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En
zoologie, on nomme métamorphose la série de phénomènes
par lesquels certains animaux passent d'une forme
à une autre, en succession régulière, de leur naissance
jusqu'à l'âge adulte. La métamorphose est un développement
post-embryonnaire, qui ne compte que du jour où l'animal a quitté
l'oeuf, et par conséquent, dans la règle,
le corps de sa mère. Certains insectes,
vivipares cependant, mettent au jour des larves
toutes formées; celles-ci sont dans le cas des petites vipères
qui ont quitté leur oeuf dans le corps même de la mère.
Les animaux qui subissent le plus de métamorphoses régulières
sont certainement les insectes, puisque, en général, aucun
d'eux n'éclôt sous la forme définitive apte à
reproduire son espèce. Mais il en est beaucoup d'autres qui passent
par divers états, comme on l'observe chez les échinodermes,
les mollusques, etc., et même chez les
vertébrés tels que certains poissons
et tous les amphibiens. Chez ces derniers,
notamment, on peut comparer les métamorphoses à celles des
insectes. Ils passent, en effet, parla phase de larve ou têtard,
puis par la phase de nymphe (têtard muni de membres) avant d'arriver
à l'état parfait.
Les insectes sortent
de l'oeuf à l'état de larve, puis, après plusieurs
mues qu'accompagnent parfois de grands changements
de forme, ils passent par un état, ordinairement dormant, qui est
celui de nymphe, pupa ou chrysalide;
enfin, ils apparaissent à l'état d'insecte parfait ou imago
(La
métamorphose des insectes). Plusieurs années peuvent
être consacrées à ce développement post-embryonnaire;
il peut se faire en quelques semaines, en quelques jours même. Mais,
des trois états, le plus court est généralement celui
d'insecte parfait; car le mâle, au moins dans la plupart des cas,
ne survit guère à l'accouplement, non plus que la femelle
à la ponte. Cependant, beaucoup de Coléoptères
vivent plusieurs années à l'état parfait.
Métamorphoses
: Crustacés : 1. Zoé de crabe; 2. Nauplius de homard;
3. Mégalope de portunus. - Annélides : 4. Jeune néréide;
5. Larve d'ophryotrocha. - Méduses : 6, 7, 8, 9. Etats successifs
des scyphistomes. - Mollusques : 10, il, 12, Etats successifs du
pneumodermon. - Echinodermes : 13. Larve d'astérie; 14. Larve
plus âgée; 15, Larve d'oursin. |
On distingue les insectes
à métamorphoses complètes et à métamorphoses
incomplètes; les premiers passant par les trois états absolument
différents, comme chenille, chrysalide et papillon
; les autres ayant, comme les sauterelles et les punaises, leur forme définitive
au sortir de l'oeuf et ne faisant que grossir et acquérir des ailes
au fur et à mesure de leurs mues. Plus exactement, il y a trois
catégories dans les insectes, les amétaboles, les
hémimétaboles et les holométaboles. Les
amétaboles ne subissent pas de métamorphoses; ce sont les
plus dégradés des insectes, et ils mènent une existence
parasite, comme les poux et autres anoploures. Les métaboles sont
ceux qui subissent des métamorphoses. On distingue les hémimétaboles,
qui ont des métamorphoses incomplètes (orthoptères,
hémipteres, et même certains Névroptères et
Diptères, dont les nymphes sont capables
de se mouvoir librement) et les holométaboles, qui ont des métamorphoses
très complètes; une larve active, une nymphe immobile jusqu'à
l'éclosion de l'insecte parfait. Même, parmi les holométaboles,
on observe des stades intermédiaires où les larves se changent
en une nymphe (pseudo-nymphe), d'où sort une seconde larve. Cette
série de phénomènes constitue l'hypermétamorphose.
Les phénomènes
de la métamorphose ne se bornent pas à des changements de
forme extérieure; à eux se relient des modifications profondes
des organes, de leurs tissus, de tous les éléments constitutifs
de l'animal lui-même. S'il y a identité au sens absolu entre
la larve sortie de l'oeuf
et l'insecte parfait qu'elle devient, il n'y
a, au premier stade, aucune identité de forme non plus que d'organisation.
Une larve carnassière est souvent celle d'un insecte phytophage,
et réciproquement. C'est pourquoi l'on a donné le nom de
développement post-embryonnaire à toute la durée de
la métamorphose; car le corps de la larve, mais surtout celui de
la nymphe des holométaboles, est un oeuf véritable où
les tissus, sans cesse en voie de remaniement, remplissent le rôle
d'un second vitellus
formatif, où des éléments anatomiques particuliers
(disques imaginaux, histoblastes), d'abord à l'état de simples
points, s'accroissent en volume jusqu'à produire les pattes, les
parois de la tête et du thorax,
comme chez ces larves de Diptères qui
n'ont ni pattes, ni tête cornées. |
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Le
mot de métamorphose désigne, en botanique, les modifications,
souvent très profondes, que subit un organe primitif pour s'adapter
à des fonctions spéciales. C'est ainsi que la feuille, suivant
les régions du corps de la plante où
elle se développe, devient écaille de bulbe ou de bourgeon,
bractée, sépale,
pétale, étamine,
carpelle, cotylédon,
etc.
L'idée
première de la théorie moderne de la métamorphose
est due à Linné;
mais elle a été surtout développée par Goethe
et par Auguste de Saint-Hilaire.
Le mot métamorphose
doit être pris ici dans un sens en quelque sorte métaphorique;
la feuille qui s'adapte au rôle de produire le pollen,
par exemple, ne passant pas d'abord par l'état de feuille
végétative pour se transformer ensuite en étamine.
La métamorphose ainsi comprise peut se produire d'une façon
normale, de telle sorte que l'appareil floral, par exemple, offre, dans
ses diverses parties, des passages de la feuille végétative
à la bractée, au sépale, au pétale, à
l'étamine et au carpelle.
Accidentellement,
et sous l'influence de causes diverses, telle ou telle espèce végétale
peut présenter des cas anormaux de métamorphose : elle est
dite alors descendante ou régressive, quand un organe de rang déterminé
revient à l'état d'organe d'un rang inférieur, par
exemple une étamine à l'état de pétale; elle
est dite, au contraire, ascendante ou progressive, quand un organe se transforme
par anticipation en un organe de rang supérieur, par exemple une
feuille végétative en pièce du périanthe, etc.
Quant aux variations morphologiques que beaucoup de végétaux
peuvent offrir sous l'influence du milieu extérieur, on emploie
de préférence, pour les désigner, le mot de polymorphisme.
(NLI). |
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