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Histoire de l'ameublement |
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Le mot meuble
s'est appliqué d'abord à tout ce qui est mobile, facile à
déplacer, et qui a désigné ensuite tout objet garnissant
un appartement ou servant à divers usages de la vie, comme les lits,
tables, commodes,
armoires, chaises,
fauteuils, canapés,
etc. Le terme d'ameublement désigne, quant à lui,
l'ensemble des meubles destinés à garnir les d'habitations
et auxquels s'ajoutent d'autres objets d'ornement tels que les tapisseries,
les céramiques, les objets d'orfèvrerie,
etc. (L'histoire des Arts
décoratifs).
L'ameublement reproduit toujours le caractère de l'architecture
qu'il vient compléter.
On a fabriqué des meubles dès le Néolithique, parfois en pierre (lits, banquettes, étagères, etc.) comme en témoigne l'archéologie, mais déjà, peut-on supposer, en bois. En tout cas, cette matière, facile à travailler et généralement disponible en abondance, sera, tout au long de l'histoire, de l'Antiquité classique à nos jours, la plus utilisée pour la fabrication des meubles. Cette fabrication forme une partie importante de l'ébénisterie. L'Antiquité.
Les Égyptiens
étaient habiles à fabriquer des meubles (lits
de toutes formes, fauteuils pliants, buffets,
tables, etc.), et des nattes en joncs peints.
Ils décoraient leurs palais de figures astronomiques, et d'hiéroglyphes
sculptés en demi-relief et rehaussés d'or et de vives couleurs,
qui représentaient les faits de leur histoire, les actes de leurs
souverains (L'art dans l'Egypte ancienne).
Tabouret de bronze, époque romaine (musée du Louvre). Les Grecs, initiés au luxe de l'Orient vers l'époque d'Alcibiade (seconde moitié du Ve siècle av. J.-C), apportèrent plus de goût et de pureté dans les formes. Les Romains donnèrent au luxe grec un plus grand développement : leurs appartements furent décorés de stucs, de marbres précieux et de mosaïques; on y vit des meubles richement ornés; mais les tentures furent moins prodiguées et ne commencèrent à reprendre faveur que vers l'époque du Bas-Empire (L'art antique). Le Moyen âge.
Il ne faut pas oublier qu'à cette
époque les habitations n'avaient pas, en dehors de ces armoires,
de mobilier leur appartenant. Les meubles voyageaient avec leur propriétaire,
selon qu'il changeait de châteaux dont
les vastes salles restaient vides pendant son absence. Quand elles étaient
habitées, on garnissait leurs murs de tentures, et, comme la plupart
du temps elles servaient à loger un certain nombre de personnes,
on formait des compartiments au moyen d'autres tentures que l'on suspendait
à de grandes tringles de fer.
Coffre du XIIIe siècle (musée Carnavalet). L'art de la tapisserie prend ainsi une importance spéciale. A l'époque gallo-romaine, Pontoise avait un centre de fabrication des nattes, et ses produits ne tardèrent pas à surpasser en beauté les nattes de l'Orient. Puis vinrent les étoffes byzantines, puis enfin les tissus de toute sorte, dont les manufactures surgissaient de tous côtés en Occident. Les tapisseries suivirent une progression continue, dont on peut mesurer les accomplissement par l'exemple que donne la Tapisserie de Bayeux. Le mobilier proprement dit n'en est pas
pour autant négligé. Certains meubles du XIVe
siècle sont de véritables merveilles, et ceux
du XVecomptent
parmi les plus beaux travaux d'ébénisterie
qu'on ait jamais exécutés. C'est qu'alors l'art de sculpter
le bois atteignait sa perfection. On ne cherchait
pas en dehors de la matière elle-même, sauf de rares exceptions,
les éléments de sa parure (L'art
médiéval).
