| Toute espèce de pierre calcaire compacte, en grandes masses, à grain fin, d'un tissu homogène et susceptible de recevoir un beau poli, peut être désignée sous le nom de marbre; cependant en général on n'applique cette dénomination qu'aux espèces de calcaires qui, présentant soit des couleurs vives uniformes, soit un assortiment agréable de diverses couleurs on de différentes teintes de la même couleur, peuvent être avantageusement employés à la décoration des meubles ou des édifices. On trouve des marbres dans les formations de toutes les périodes; néanmoins ils abondent surtout dans les terrains mésozoïques, et c'est aussi dans ces derniers que l'on rencontre les variétés les plus riches en couleur. Le nombre des variétés de marbres est immense; chaque lieu, chaque carrière, chaque lit même d'une carrière en fournit d'innombrables, qui diffèrent entre elles par la nuance, la vivacité, le mélange ou la disposition des couleurs, par la présence ou l'absence de débris organiques ou inorganiques, etc. La plupart de ces variétés portent dans le commerce des appellations particulières. La classification des marbres en marbres antiques et en marbres modernes doit être rejetée, car elle ne repose que sur une circonstance accidentelle. En effet, on appelle marbres antiques, ceux dont les carrières sont aujourd'hui épuisées ou inconnues, par opposition aux marbres modernes, dont les carrières sont actuellement exploitées. La seule classification rationnelle que l'on ait proposée pour les marbres, est celle qui les divise en quatre grandes sections, à savoir : les marbres simples, les marbres brèches, les marbres composés, et les marbres lumachelles. Les marbres simples. Les marbres simples ne renferment que du carbonate de chaux souvent plus ou moins sali par des substances colorantes : il y en a d'unicolores et de veinés. Les premiers sont généralement blancs noirs, rouges ou jaunes, et leur valeur est en raison directe de la pureté de leur teinte. Les plus beaux marbres blancs sont ceux de l'île de Paros, dans la Mer Egée; du mont Pentélique, dans l'Attique; de Carrare, près de Modène; et de Seravezza, en Toscane. Ces deux dernières localités fournissent au monde entier, depuis un grand nombre de siècles, presque tous les blocs employés pour la sculpture. Les marbres que nous venons de citer sont habituellement désignés sous le nom de marbres statutaires. Les deux plus célèbres, ceux de Paros et de Carrare se distinguent l'un de l'autre par leur texture. Celui-ci a la cassure brillante, grenue et offrant l'aspect du sucre, tandis que celui-là offre de petites lames cristallines. Il y a en Isère et en Algérie de fort beaux marbres statuaires, quoique un peu inférieurs au Carrare. Le marbre noir le plus recherché s'exploite aux environs de Dinant et de Namur, en Belgique: on s'en sert principalement pour la construction des monuments funéraires. Le marbre rouge d'Égypte, ou Rouge antique, dont les carrières est été retrouvées entre le Nil et la mer Rouge, est très rare. Les morceaux que l'on rencontre dans le commerce servent à faire de petits objets d'ornement. La Griotte, vulgairement appelée griotte d'Italie, quoiqu'elle elle provienne de Gaunes, sur la lisière des départements de l'Aude et de l'Hérault, est d'un rouge foncé avec des taches ovales brunes, dues à des coquilles du genre Nautile. Le Jaune antique était exploité par les anciens en Macédoine. Le Jaune de Sienne, qui s'exploite aux environs de la ville de ce nom, en Italie, est très recherché pour la marqueterie et les socles de pendule. Les marbres veinés présentent des variétés et des sous-variétés sans nombre. Le Portor est noir avec des veines d'un jaune d'or, ce qui lui a valu son nom; il vient du village de Porto-Venere et de l'îlot de Palmaria, dans le golfe de la Spezzia. Le Sainte-Anne, qui est exploité en abondance dans le Hainaut belge, est gris mélangé de blanc; il s'emploie ordinairement pour les dessus des meubles communs. le Bleu turquin ou Bardiglio, à fond bleuâtre avec des veines blanchâtres, sert également à faire des dessus de meubles, des cheminées, etc.; on le tire des carrières de Seravezza, en Toscane. Le Vert de Gênes, qui est vert veiné de blanc, vient de