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Les
Merles ne diffèrent par aucune particularité importante
des Grives qui appartiennent comme eux à
la grande famille des Turdidés, et c'est uniquement d'après
le système de coloration que l'on parvient (et parfois non sans
de grandes difficultés) à distinguer ses oiseaux
qui appartiennent au même genre. Les Merles portant, en général,
à l'âge adulte, une livrée
unicolore, tandis que les Grives ont la poitrine et les flancs mouchetés.
Comme les Grives les Merles ont le bec comprimé,
garni à la base de soies raides, la mandibule
supérieure échancrée près de la pointe, les
narines rapprochées du front, ovoïdes et à demi-fermées
par une membrane, les pattes fortes et assez hautes,
les ailes plus ou moins aiguës, atteignant,
quand elles sont repliées, le milieu de la queue, toujours ample
et un peu arrondie en arrière. Comme les Grives, les Merles se nourrissent
de fruits, d'Insectes
et de vers et fréquentent les forêts,
les taillis et les broussailles, mais ils sont d'humeur moins sociable
que leurs congénères et vivent isolés, par couples
ou en petites familles au lieu de se réunir en bandes nombreuses.
Beaucoup d'entre eux sont sédentaires, et, quoiqu'ils soient naturellement
farouches et défiants, ils s'enhardissent, quand ils se sentent
protégés jusqu'à pénétrer dans l'intérieur
des grandes villes où ils séjournent pendant l'hiver
dans les jardins publics et privés.
On ne compte en France
que deux espèces de Merles, à savoir : le Merle noir (Turdus
merula, anc. Merula nigra Leach) dont le mâle adulte est d'un noir
profond avec le bec et les paupières jaunes et les pattes d'un beau
noir et le Merle à plastron ou à collier (Turdus torquatus,
anc. Merula torquata L.) dont le costume brun foncé est rehaussé
sur un plastron blanc.
Le
Merle noir.
Le Merle noir est
répandu sur toute l'Europe au Sud du cercle
arctique et s'avance du côté de l'Est jusqu'en Iran
et en Asie centrale; il se trouve aussi, au moins
pendant une partie de l'année, aux Açores
et dans l'Afrique septentrionale. Il niche dans
les bois ou les parcs, quelquefois sur les arbres élevés,
d'autres fois à une faible hauteur ou même très près
du sol. Son nid en forme de coupe est fait de mousse
et de racines gâchées avec de
la terre détrempée. Il renferme de quatre à six oeufs
d'un bleu verdâtre ou d'un gris bleuâtre, avec des taches grises
ou rousses. Les jeunes avant la première mue sont bruns avec des
taches rousses et ont le bec et les pattes bruns, comme les femelles adultes,
qui diffèrent des mâles en ce qu'elles ont le manteau brun,
et les parties inférieures du corps tachetées de gris, de
noirâtre et de roux. Il existe du reste parmi les Merles de nombreuses
variétés individuelles, et les Merles blancs sont moins rares
qu'on ne le croit généralement. Pris jeune le Merle noir
s'habitue aisément à la captivité et apprend à
répéter certains airs qui ne valent pas assurément
l'admirable chant qu'en liberté il fait entendre dès la fin
de l'hiver.
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Merle
noir ou Merle à bec jaune (Turdus merula).
Le
Merle à plastron.
Le Merle à
plastron ne se trouve guère en France que dans les régions
montagneuses, dans les Alpes (Hautes-Alpes,
Alpes-de-Haute-Provence),
les Vosges, le Jura et
les Pyrénées. D'autres espèces
plus ou moins voisines de celles que nous venons de nommer habitent la
Chine, l'Inde, l'Amérique
tropicale et même différentes îles de l'Océanie;
mais aucune espèce de Merle ne se rencontre en Afrique
au Sud du Sahara. Dans toute cette vaste région,
il n'y a qu'une ou deux espères de Grives.
Les Merle dorés.
Les Merles dorés
ou Oréocincles (Oreocincla Gould., Proceed. zool. Soc. Lond.,
1837, p. 145) ont de grandes affinités avec les Grives
dont quelques ornithologistes ne les ont pas séparés. Ils
se rapprochent en particulier de la Grive draine (Turdus viscivorus), mais
ils se distinguent constamment à l'âge adulte des Grives par
le mode de coloration de leur plumage,
les parties supérieures de leur corps n'étant pas d'un brun
olivàtre uniforme, mais offrant sur un fond d'un brun roux ou doré
des barres transversales. On distingue plusieurs espèces d'Oréonincles
: l'Oreonincla varia Pall. qui niche en Sibérie,
dans le Nord de la Chine et du Japon
et qui se montre très accidentellement en Europe;
l'O. Hancii Swinh., de Taiwan; l'O. Horsfieldi de Java; l'O. Dauma Lath.,
de la région himalayenne, et l'O. lunulata
Lath. de l'Australie. (E. Oustalet). |
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