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Aksoum (orthographe
éthiopienne) ou Axoum, Axum (orthographe
grecque) est une ville du nord de l'Ethiopie,
à 20 kilomètres à l'Ouest d'Adoua,
à environ 100 kilomètres à l'est de la frontière avec l'Érythrée
et à environ 600 kilomètres au nord de la capitale éthiopienne, Addis-Abeba
et à une altitude de 2130 m. Population : 94 500 habitants en 2024. La
ville est bâtie est entourée par les montagnes du Tigré, ce qui lui
donne un paysage spectaculaire et accidenté. De petits cours d'eau
qui prennent leur source dans les montagnes environnantes, irriguent les
environs de la ville. Mais les grandes rivières sont absentes dans son
voisinage. Aksoum bénéficie d'un climat tropical de haute montagne. Les
températures y sont modérées, avec des journées généralement chaudes
et des nuits fraîches. Les pluies sont saisonnières, avec une saison
des pluies qui s'étend de juin à septembre, et une saison sèche qui
dure du reste de l'année. La végétation autour d'Aksoum est caractéristique
des régions de haute montagne avec des zones de forêts éparses et des
pâturages. En raison de l'altitude et du climat, la biodiversité est
relativement diversifiée mais plus limitée par rapport aux basses terres.
C'était la capitale
du royaume d'Aksoum entre le Ier siècle
et le VIIe siècle. À son apogée, elle
était un centre commercial prospère, un lieu de pouvoir politique et
une plaque tournante religieuse. La ville jouait un rôle clé dans le
commerce entre l'Afrique, l'Arabie, l'Inde et l'Empire romain, facilitant
l'échange de biens et d'influences culturelles. Le site archéologique
d'Aksoum est inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco et constitue un
important centre historique et culturel. Aksoum est aujourd'hui un site
touristique majeur, attirant des visiteurs du monde entier intéressés
par son histoire ancienne, ses monuments impressionnants et son rôle dans
l'histoire religieuse et culturelle de l'Afrique. Les fouilles continues
et les efforts de conservation visent à préserver ce site exceptionnel.
Monuments et sites
historiques.
Les stèles d'Aksoum
sont parmi les vestiges les plus emblématiques de la ville. Ces monuments
funéraires sont d'énormes obélisques
en pierre sculptée, dont certaines atteignent 30 mètres de hauteur. Ils
sont souvent décorés de motifs architecturaux et d'inscriptions en guèze.
Les plus célèbres sont la Grande Stèle, la Stèle de la Reine et la
Stèle brisée.
Les vestiges de ce
qui était probablement le palais royal sont situés dans la ville. Les
structures montrent la sophistication architecturale de l'époque et témoignent
du pouvoir et de la richesse des dirigeants aksoumites.
Les tombes royales,
la plupart situées dans des structures en pierre, sont également un élément
important du patrimoine de la ville. Ces tombeaux révèlent des détails
sur les pratiques funéraires et les croyances religieuses de l'époque.
Aksoum abrite également
plusieurs églises anciennes, dont certaines sont toujours en activité.
La plus notable est l'église Sainte-Marie-de-Sion, datant du IVe
siècle et considérée comme l'un des lieux les plus sacrés du christianisme
éthiopien. Selon la tradition éthiopienne, l'Arche d'alliance y aurait
été conservée pendant quelque temps, à l'époque de Ménélik Ier.
On y voit également des ruines de l'époque portugaise, notamment une
église
datant de 1657. La ville a cessé d'être la capitale politique depuis
qu'elle a été détruite au XVIe siècle
par Gragne (Mohammed le Gaucher). Le siège du gouvernement avait été
transféré successivement à Gondar et Ã
Adoua, avant qu'Addis Abeba ne devienne sous
Ménélik (en 1894) la capitale de l'Ethiopie,
mais Aksoum est restée la ville sainte, la ville du clergé et c'est lÃ
que, après la chute de Theodoros, le prince du Tigré s'est fait couronner
en 1869 sous le nom de Jahnes negush negushti z Iatiapia ( = Jean,
roi des rois d'Ethiopie).
L'ancien royaume
d'Aksoum.
Le royaume d'Aksoum,
situé dans l'actuelle Éthiopie et en partie en Érythrée, est l'une
des civilisations africaines anciennes les plus importantes. Les
premières mentions d'Aksoum et du royaume des Aksoumites se trouve dans
le Périple de la mer Erythrée et dans le géographe Ptolémée,
on retrouve ensuite ce nom dans Procope,
Cosmas
; dans Nonnosos). La ville était, d'après le
Périple,
à huit jours de marche d'Adulis,
dans les terres. Le roi Zoscalès y régnait vers l'an 80 ap. J.-C. pendant
que Charibaël régnait chez les Homérites (Himayrites) et les Sabéens.
