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L'histoire de l'ameublement
L'art du meuble au XVIIe siècle
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L'Époque de Louis XIII

Le mobilier à l'époque du règne de Louis XIII, d'apparence souvent triste, peut-être à cause de l'abus du bois d'ébène, a déjà une certaine pompe annonçant le siècle qui s'amorce; et quand nous parlons de mobilier, c'est pour désigner des pièces d'apparat plutôt luxueuses qu'utiles. Germain Brice, décrivant le palais Mazarin en 1698, dit :

"Il n'y a point de lieu dans Paris où il y ait plus de curiosités, ni qui soit rempli d'une plus grande quantité de meubles précieux, que celui-ci [...]. Pour des meubles, on en voit partout de magnifiques, dont on change à chaque saison de l'année [...]. Après avoir passé plusieurs chambres de plein-pied, tendues de riches tapisseries rehaussées d'or et d'argent, on entre dans une longue galerie, remplie de chaque côté de cabinets garnis de pierreries et de ciselures d'or et d'argent qui sont sur des tables de marbre ou de pierres rapportées. On y verra aussi des vases de jaspe et d'albâtre, de diverses grandeurs, avec de petites statues de bronze, d'un travail exquis. Le plancher de cette galerie est couvert d'un tapis de Turquie tout d'une pièce, d'une longueur extraordinaire. Les appartements d'en bas ne sont pas moins magnifiques. Toutes les salles qui le composent sont pleines de cabinets d'Allemagne et de la Chine, avec des coffres de vernis du Japon, d'une légèreté et d'une odeur admirable [...]. Dans une autre chambre qui est proche, il y a de grandes tables de pierres rapportées et de marbre. La galerie basse et le salon par où on doit passer , sont aussi remplis de bustes et de statues antiques. Cette galerie est de la même longueur que celle dont on a déjà parlé. Enfin on ne saurait trouver ensemble une plus grande variété de belles choses, des horloges, des pendules extraordinaires, des statues d'argent et de vermeil doré, des vases de même matière et en grand nombre."
On ne saurait chercher un tableau plus complet et prouvant mieux l'absence de mobilier d'usage; pour trouver celui-ci, intime et coquet, il ne faudra attendre le règne de Louis XV, ce roi qui désertait les grands appartement pour se réfugier dans les réduits à portes dérobées et à escaliers secrets. D'ici là, il faudra encore patienter un règne.

L'Époque de Louis XIV

Plusieurs artistes envoyés dans les Flandres par Henri IV avaient déjà logés dans la galerie du Louvre, où ils devaient exécuter des cabinets et des meubles d'ébène pour les maisons royales. Plus tard, les ministres Richelieu et Mazarin employèrent également divers ouvriers qu'ils avaient fait venir de l'étranger et auxquels ils demandaient des tables et des cabinets ornés d'incrustations ou d'appliques en pierres dures. On doit conclure des importations faites par ces hommes d'Etat, à quel degré d'infériorité était descendue la production française, quelques années auparavant si florissante. Les gravures d'Abraham Bosse, qui représentent les scènes intérieures de la noblesse et de la bourgeoisie, apprennent en même temps que toute la partie décorative des habitations affectait un caractère flamand très accentué. 
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Mobilier au XVIIe siècle.
Mobilier du XVIIe siècle.

Les tables, les chaises et les fauteuils sont supportés par des colonnes torses et des balustres qu'on est habitué à retrouver dans les tableaux de Terburg et de Metsu. En même temps on voit apparaître les miroirs à bordure carrée ou octogonale, dont l'usage commençait à se répandre. La pièce principale de l'ameublement était le lit, dont le châssis était recouvert de draperies et surmonté de vases à balustre. La mode des chambres à alcôve, où la dame de la maison recevait couchée sur son lit, fut adoptée sous le règne de Louis XIII, et l'on sait l'influence que les ruelles exercèrent sur l'histoire littéraire du XVIIIe siècle. Cette habitude, imposée par le raffinement des précieuses de l'hôtel de Rambouillet, ne devait pas survivre au-delà du règne de Louis XIV

Le ministre Colbert eut l'heureuse inspiration d'établir dans l'ancien hôtel des frères Gobelin, à Paris, une manufacture destinée à centraliser la fabrication de toutes les pièces d'ameublement qui devaient orner les résidences royales (La manufacture des Gobelins). Cette manufacture fut placée sous la direction artistique du peintre Lebrun qui y fit transporter les ateliers travaillant à Maincy pour le surintendant Fouquet. Des logements y furent accordés à Cucci, à Philippe Caffieri et aux mosaïstes en pierre dure que Mazarin avait fait venir de l'Italie. Ils y exécutèrent des meubles que les brodeurs Balland et Fayette décoraient d'après les sujets composés par les peintres Bailly et Bonnemer. Un autre atelier était réservé aux orfèvres qui ciselaient pour les appartements de Versailles un mobilier d'une richesse inouïe, qui fut porté à la Monnaie lors des revers de la guerre de la succession d'Espagne. Des tapissiers appelés de la Flandre furent chargés, conjointement avec ceux qui travaillaient auparavant dans divers établissements à Paris, de fabriquer ces magnifiques tentures qui devinrent promptement sans rivales dans cette branche spéciale de l'art.

