| Banquettes sur l'avant-scène du théâtre. Au XVIIe siècle, dès l'année 1626, et probablement avant, on avait construit, sur l'avant-scène des salles de l'Hôtel de Bourgogne et du Marais, à Paris, quelques banquettes pour des spectateurs de distinction; il y en avait trois rangées, à droite et à gauche, dans un léger renfoncement, ménagé à l'endroit où sont aujourd'hui les loges dites baignoires d'avant-scène. En avant était une petite barrière. Las jeunes seigneurs de la cour affectionnaient ces places, qu'on nommait théâtres, et quelquefois s'y donnaient en spectacle au public de la salle par leurs exclamations ou leurs extravagances; ils allaient jusqu'à apostropher le parterre, ainsi que Molière le rappelle dans la Critique de l'Ecole des Femmes (sc. 6). Cette disposition avait été maintenue au Théâtre-Français jusque dans la salle construite en 1680, rue des Fossés-Saint-Germain (aujourd'hui de l'Ancienne-Comédie), et qu'il occupait encore au XVIIIe siècle. Les poètes s'en plaignaient, le public en souhaitait la réforme, mais les choses restaient dans le même état, parce qu'il y avait au fond une question financière : ces places étaient les plus chères de toutes; taxées d'abord à un demi-louis d'or, soit 5 livres 10 sols, abaissées, en 1681, à 3 livres, elles avaient été portées, en 1721, à 8 livres, et c'était encore là leur prix au XVIIIe siècle. Le riche Voltaire ne sut faire que des voeux pour la suppression de ces banquettes, dont le voisinage nuisit tant à l'ombre de Ninus dans sa tragédie de Sémiramis. Un grand seigneur, amateur éclairé des lettres et du théâtre, le comte de Lauraguais, ensuite duc de Brancas, alla plus loin : en 1759, il proposa aux comédiens de supprimer ces banquettes, moyennant une indemnité pécuniaire : des Mémoires du temps disent vaguement qu'elle fut considérable, Grimm, sans plus de vraisemblance, parle d'une somme de 12,000 livres; quelques indices fournis par une lettre de Lekain, qui avait vivement souhaité cette réforme, permettent d'évaluer à 20,000 ou 24,000 livres l'indemnité offerte par M. de Lauraguais. Il y avait 60 places (il en fut vendu ce nombre à l'une des premières représentations du Mercure galant, en 1683); la somme offerte n'était donc pas considérable, eu égard an produit moyen annuel. Néanmoins, les comédiens l'acceptèrent, et il y eut ainsi générosité des deux parts. On profita de la clôture du théâtre pendant la semaine sainte pour enlever les antiques banquettes, et, le 23 mai, jour de la réouverture, au lever du rideau, le public applaudit avec transport pour remercier la Comédie-Française de cette suppression. Auparavant, les acteurs, gênés par la triple haie de spectateurs assis à leurs côtés, étaient forcés, pour être tous vus du public, de se mettre en rond, à peu près comme des marionnettes. Le déblaiement de l'avant-scène fut vraiment une révolution artistique; car, seulement alors, le jeu théâtral et la mise en scène purent prendre la pompe, la vérité, la décence même et l'exactitude dont ils sont susceptibles. Voltaire en profita l'un des premiers, et il ne lui en coûta qu'une dédicace, celle de sa comédie de l'Écossaise, dédicace où il consigna, sans la moindre envie, le souvenir de la libéralité du comte de Lauraguais. (C. D-Y.). | |
| Banquette, terme de fortification; c'est la partie au rempart située derrière le parapet, et où se logeaint les soldats tirailleurs. Elle est à 1,20 m environ en contre-bas du parapet qui abritait le soldat, et lui permettait de tirer pardessus. Elle était faite en maçonnerie ou en terre, et n'avait ordinairement que 1,30 m de largeur. Deux rangs de soldats s'y plaçaient, le 1er pour tirer sur l'ennemi, le 2e pour charger les armes. On nomme aussi banquette : 1° toute retraite en pierres de taille, pratiquée au bas d'un édifice, et sur laquelle on peut s'asseoir comme sur un banc, mais qui est moins large qu'un trottoir; 2° tout sentier ou rebord pratiqué des deux côtés du canal d'un aqueduc, et où l'on peut marcher; 3° dans l'architecture des jardins, toute palissade taillée à hauteur d'appui, entre les arbres, le long d'une contre-allée. (B.). |