| Aranjuez. - Ville d'Espagne (Tolède) sur la rive gauche du Tage, à 44 kilomètres au Sud de Madrid; 42 300 habitants. De construction moderne, Aranjuez ne se compose que de quelques rues uniformément construites, alignées au cordeau. C'est son château royal et surtout le magnifique parc qui l'entoure qui rendent Aranjuez célèbre. Au XIVe siècle ce n'était que l'habitation d'été d'un grand maître de l'ordre de Santiago; sous le règne de Ferdinand et d'Isabelle il passa dans le domaine royal. Les premières constructions furent élevées sous le règne de Philippe Il par l'architecte Jean de Herrera (le même qui bâtit l'Escurial), et augmentées successivement par plusieurs rois d'Espagne. - Le Palais royal, à Aranjuez. Source : The World Factbook. Les murs, très massifs, sont bâtis en brique avec entablements en pierres de taille; les merveilleux jardins ont été tracés dans le goût flamand par des jardiniers que Charles-Quint avait fait venir de Flandre; entourés d'une contrée qui offre l'image d'un désert, ils ressemblent à une oasis. Ils occupent un espace de 110 km de circonférence. Au XVIIe siècle les arbres étaient déjà cités comme des merveilles de végétation. Les avenues forment de vastes cloîtres de verdure et vont se perdre de tous côtés dans la campagne. La calle de la reina (allée de la reine) n'a guère moins cinq kilomètres de long et se prolongé jusqu'au Tage; elle est plantée d'ormes gigantesques. Le 16 mars 1808, sur le bruit que le roi Charles IV, conseillé par le prince de la Paix, Manuel Godoy, voulait s'enfuir en France, le château fut envahi par une foule venue de Madrid, les soldats refusèrent de faire feu, le peuple enfonça les portes, brisant les meubles, dévastant les appartements, recherchant Godoy pour lui faire un mauvais parti. A la suite de ce mouvement Godoy tomba en disgrâce et, quel ques jours après, le 19 mars 1808, le roi Charles IV datait d'Aranjuez son acte d'abdication en faveur de son fils le prince des Asturies. Les Traités d'Aranjuez. Deux traités importants ont été signés à Aranjuez. Traité du 7 mai 1745. La guerre entreprise par Louis XV contre Marie-Thérèse, en 1741, avait fort mal réussi. La France, d'abord placée à la tête d'une coalition, était restée à peu près seule; le roi de Prusse avait fait sa paix particulière avec la reine de Hongrie; le roi de Sardaigne s'était également retiré de la lutte par le traité de Turin du 1er février 1742 ; il en était de même de la Pologne, et bientôt après de la Bavière; l'empereur Charles VII était mort et son successeur, Maximilien-Joseph, s'était hâté de signer avec Marie-Thérèse le traité de Füssen. Les anciens alliés de la France faisaient plus que de renoncer à la lutte contre l'Autriche, ils s'alliaient avec elle pour combattre la France. Si l'on ne voulait pas périr écrasé sous le nombre, il fallait que le gouvernement de Louis XV se procurât à tout prix des alliés; aussi après la conclusion de l'alliance de Varsovie, ses diplomates se mirent en campagne et parvinrent à faire signer entre la France d'une part, l'Espagne, le royaume de Naples et la République de Gênes d'autre part, le traité d'Aranjuez du 7 mai 1745, traité qui portait confirmation d'une alliance précédemment formée à Fontainebleau, 25 décembre 1748, et à Francfort, 22 mai 1744. Traité du 21 mars 1801. Le traité de Saint-Ildefonse, entre la France et l'Espagne, signé le 1er octobre 1800, avait stipulé qu'un agrandissement en Italie serait donné au duc de Parme, par exemple la Toscane; en revanche, l'Espagne cédait à la France la Louisiane avec six vaisseaux de guerre. Après la paix de Lunéville (9 février 1801), par laquelle l'Autriche échangeait la Toscane contre Salzbourg et Berchstolsgaden, le traité d'Aranjuez, entre la République française et l'Espagne, stipula renonciation du duc de Parme à son duché en faveur de la République française; il recevait en échange le grand-duché de Toscane et prenait de ce chef le titre de roi d'Etrurie. Une convention signée peu après à Paris, le 26 décembre 1802, donna à l'ancien grand-duc de Toscane, outre ce qui lui avait été assuré à Lunéville, l'évéché d'Eichstaedt et une moitié de celui de Passau. (L. Bougier./ GE). - Le palais royal d'Aranjuez. Photographie de Francis Frith (XIXe s). | |