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On
appelle lieu géométrique une ligne ou une surface
dont tous les points jouissent d'une propriété
commune à l'exclusion de tous les autres points
de l'espace. Un lieu peut être relatif aux
points d'une surface : c'est alors une ligne dont tous les points jouissent
d'une même propriété dont ne jouit aucun autre point
de cette surface.
Par exemple, la perpendiculaire
sur le milieu d'un segment de droite est, dans le plan
de ce segment et de cette perpendiculaire, le lieu des points également
distants de ce segment de droite; le plan perpendiculaire sur le milieu
d'un segment de droite est le lieu des points de l'espace également
distants des extrémités du segment de droite.
Le lieu des points
également distants de trois points est la perpendiculaire au plan
de ces points menée par le centre du cercle circonscrit au triangle
ayant ces points pour sommets.
Les anciens
géomètres appelaient lieux plans la droite et la circonférence
du cercle, lieux solides les sections
coniques, et lieux linéaires les courbes
en général.
On appelle quelquefois
problème local celui qui a pour but la recherche de la nature
d'un lieu géométrique. Par exemple : trouver le lieu des
points tels que le rapport de leurs distances à deux points fixes
soit constant.
Si un lieu géométrique
est une ligne ou une surface, réciproquement
toute ligne, toute surface est, en général, un lieu de points
jouissant d'une certaine propriété pouvant servir à
définir cette ligne ou cette surface; mais on conçoit qu'une
ligne ou une surface puisse être définie d'une infinité
de manières comme lieu. Ainsi, par exemple, en géométrie
plane on peut définir la droite comme lieu des points également
distants de deux points, comme lieu des points tels que le rapport de leurs
distances à deux droites fixes soit constant, etc.
Il résulte
de là que le problème qui consiste à trouver le lieu
des points qui jouissent d'une propriété donnée peut
être résolu au moyen de réponses de formes très
différentes, et la solution d'un pareil problème consiste
à transformer la définition
du lieu demandé en une autre qui désigne le lieu d'une façon
plus simple; ainsi, quand on demande le lieu des points d'un plan tels
que le rapport de leurs distances à deux points fixes soit donné,
on peut répondre que ce lieu est un cercle. Au fond, on a simplement
transformé l'énoncé du problème, en répondant
que le lieu demandé est aussi le lieu des points également
distants d'un point fixe.
Lorsqu'un lieu est
une droite, un cercle, un plan, une sphère,
un cône, un cylindre,
les procédés de la géométrie
élémentaire peuvent le plus souvent permettre de le démontrer,
et les propriétés de ces figures étant bien connues,
la question peut être considérée comme résolue.
Pour les autres lieux, il a fallu indiquer ce que l'on considérait
comme une définition simple de ces lieux, et l'on conçoit
de cette manière d'entendre la simplicité a quelque chose
très arbitraire; cependant Descartes
en inventant les coordonnées a permis
de classer les différents lieux en les définissant d'une
manière assez simple.
On peut dire, d'une
manière générale, qu'un point est déterminé
par deux paramètres dans le plan et par trois paramètres
dans l'espace. Ces paramètres sont ses coordonnées; le plus
souvent ces coordonnées sont les distances du point à des
droites ou à des plans fixes. Si l'on établit une relation
entre les coordonnées d'un point, on définit un lieu, et
tout lieu peut être défini par une ou deux relations entre
les coordonnées d'un point; ce sont ces équations
qui sont la base de la classification des lieux, classification qui a pour
but de reconnaître l'identité de certains lieux définis
de manières très différentes.
L'un des buts principaux
que l'on se propose en géométrie analytique est de chercher
les équations des lieux, ce qui, au fond, n'est qu'une transformation
de coordonnées. Quand, par exemple, je demande de trouver l'équation
du lieu des points tels que le rapport de leurs distances à un point
fixe et à une droite fixe soit constant, je ne fais pour résoudre
la question que transformer l'équation du lieu p = kf.
(H. laurent). |
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