Le
royaume émerge dans un contexte où plusieurs civilisations se développent
autour de la mer Rouge et de l'océan Indien. Il bénéficie d'une position
stratégique qui lui permet de contrôler les routes commerciales reliant
l'Afrique, l'Arabie, l'Inde et l'Empire romain. Il atteint son apogée
entre le IIIe et le VIe
siècle. Sous le règne du roi Ezana (vers 320-360), Aksoum adopte le christianisme
comme religion d'État, faisant de lui l'un des premiers royaumes chrétiens
au monde. Le roi Ezana se convertit sous l'influence de missionnaires syriens
et fait graver des inscriptions pour célébrer cette conversion.
Aksoum est connu
pour sa prospérité économique, en grande partie due à son rôle de
carrefour commercial. Le royaume exporte de l'or, de l'ivoire, des épices,
et contrôle l'importation de produits de luxe. Les pièces de monnaie
aksoumites, en or, argent et bronze, sont parmi les premières frappées
en Afrique subsaharienne et témoignent de l'importance économique du
royaume. Sur le plan politique, Aksoum se distingue par une administration
centralisée et un pouvoir royal fort. Les rois aksoumites sont également
des conquérants, étendant leur influence sur les régions environnantes,
y compris la Nubie et l'Arabie du Sud (Yémen
actuel). La culture aksoumite est un mélange d'influences africaines,
arabes et méditerranéennes. La ville est également le berceau de la
culture guèze. Le guèze, une langue sémitique
éthiopienne, est la langue littéraire et religieuse du royaume. Aksoum
est également le berceau de la tradition religieuse et littéraire éthiopienne,
qui perdure encore aujourd'hui.
Aksoum
est célèbre dans l'épigraphie de la haute Egypte
par une inscription bilingue (guez et grec) dont il ne reste plus que la
partie grecque en 31 lignes, découverte en 1805 par le voyageur Salt,
et par deux inscriptions, en guez découvertes en 1833 par Rüpell. L'inscription
grecque raconte les hauts faits du roi Aeizanas qui est probablement le
même que le Aizanas de la lettre de Constance;
et les deux textes guez sont du roi Tazênâ, de deux siècles postérieurs.
Les rois d'Aksoum s'intitulaient en même temps rois des Éthiopiens et
des Homérites, seigneurs de Raïdan, de Saba et de Silhen, ce qui prouve
les rapports qui ont duré pendant plusieurs siècles entre l'Ethiopie
et le Yemen. Les deux inscriptions guez d'Aksoum sont très importantes
au point de vue de l'histoire de l'écriture sud-sémitique, car ce sont
les seules écrites en caractères éthiopiens archaïques, qui sont presque
de l'himyarite, mais avec les voyelles adhérentes. Outre les inscriptions
monumentales, nous avons quelques monnaies des rois aksoumites : les unes,
les plus anciennes, antérieurement au IVe
siècle de notre ère, sont en caractères grecs très corrompus, ce qui
preuve qu'elles ont été gravées par des artistes ignorants et à une
époque où le grec n'était plus la langue courante; les autres en caractères
guez qui sont les mêmes que ceux des inscriptions, mais sans les voyelles.
Les souverains y prennent le titre de Basileus axomiton, Negush Aksum.
On a déchiffré les noms de Aphilas, Bakhasa, Gersem, Ouzas, Nezana (ou
Aizana ?) Oulzeba, Azaël, Okhsas, Esbaël et Aleb pour les monnaies Ã
légendes grecques, et Mhigsn, Armah, Hataz, Ela-Ats, et Zwazan pour les
monnaies guez. Presque aucun de ces noms ne se retrouve sur les listes
de rois que nous ont conservées les manuscrits éthiopiens.
( E. Drouin).
Le royaume d'Aksoum
commence à décliner à partir du VIIe
siècle en raison de l'épuisement des ressources, des changements dans
les routes commerciales dues à l'expansion de l'Islam, et de pressions
militaires. Cependant, l'héritage aksoumite persiste à travers l'Église
orthodoxe éthiopienne et dans la continuité de l'État éthiopien qui
se réclame de cette ancienne civilisation. |
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