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Mathématiques / [ Regards en arrière > Histoire des mathématiques] |
L'École
mathématique
et astronomique d'Alexandrie |
La ville d'Alexandrie
est devenu le principal foyer des mathématiques
et de l'astronomie grecque à partir du IIIe
siècle av. J.-C.. On cite parmi ses représentants
: Aristille, Timocharis,
Aristarque de Samos,
Eratosthène (Les
Catastérismes), Hipparque,
Ptolémée, Hypsiclès, Achille
Tatius, Théon d'Alexandrie,et Hypatie,
sa fille.
Il est de tradition de rattacher aux débuts de I'École le géomètre Euclide. Mais nous ne savons rien de positif sur ce savant qui est cité pour la première fois par Apollonios, vers la fin du IIIe siècle avant J.-C. Il se pourrait aussi, sans certitude, que l’astronome Aristarque ait appartenu au milieu alexandrin. En tout cas son compatriote et contemporain Conon de Samos en fut un des ornements. C’est avec ce dernier, astronome et mathématicien, qu’Archimède a correspondu. Avant son décès, le grand savant de Syracuse envoya ses mémoires à Dosithée puis à Ératosthène. Rien ne permet cependant d’affirmer qu’Archimède ait étudié à Alexandrie. Tout au plus, si l’on en croit Diodore de Sicile, y aurait-il séjourné. À la génération suivante, nous savons, par son propre témoignage, qu’Apollonios de Perge a vécu et travaillé dans la métropole des Ptolémées. Grâce à lui, quelques noms sont d’ailleurs sauvés de l’oubli : Naucrate, qui visita Alexandrie et auquel il remit une première édition de son traité des Coniques, Trasydée, pour lequel Conon écrivit un de ses ouvrages, Nicotelès, qui critiqua violemment ce travail de Conon. Il ne semble cependant pas qu’Apollonios ait toujours séjourné à Alexandrie ou qu’il y ait été bien en cour. Il dédie en effet ses Coniques à son collègue Eudème de Pergame, puis à Attale (peut-être le futur roi Attale II de Pergame). Après Apollonios et son fils, nous trouvons à Alexandrie Hypsiclès qui nous parle de son père, contemporain d’Apollonios, de Basilidès de Tyr, qui rendit visite à ce père, et d’Aristée; mais il serait difficile de savoir si les mathématiciens du IIe siècle dont les noms, grâce à Pappus, nous sont conservés - Zénodore, Nikomédès, Dioklès, Persée, Dionysodore - ont ou non vécu à Alexandrie. Nous rencontrons ensuite le grand nom d’Hipparque, qui se livra à des observations astronomiques à Rhodes et à Alexandrie entre 161 et 127 et qui se rattache au Musée, dont faisaient sans doute encore partie Théodose de Tripoli et Ménélaos. Mais aucun doute n’est possible pour Ptolémée - observations astronomiques entre 125 et 141 de notre ère - Héron, Diophante, Pappus puis Théon d’Alexandrie et sa fille Hypatie, lynchée par des Chrétiens en 415. Une des principales activités des
géomètres alexandrins fut l'enseignement. Cet enseignement
poursuivait, en gros, trois buts distincts : la formation d’ingénieurs
et de mécaniciens; la formation d’astronomes; enfin celle de mathématiciens
purs. D’où trois niveaux d’enseignement sur lesquels il nous reste
heureusement des documents incontestables.
L’astronomie.
Déjà avec Hypsiclès et surtout à partir d’Hipparque, les calculs astronomiques sont faits dans un système de numération à base 60 dérivé de la numération babylonienne. Les entiers sont écrits dans le système littéral grec. Cette numération mixte gréco-babylonienne est le fait de l’école alexandrine. Très souple, elle sera ultérieurement adoptée par les astronomes arabes. Lorsque l’écriture hindoue des nombres entiers – la nôtre – fut introduite en Occident, le système alexandrin s’y adapta très aisément, la base 60 restant la base fondamentale. Ce n’est qu’avec Viète et Stevin que la numération décimale prolongée du côté décimal commencera à s’imposer. Encore subsiste-t-il, aujourd’hui, quelques résidus de l’ancienne numération alexandro-babylonienne. La
mathématique alexandrine.
Mais, à côté de ces grands traités, et à un niveau légèrement inférieur, celui de nos propédeutiques, Pappus nous a conservé tout au moins des analyses d’ouvrages, remarquables, de didactique et d’heuristique mathématiques. Cet ensemble impressionnant constitue le livre VII de sa « collection » : Données et Porismes d’Euclide; Section d’aire, Section de rapport, Contacts, Inclinaisons, Lieux plans d’Apollonios; Lieux solides d’Aristée; Lieux à la surface d’Euclide. Nous devons à l’école alexandrine, d’abord en géométrie, une technique analytique remarquable que Zeuthen a appelée l’«algèbre géométrique» des Grecs. Elle est, de nos jours, complètement tombée en désuétude, remplacée avantageusement par l’analyse de Viète et de Descartes. Il est cependant indispensable de la connaître pour lire les grands classiques grecs. Mais c’est encore à cette école que l’on doit un autre aspect de l’analyse représenté par les Arithmétiques de Diophante d’Alexandrie. Il s’agit de l’analyse indéterminée, dite de nos jours encore «analyse diophantienne» (Analyse mathématique). Ses procédés sont identiques à ceux de notre algèbre élémentaire quant aux fondements. Elle ne s’applique qu’aux nombres rationnels. Bien que les Arithmétiques soient un ouvrage tardif, cette analyse devait être cultivée dès les débuts de l’École, où son rôle éducatif était loin d’être négligeable. C’est la confrontation par Viète et ses émules des deux courants alexandrins - analyse géométrique représentée par Pappus, analyse «numéreuse» de Diophante - qui amena la naissance de la mathématique moderne. Cependant, les astronomes alexandrins, Hipparque et Ptolémée entre autres, nous ont apporté la première étude sérieuse de fonctions transcendantes, la trigonométrie. Le premier traité de cette nouvelle science figure au livre I de l’Almageste de Ptolémée (chap. 9). Le traité comporte, en plus de considérations théoriques, des tables de cordes d’arcs de cercle, nos tables de sinus. Ce sont des tables remarquables par leur exactitude. On y trouve pour la valeur approchée 3-8-30 (en écriture sexagésimale), la meilleure approximation possible avec trois places sexagésimales. Ainsi l’école alexandrine a-t-elle rendu des services éclatants aux mathématiques pendant plus de sept siècles d’activité, dont les plus brillants sont sans conteste les IIIe et IIe siècles avant notre ère. |
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