV, duc de Bourgogne,
l'acheta au dauphin, André de Bourgogne, et le réunit au
duché. Il y avait à Beaune des vicomtes dès le Xe
siècle. Vers 1099, un certain Rainard était vicomte de Beaune.
Après la réunion de Beaune au duché, les ducs y établirent
un prévôt. En 1203, le duc Eudes III accorda aux habitants
de Beaune le droit d'avoir une commune dans la forme de celle de Dijon,
moyennant le paiement annuel à lui et à ses successeurs de
200 marcs d'argent. L'administration et la juridiction de la ville furent
confiées à un maire assisté de jurés. La charte
de commune porte octroi d'un certain nombre de privilèges commerciaux
et abandon des droits
seigneuriaux les plus onéreux. Le duc se réserva
la haute justice et une part sur les amendes.
Le XIIIe siècle fut pour la ville de Beaune un siècle de prospérité. Des fabriques de draps y furent installées; des ouvriers en fer et en acier y utilisèrent la qualité des eaux de la Bourgeoise et de l'Aigue. C'est à Beaune qu'à partir de 1310 et jusqu'en 1476, c.-à-d. jusqu'à l'établissement du parlement de Dijon, siégea la haute cour de justice du duché de Bourgogne nommée grands-jours ou jours généraux. Le roi Jean accorda en 1361 à cette cour le droit de juger souverainement et sans appel. La famine et la peste ravagèrent le Beaunois en 1347, Puis la contrée eut à souffrir du passage et du séjour des Tard-Venus (la criminalité au Moyen âge), qui, après la bataille de Poitiers, puis à la suite du traité de Brétigny, se répandirent sur la Bourgogne. En 1401, un incendie qui dura trois jours consuma la plus grande partie de Beaune. Lors de la réunion du duché de Bourgogne à la couronne, cette ville suivit le parti de Marie de Bourgogne; elle se disposait à recevoir six cents hommes d'élite conduits par Simon de Quingey, quand Charles d'Amboise les surprit à Verdun et vint assiéger Beaune qui ne se rendit qu'après cinq semaines de siège, le juillet 1478. Elie paya 40,000 écus d'amende au roi. En 1494, Charles VIII rendit une ordonnance portant que les gens mariés, les bourgeois et marchands inscrits au rôle des tailles assisteraient seuls aux élections des officiers municipaux. Le même roi fixa la tenue des Etats généraux à Beaune pour l'année 1496. Louis XII, voulant protéger Beaune contre les partis autrichien et comtois, y fit construire un château-fort en 1502. Les bourgeois de Beaune obtinrent, en août 1521, de François ler, la confirmation de leurs privilèges. Ce roi leur permit en outre d'acquérir des terres et seigneuries en fief et arrière-fief, sans payer le droit de nouveaux acquêts. Ce privilège leur fut confirmé par ses successeurs et en dernier lieu par Louis XV en 1716. Au milieu du XVIe siècle la ville fut troublée par les Guerres de religion. Des calvinistes venus de Genève avec le ministre d'Oizy y firent des prosélytes; ils tenaient leurs réunions dans le faubourg de Bretonnière. Harcelés par les catholiques, ils armèrent plus de huit cents ouvriers en laine et résolurent de s'emparer de la ville le jour de l'Ascension 1567; mais ce complot fut découvert, et les ouvriers chassés. En 1585, Beaune ferma ses portes au duc de Mayenne. Mais la même année, Henri III, par le traité d'Epernay, céda la ville à Mayenne qui y établit comme gouverneur Edme Régnier de Montmoyen. Le duc, pour faire de Beaune une place-forte, fit raser, en 1594, les faubourgs et les églises. Les Beaunois, las des exactions de leur gouverneur, résolurent de chasser les troupes de Mayenne. Le 5 février 1596, ils prirent les armes, s'emparèrent des capitaines de la garnison et ouvrirent leurs portes à l'armée royale dont l'avant-garde commandée par Jacques Chabot, marquis de Mirebeau, pénétra dans la ville. Le duc de Biron y fit une entrée triomphale quelques jours après. Les ligueurs, réfugiés dans le château, ne se rendirent que le 19 mars. Les Beaunois obtinrent d'Henri IV la confirmation de leurs privilèges, et, en 1602, la démolition du château. La peste, dont les habitants avaient eu à souffrir en 1519, en 1553 et en 1586, sévit de nouveau en 1628 et 1634. Dans cette même année 1634, les troupes de Gallas s'avancèrent jusqu'aux portes de Beaune et brûlèrent la chartreuse. La révocation de l'édit de Nantes porta un coup funeste à l'industrie beaunoise. Deux cents familles calvinistes qui dirigeaient les manufactures quittèrent la ville. Avant la Révolution, Beaune était le siège d'un gouvernement particulier dans la lieutenance générale du Dijonnais. Il y avait un bailliage particulier ressortissant au parlement de Bourgogne et au présidial de Dijon, une chancellerie aux contrats, une mairie qui avait la justice ordinaire de la ville et la police, diverses justices ecclésiastiques ressortissant au bailliage, un grenier à sel, une justice des traites foraines, une subdélégation de l'intendance de Bourgogne. Beaune était la troisième ville des Etats de Bourgogne et la seconde qui nommait l'élu du tiers-état. Au point de vue ecclésiastique, Beaune était un archidiaconé du diocèse d'Autun. Outre l'église