Quelques artistes étaient restés aux galeries du Louvre. C'est là qu'était né et qu'habitait André-Charles Boulle, le plus célèbre des ébénistes du règne de Louis XIV. Boulle reçut le titre de premier ébéniste de la maison royale par un brevet où il est qualifié d'architecte, de graveur et de sculpteur. Il s'inspirait fréquemment, pour l'exécution de ses oeuvres, des compositions de Bérain, dessinateur du cabinet, mais il suivait aussi les modèles de Lebrun et plus souvent encore il travaillait d'après ses propres dessins. On attribue généralement à Boulle l'invention des incrustations de cuivre sur un fond d'écaille, bien que ce procédé ait été employé longtemps avant lui. Le véritable mérite de cet ébéniste a été de créer un mobilier approprié aux exigences de la mode qui avait abandonné sans retour les anciennes sculptures sur bois, placées dans les appartements du Moyen âge et de la Renaissance. La vogue des meubles de Boulle fut immense; elle se maintint pendant toute la durée du XVIIIe siècle et les fabricants modernes puiseront encore, dans l'imitation des arabesques inventées par cet artiste, un de leurs principaux moyens de succès. Malgré leur fragilité, il nous est parvenu un nombre considérable de meubles de Boulle. Nous nous bornerons à citer en ce genre la belle suite de consoles et de meubles d'appui qui garnissent actuellement la galerie d'Apollon au Musée du Louvre.
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Armoire.
Armoire en marqueterie, par Boulle,
XVIIe siècle (Louvre).

Le règne de Louis XIV fut l'apogée du grand style décoratif. Le monarque se plaisait à entourer le trône d'un faste qui rappelait celui des monarques asiatiques; mais, homme de goût en même temps, il sut ne jamais sacrifier l'intérêt artistique à la richesse de la matière. Il fut admirablement servi par Colbert, par Lebrun et par les artistes de son époque qui jetèrent les bases d'une rénovation du luxe intérieur. En peu d'années la France reconquit tout le terrain qu'elle avait perdu dans la carrière industrielle et sa production éclipsa totalement celle des autres pays. 

Les meubles incrustés de Boulle étaient accompagnés de consoles, de tables et de torchères en bois sculpté et doré dont Lepautre avait le plus souvent donné les dessins. C'est à lui que l'on fut obligé de recourir lorsqu'il fallut remplacer, dans les appartements de Versailles, les ouvrages d'orfèvrerie que les besoins de la guerre avaient fait rentrer dans la circulation monétaire. Les sièges surmontés de dossiers élevés de forme rectangulaire ont un aspect d'apparat qui répond au caractère grandiose de la décoration de cette époque. Ce sont presque toujours des morceaux de sculpture exécutés avec un très grand goût et on ne se lasse pas d'admirer la composition pleine de grâce des tapisseries au petit point qui les garnissaient. Les lits présentaient encore la disposition que l'on retrouve dans les gravures d'Abraham Bosse, mais ils avaient suivi les progrès du luxe en devenant plus amples et moins surbaissés. On a gardé le souvenir d'un ameublement composé par Delobel, pour la chambre de parade à Versailles, dont les sujets représentaient le triomphe de Vénus. Le lit, avec ses tentures, son baldaquin et sa couverture enrichie de dentelles d'or, de perles et de broderies d'or, était accompagné de fauteuils et de sièges, ainsi que de cinq grands panneaux également travaillés à l'aiguille.
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Lit du 17e siècle.
Lit du marquis d'Effiat,
XVIIe siècle (Cluny).

L'intérieur des appartements était tendu de tapisseries. La manufacture des Gobelins travaillait pour les murailles des maisons royales, tandis que les particuliers s'adressaient aux fabriques de Felletin et d'Aubusson qui commençaient à supplanter les métiers flamands sur le marché français. Bientôt ces sujets héroïques ou mythologiques, incessamment répétés, et ces verdures parurent d'un aspect trop sombre. On rechercha l'air et la lumière en ouvrant des fenêtres plus larges et des portes plus élevées. Vers la fin de sa vie on vit le roi lui-même renoncer aux revêtements de marbre qu'il avait primitivement adoptés pour les galeries de son château, et commander des panneaux de bois sculptés qui répondaient mieux aux exigences du climat de l'Île de France. Déjà il lui avait fallu abandonner le pavage de marbre et les portes en fer ajouré qui rendaient ces appartements inhabitables pendant l'hiver.

La sculpture des lambris atteignit son plus haut degré de perfection sous l'influence de l'architecte Robert de Cotte. Il subsiste à Versailles et dans divers hôtels un nombre infini de pièces de la meilleure exécution et variées avec une abondance inépuisable par les ciseaux du GouIon, de Louis Marteau, de Nel, de Legoupil, de Taupin, de Romié et de Pineau. (A. de Champeaux).

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