Les tapisseries n'ont jamais été plus belles, et l'art du tapissier se combine avec celui du brodeur pour rehausser les tentures des fenêtres, des portes, des murailles. Mais celles-ci sont aussi très fréquemment habillées de cuir gaufré suivant la mode espagnole, ou bien elles disparaissent sous des lambris de bois sculpté. Comme l'art de la verrerie fait de grands progrès, les fenêtres deviennent de plus en plus grandes, et les vitraux enchâssés de plomb, deviennent moins une nécessité qu'un ornement; on commence à garnir les baies de rideaux artistement ajustés. Le XVIIe
siècle.
Au temps de Louis
XIV, on imagina fort peu de chose pour la commodité et l'agrément
des habitations : Mme de Maintenon souffrait
du froid dans sa vaste chambre à Versailles,
faute de paravents qui, au dire du roi, eussent dérangé la
symétrie. Une forme de sobrité dans l'ameublement continua
d'exister comme un écho aux tendances jansénistes
de la société. Mais l'ameublement du règne de Louis
XIV penche aussi et surtout vers l'exubérance du baroque : le style
Louis XIV brille ainsi plutôt par le faste que par le bon goût.
Car c'est à cette époque que disparaissent les principes
de décoration qui prévalaient jusque là : on commence
à dorer lourdement les meubles de bois, à en contourner les
profils et les appuis, on dénature les lignes; le parti architectural
cesse de présider à la construction des meubles.
Meuble par Lepautre, XVIIe siècle. Les XVIIIe
siècle.
Dès la fin du règne de Louis XVI, des meubles, comme l'armoire à bijoux de Marie-Antoinette (château de Versailles) par Thomire (1751-1843), offrent déjà les prémices de ce style qui plus tard deviendra le style Empire. Cette évolution dans la conception du mobilier se marque, on ne peut plus nettement, chez le plus grand ébéniste de l'époque révolutionnaire et impériale, Georges Jacob (1739-1814), ami de David, à qui il procura la mise en scène de ses tableaux ; il fut successivement le fournisseur des Bourbons, de la Convention et de Napoléon ler. Le XIXe
siècle.
Lit de Napoléon Ier(Fontainebleau). Le meuble Empire survécut au régime dont il porte le nom, tant sur le continent qu'en Angleterre, toutefois avec des modifications qu'explique l'esprit économe de la bourgeoisie régnante, comme aussi la disparition des admirables ciseleurs qu'avait formés le XVIIIe siècle; ce style - si l'on met à part les fantaisies gothiques, filles du Romantisme - se maintint, abâtardi, jusqu'à 1850, sous la forme de ce qu'on a appelé en France le style Louis-Philippe (ou Restauration) et en Allemagne le style Biedermeier. C'est un style calfeutré et morne. Mais une réaction commença à se produire. Sous le second Empire, l'influence littéraire des Goncourt et le culte de l'impératrice pour Marie-Antoinette remirent plus franchement à la mode les styles Henri II, Louis XV (néo-rococo) et surtout Louis XVI, que les ébénistes enrichirent par des ornements et des dorures de mauvais goût. Au début de la troisième République, on revint aux meubles de la Renaissance et au style Louis XIII; ce fut la période des tavernes à vitraux et des intérieurs sombres. L'art du XVIIIe siècle reconquit ensuite du prestige, la passion des collections se généralisant. Le XXe
siècle
Le développement de la consommation de masse depuis la Seconde Guerre mondiale, a favorisé grandement cette dernière approche. La fabrication industrielle et la diffusion a bas prix (relatif) des meubles leur a imposé un style dépouillé et a poussé à leurs concepteurs à réfléchir à leur caractère fonctionnel. Une démarche qui existait sans doute déjà dès l'entre-deux guerres, fortement promue par le Bauhaus et déclinée de diverses manières dans style Art Déco, ou manifesté par l'émergence du style Paquebot (1930-1950), mais une démarche qui désormais peut prendre un essor particulier. Les matières plastiques, l'aluminium, l'acier et aujourd'hui les matériaux composites ouvrent des perspectives inédites aux designers. Le style n'est plus aujourd'hui celui d'un époque, mais celui d'un artiste, ou alors c'est seulement une mode. (E. L. / HGP / DV.). |
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