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La littérature anglaise au XIXesiècle |
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Dès la fin du XVIIIe siècle commence ce qu'on appelle généralement l'école romantique. Le mouvement des esprits qu'excitent en Allemagne la critique et les oeuvres de Herder et de Goethe se communique à l'Angleterre, au moment où l'Histoire de la poésie de Warton et les vieilles ballades nationales réunies par l'évêque Perey attestent la puissance et la liberté native de la poésie anglaise. Le résultat de ce retour à l'inspiration spontanée du Moyen âge, c'est de subordonner l'art aux élans de l'imagination, et de développer chez les écrivains le goût de la fantaisie, aux dépens de la méthode et de la mesure qui sont les signes de l'âge précédent. Le caractère le plus frappant de la littérature anglaise pendant ce siècle, et plus particulièrement dans sa seconde moitié, c'est la prédominance de la prose sur la poésie, malgré Wordsworth et Byron, et, dans la prose, la supériorité de l'histoire et du roman sur tous les autres genres. Toutes les renommées poétiques sont éclipsées par la gloire solide de l'historien Macaulay et par les succès brillants de Dickens, de Walter Scott et de Thackeray. La poésie. Après Cowper, Erasme Darwin, écrivain ingénieux et brillant, abusa du style descriptif, qui ne lui valut qu'une popularité éphémère. Robert Bloomfield se consacra à la peinture des tableaux rustiques, dont il reproduisit toute la simplicité. Gifford, dont Byron estimait tant la critique, appartient à une autre école; c'est un savant et un satirique, qui conserve les traditions classiques de Pope, et qui, dans sa Baviade et dans sa Moeviade, ridiculise les mauvais poètes de son temps. Grahame, qui aimait la campagne, comme Cowper, a composé des Géorgiques anglaises, trop minutieuses et trop pratiques pour être poétiques. La poésie de William Wordsworth, le plus grand poète de l'école romantique, après Byron, est à la fois métaphysique et descriptive; elle roule en général sur les rapports de l'humain et de la nature; mais elle ne peut à aucun degré se transporter dans une langue étrangère. Le charme de ses expressions pittoresques et la mélancolie un peu vague de son imagination s'évaporent nécessairement dans une traduction. Samuel Coleridge est aussi un poète lyrique renommé en Angleterre. Son style, orné et surchargé d'images, ne répond pas toujours à l'intensité de la passion qui l'anime et à l'élévation de sa pensée. Robert Southey est le plus infatigable écrivain de la pléiade littéraire à laquelle il appartient. Outre un grand nombre de pièces légères, il a composé une série de poèmes épiques aujourd'hui fort oubliés, mais qui lui valurent l'office de poète lauréat. Thomas Moore, l'ami de Byron, auteur des Mélodies irlandaises et du poème oriental de Lalla Rookh, est un des auteurs du XIXe siècle qui ont obtenu la plus grande et la plus durable popularité : on a fait sans cesse de nouvelles éditions de ses oeuvres, elles sont entre toutes les mains en Angleterre, et, grâce à l'harmonie de sa versification, il n'y a pas de vers modernes qui soient plus souvent chantés et plus applaudis que les siens. Thomas Campbell, dont l'inspiration lyrique n'est pas moins haute que celle de ses rivaux, les surpasse en élégance et en correction. Walter Scott, avant d'écrire ses romans, a été, pendant quelques années, le poète favori de sa nation. Peu de poèmes ont eu plus de succès que Marmion et la Dame du lac. La plupart des poètes de l'école romantique, y compris W. Scott lui-même, ont attaché trop d'importance à la description physique et matérielle du monde extérieur; leur défaut commun est d'avoir empiété sur le domaine de la peinture, et employé le langage des vers à rendre des effets que le pinceau seul peut exprimer. Byron évite cette faute, et c'est là ce qui le distingue des écrivains avec lesquels son génie a le plus d'affinités. S'il peint la nature, il rajeunit les descriptions qu'il en fait en empruntant au ciel de l'Orient des couleurs plus éclatantes que celles dont se sont servis ses devanciers. D'ailleurs, elle n'est pour lui que le cadre et non le sujet de ses compositions. Car son vrai sujet, c'est lui-même, c'est l'analyse morale de ses sentiments, c'est l'expression de ses doutes et de ses douleurs. La couleur de sa poésie a pu vieillir; ce qui ne vieillit pas, c'est ce qu'il y a mis de son propre coeur et de son douloureux scepticisme. Moins énergique, moins brillant que Byron, et destiné à une popularité moins grande, Shelley rachète le vague de sa poésie par la profondeur de ses investigations et par l'élan mystique de ses rêves. Il y avait aussi l'étoffe d'un poète dans ce jeune Keats, qui mourut à Rome, à 24 ans, victime de l'excès de sa sensibilité. Leight Hunt, si maltraité par Byron, a fait des Essais qui valent mieux que ses vers. Algernon Charles Swinburne, grande figure de la poésie anglaise de la seconde moitié du XIXe s. (Tableau de William Bell Scott). Le théâtre. Le roman. Très connu en son temps, l'aimable roman d'Elizabeth Inchbald, intitulé Simple histoire. Le nom seul d'Anne Radcliffe rappelle les scènes les plus terribles et les plus fantastiques que l'imagination ait pu concevoir. Le Moine de Lewis, production étrange, mais pleine d'originalité, où le pathétique se mêle au merveilleux, a obtenu plus de succès encore et mérite de vivre plus longtemps. William Godwin, publiciste, moraliste, biographe et historien (et père de Mary Shelley, l'auteure de Frankenstein), exprime, dans le roman célèbre de Caleb Williams, les sentimens hardis et philanthropiques qu'inspire à quelques âmes généreuses le spectacle des vices du système social. Son livre est un pamphlet qui se déguise sous le voile de la fiction. Maria Edgeworth a décrit, avec finesse, dans des oeuvres attachantes et morales les moeurs de son pays. Mais toutes les renommées s'effacent devant la gloire de Walter Scott, qui a élevé le roman à la hauteur du drame et de l'épopée. Imagination, sensibilité, puissance d'observation, finesse et gaieté de l'esprit, il possédait à un degré éminent toutes les qualités du romancier. II suffit de rappeler les titres de ses ouvrages, Kenilworth, les Puritains d'Ecosse, Ivanho&, la Prison d'Édimbourg, pour reporter les lecteurs de tous les âges aux émotions les plus fortes et les plus douces que la littérature pure leur ait jamais procurées. On peut citer encore, même après les chefs-d'oeuvre du maître, l'Anastase de Hope excellente peinture des moeurs de l'Orient. L'histoire. La philosophie, et les autres genres. Parmi les auteurs de Mélanges littéraires, il serait injuste d'oublier les noms d'Hazlitt, critique spirituel, et d'Isaac Disraeli, auteur des Curiosités de la littérature. Dans un autre ordre d'idées, Jérémie Bentham et Malthus ont acquis une grande réputation, l'un comme moraliste et juriste, l'autre comme économiste.(AM) |
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