collégiale de Notre-Dame, Beaune possédait quatre autres
paroisses, un couvent de carmélites
établi en 1620 dans l'ancien prieuré
de Saint-Etienne, un couvent de cordeliers,
une chartreuse fondée en 1332 par
Eudes IV. des couvents de jacobins, de capucins,
de minimes, d'ursulines, de dames de la Visitation,
l'abbaye des bernardines
du Lieu-Dieu, fondée en 1140, par les sires de Vergy et transférée
dans la ville en 1637. L'hôpital, fondé en 1443 par Nicolas
Rolin, chancelier de Bourgogne était et est desservi par des soeurs
hospitalières qui avaient une telle réputation que d'autres
villes en appelèrent pour réformer leurs hôpitaux,
Chalon en 1630, Grenoble
en 1647 et aussi Dôle, Saint-Jean-de-Losne
et Semur. Le collège de Beaune était dirigé depuis
1624 par des oratoriens. D'est aujourd'hui un collège municipal.
Un marché, à Beaune. Source : The World Factbook. Vins.
" Ils ne pensent pas, écrivait le poète italien au pape Urbain V, qu'on puisse mener une vie heureuse sans ce vin de Beaune qu'ils tiennent pour un nectar divin. "Tavernier rapporte qu'il but du vin de Beaune à la cour du roi de Perse. De 1596 à 1691, le prix moyen de la queue de vin de Beaune (4 hect. 11 l.) flottait entre 45 et 65 livres; mais le prix s'éleva à la fin du XVIIe siècle; en 1696, il monta à 400 livres; il était de 450 livres en 1721, de 700 livres en 1770, et de 750 livres en 1802. Monuments.
L'église Notre-Dame de Beaune. Eglise Saint-Nicolas, XIVe siècle. Le clocher est imité de celui du transept de Notre-Dame. Portail de l'ancienne chapelle des Templiers. Du château, il ne reste que deux grosses tours rondes. L'ancien hôpital fondé en
1443 par Nicolas Rolin, construit par son ordre et à ses frais,
continué par sa veuve, Guigone de Salins, augmenté au XVIIe
siècle, restauré au XIXe
siècle. Un auvent
très élégant du XVe
siècle abrite la porte d'entrée.
La première cour intérieure est entourée de bâtiments
du XVe siècle d'un aspect flamand
: le long des bâtiments deux galeries couvertes, l'une au rez-de-chaussée,
l'autre au premier étage desservent les salles des malades; le toit
est orné d'élégantes lucarnes, de girouettes et d'épis
en plomb. La grande salle des malades avec une voûte en menuiserie,
et une chapelle au fond, a été
rétablie dans son état primitif. La salle Saint-Hugues est
décorée de peintures murales
de 1682. La cuisine a encore sa vieille cheminée,
sa crémaillère et ses chenets
de la fin du XVe siècle. On conserve
à l'hôpital le fameux retable
(polyptyque) attribué à Rogier Van der
Weyden et qui représente le Jugement dernier; à
l'extérieur des volets du polyptyque sont peints les portraits
d'Eugène IV, de Philippe le Bon,
du chancelier Rolin et du cardinal Jean Rolin.
Le beffroi et la statue de Monge. Le beffroi (1403) est, une tour carrée surmontée d'une lanterne ornée d'élégants clochetons. Sur la place du Beffroi, statue de Gaspard Monge, élevée en 1849. La Bibliothèque, les Archives et le Musée sont établis dans l'hôtel de ville (ancien couvent vent des Ursulines); la Bibliothèque renferme plus de 40,000 volumes, 200 livres incunables et 200 manuscrits. On conserve dans la Bibliothèque une inscription gauloise trouvée à Volnay et dont voici le texte : ICCAVOS. OPPIANICNOS. IEVRV-BRIGINDONI. CANTALON; et aussi un petit autel gallo-romain trouvé à Beaune dans le faubourg Saint-Jacques, et orné de statues de divinités gauloises dont l'une rappelle le Cernunos de l'autel des Parisii. Le Musée comprend des tableaux et des antiquités; parmi celles-ci, les plus dignes d'attention sont les ex-voto en pierre, représentant des enfants emmaillottés, des mains, des pieds, des cuisses, recueillis dans le village de Sainte-Sabine près des sources de l'Ouche et de l'Armançon. Ils
sont nés à Beaune.
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