Polcevera, près de Gênes : c'est le plus dur de tous les marbres. Le Grand antique, qui est noir avec des veines blanches, appartient à la même catégorie. Nous citerons encore l'lncarnat, appelé aussi Languedoc, qui vient du territoire de Caunes, dans l'Aude; il est rouge de feu, fouetté et jaspé de veines blanches et grises. Il est très fréquemment employé, surtout en Italie, pour la décoration des églises. Il a fourni les colonnes de l'arc du Carrousel, à Paris. Les marbres brèches. Les marbres brèches résultent le plus souvent de l'agrégation de fragments de diverses couleurs, réunis par un ciment calcaire. D'autres fois, ils sont simplement formés par des veines plus ou moins prononcées qui divisent la masse en pièces parfaitement distinctes et ayant l'aspect de morceaux réunis. On distingue les brèches proprement dites, dont les fragments sont de grande dimension, et les brocatelles, dont les fragments sont beaucoup plus petits. Chacune de ces sections offre une multitude de variétés qu'un désigne d'après la couleur de la pâte et celle des fragments. On nomme brèches universelles, celles qui présentent des parties isolées de toutes couleurs. Les brèches les plus renommées sont le Grand deuil et le Petit deuil, à fond noir avec des éclats blancs, qui abondent dans l'Aude (Cascastel), l'Ariège (Aubert), et les Pyrénées Atlantiques (Sauveterre); la Brèche d'Aix, qui se compose de fragments de toutes les couleurs joints par un ciment silico-calcaire et qui s'exploite à Alet et au Tholonet dans les Bouches-du-Rhône; la Brèche violette, appelée aussi fleur-de-pêcher, à fond violâtre avec grands éclats blancs, qui s'exploite à Stazzema, en Toscane; la brèche de Vilette, dans la Tarentaise, qui a des taches blanches ou jaunâtres sur un fond violet un peu cendré; celle de Sarrancolin ou Antin qui est rouge de sang ou jaune, avec de grandes plaques gris jaunâtre, se trouve aux environs de Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées). Nous citerons, parmi les brocatelles, la brocatelle d'Espagne, dont la pâte qui est lie de vin, est parsemée de petits graine arrondis couleur isabelle. Les marbres composés. Les marbres composés sont des roches calcaires renfermant une matière étrangère qui est disposée soit en feuillets plus ou moins ondulés, soit en nids plus ou moins volumineux, et qui souvent donne à la masse une apparence plus ou moins fragmentaire. Celle matière est tantôt de la serpentine, tantôt du mica. Le Vert antique est formé de calcaire saccharoïde et de serpentine verte l'un et l'autre en rognons anguleux. Le Vert de Suze, le Vert de mer et le Vert de Florence contiennent également de la serpentine. Les marbres dits cipolins renferment du mica en fragments disséminés. C'est encore du mica, mais en feuillets ondulés, que l'on trouve dans le Campan, marbre qui s'exploite dans la vallée du même nom, près de Bagnères- de-Bigorre. Les marbres lumachelles. Les marbres lumachelles sont ainsi appelés de l'italien lumaca (limaçon), parce qu'ils renferment des débris de coquilles ou de tests d'échinodermes, tantôt entassés confusément les uns sur les autres, tantôt disséminés dans une pâte plus ou moins homogène. A cette classe appartiennent le Drap mortuaire, à fond noir, avec des coquilles coniques blanches, et le Petit granite, ou marbre granitelle, dont le fond, qui est également noir, est parsemé d'encrinites; ils proviennent, l'un et l'autre, des environs de Mons. La lumachelle d'Astrakan, qui vient de la région de la Mer Caspienne, se distingue par son fond de couleur café et ses coquilles d'un jaune foncé; elle est rare et très recherchée. L'opaline qui se trouve en Carinthie, est aussi très rare : elle doit son nom aux nuances irisées que lui donnent ses coquilles. Nous nommerons encore la lumachelle de Narbonne, à fond noir, et la lumachelle de Lucy-le-Bois, à fond noirâtre avec des lignes courbes qui sont des coupes de coquilles bivalves. La première s'exploite dans le département de l'Aude, et la seconde dans ceux de l'Yonne et de l'Aube. Les lumachelles communes servent à faire des chambranles de cheminée et des dessus de meubles, et les plus rares, comme celles d'Astrakan et de Carinthie, à décorer divers petits objets. (DGS). | |