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L'église cathédrale d'Amiens ne fut dans le principe qu'une simple chapelle, élevée au IVe siècle sous l'invocation de Notre-Dame-des-Martyrs, par Saint Firmin le Confesseur, 3e évêque de la ville, sur l'emplacement du supplice de Saint Firmin, premier apôtre de ces contrées, martyrisé en 303. Réédifiée et agrandie au VIIe siècle par Saint Acheul, elle fut brûlée vers 850 par les Vikings, puis encore en 1019 et en 1107, et enfin complètement détruite par un incendie en 1218. Évrard de Fouilloy, qui occupait alors le siège épiscopal d'Amiens, entreprit la réédification du monument tel qu'il existe aujourd'hui La cathédrale Notre-Dame d'Amiens, célèbre dans le monde entier, est un des plus vastes et des plus splendides monuments de l'architecture gothique. On peut même dire qu'elle en est le chef-d'oeuvre, pour l'unité du style, la régularité du plan, l'accord des proportions et la beauté de l'exécution. L'édifice est la plus vaste des églises françaises. Les voûtes s'élèvent à près de 43 m de hauteur sous ciel. En 1218, l'ancienne cathédrale d'Amiens avait été totalement détruite par un incendie. Deux ans après, en 1220, l'évêque Evrard de Fouilloy en entreprend la reconstruction et confie la direction des travaux à Robert de Luzarches qui en donna les plans. Il faut croire que le choeur avait été moins endommagé par l'incendie, car, contrairement aux habitudes du Moyen âge, la construction fut commencée par la nef. A la mort d'Evrard de Fouilloy, en 1223, les fondations sortaient à peine de terre. Sous ses successeurs, les travaux furent continués avec activité par un maître de l'oeuvre du nom de Renaud, puis par Thomas de Germent et plus tard par son fils Renaud. En 1269, après diverses vicissitudes, on terminait les voûtes hautes de l'abside. La façade restait seule inachevée. Les vastes proportions dans lesquelles celle-ci avait été commencée avaient dû être abandonnées, dès 1238, faute de ressources, et elle ne fut terminée qu'à grand peine, avec une économie et une mesquinerie qui cadrent mal avec la splendeur du reste de l'édifice; l'épaisseur des tours fut diminuée de moitié et celles-ci dépassent à peine en hauteur le sommet du pignon central. La tour nord ne fut achevée qu'au XVe siècle. La cathédrale Notre-Dame d'Amiens. Cliquez sur l'image pour l'agrandir. Au-dessus des trois porches règnent deux galeries superposées, à jour; l'inférieure correspond exactement au triforium de l'intérieur; la plus élevée abrite 22 statues colossales, qu'on présume être celles des rois de France depuis Childéric II jusqu'à Philippe-Auguste, mais qui, selon quelques archéologues, représenteraient les rois ancêtres de la Vierge. La rose qui surmonte ces galeries est une des plus belles créations de ce genre; elle a plus de 30 m de circonférence. La façade, du XIIIe siècle, se terminait par une balustrade à jour, et formait ainsi un parallélogramme parfait: mais, à la fin du siècle suivant, on éleva deux tours d'un étage, et on les réunit par une galerie à jour et des plus élégantes. Ces tours, moins épaisses que larges et de hauteur inégale, diffèrent aussi de dessin et d'ornementation, et manquent de proportion avec le corps du monument; on les attribue à Pierre Langent. Portail central de la cathédrale d'Amiens (Le Jugement dernier). Les portails latéraux se distinguent également par la noblesse et la sévérité de leurs proportions, la beauté des rosaces et des statues, et la richesse de l'ornementation. Tout le pourtour de la cathédrale offre une belle perspective d'arcs-boutants et de contreforts surmontés de pinacles et de clochetons; les piliers-butants de la chapelle de la Vierge sont couronnés de statues assises. L'architecture des chapelles absidales a la plus grande ressemblance avec celle de la Sainte-Chapelle de Paris; les verrières n'y ont pas moins de 14 m de hauteur. Le faite de tout l'édifice était décoré de trèfles en pierre, que l'autorité municipale a fait détruire en 1837, croyant y voir des fleurs de lis.
La flèche centrale de l'édifice, reposant sur une tour carrée en pierre, était en charpente revêtue de plomb. Brûlée en 1527, elle fut relevée de 1529 à 1533 par deux charpentiers picards, Louis Cordon et Simon Taneau. Elle s'élève à une hauteur de 60 m depuis sa base, et de 130 m depuis le sol de l'église. Son style est celui du commencement de la Renaissance; elle est surtout remarquable par son élancement et la grâce de son ornementation : on y voit extérieurement les huit statues colossales de Jésus-Christ, de la Sainte Vierge, de Saint Jean-Baptiste, Saint Pierre, Saint Paul, Saint Jacques le Majeur, Saint Firmin, Sainte Ulphe, montées sur des colonnes que des arcs-boutants rattachent au corps du clocher, et, plus haut, des anges portant les instruments de la Passion. Le plan de la cathédrale d'Amiens a la forme d'une croix latine. Sa plus grande longueur est de 138,35 m, et sa plus grande largeur de 32,65 m, dont 14,60 m pour la nef principale seule. Le transept a 60,65 m de longueur et 14,25 m de largeur. La hauteur des voûtes de la nef est de 44 m; celle du choeur, de 43 m. Le monument entier occupe une surface de 8000 m² environ.
L'autel et les stalles. L'intérieur du vaisseau ne le cède en beauté à aucun autre. Nulle part on ne trouve des voûtes plus légères, des arcades plus hardies. Les colonnes, couronnées de chapiteaux du travail le plus pur et le plus délicat, sont à baguettes et à filets carrés alternativement, et se marient heureusement avec les nervures des voûtes. Celles qui entourent le choeur rendent un son quand on les frappe, ce qui les a fait appeler piliers sonnants. Un jubé, construit en même temps que le choeur, a depuis longtemps disparu. Les détails les plus intéressants à observer sont : les stalles, au nombre de 120, surmontées de dais, sculptées en chêne, de 1508 à 1522, par Arnoul Boulin, Alexandre Duet, Antoine Avernier et Jean Trupin, et représentant les traits historiques ou allégoriques de l'Ancien et du Nouveau Testament relatifs à la Vierge, travail admirable qui coûta 9500 livres. Sculptures polychromes représentant l'histoire de saint-Firmin (1495). La clôture extérieure du choeur, en pierre, ornée de sujets en ronde bosse ayant trait, d'un côté à la vie de Saint Firmin, de l'autre au supplice de Saint Jean-Baptiste, et dont les peintures polychromes ont été restaurées; les grilles en fer, par lesquelles on entre dans le choeur; les anciens fonts baptismaux, du XIe siècle; plusieurs châsses, entre autres celle qui contient les restes de Saint Firmin, et qui est du XIe siècle, et celle de Saint Jean-Baptiste; derrière le choeur, le tombeau du chanoine Lucas, avec un Génie ou Enfant pleureur, par Blasset; les tombeaux en bronze des évêques Évrard de Fouilloy et Geoffroy d'Eu, placés à droite et à gauche en entrant dans la grande nef; la chapelle de Sainte-Theudosie, entièrement peinte à fresque par les ordres et aux frais de l'impératrice Eugénie; l'orgue, un des plus beaux de France (illustration à la page Buffet d'orgue). La chaire est une oeuvre moderne, aussi peu en rapport avec l'édifice que la Gloire placée derrière le maître-autel. Quant aux vitraux, le temps les a détruits en grande partie; la lumière pénètre avec trop d'abondance, et c'est là ce qui affaiblit l'effet général que produit l'ensemble du monument; on ne peut guère remarquer maintenant que les verrières toutes modernes de la chapelle de Sainte Theudosie. (B. et E. L.).
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