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Les langues mayas
Mayan
Yucatecan Maya ( = yucatèque, parlé dans les Etats mexicains du Yucatan, de Campeche et de Quintana Roo; ainsi qu'au Bélize et dans le Peten; plus de 750.000 locuteurs), lacandon ou lakantun (parlé dans le Chiapas, environ 500 locuteurs).
Mopan (parlé au Peten et au Bélize), itza ou itzaj (parlé à San José Pete, presque éteint).
Maya oriental ou
Quichean-Mamean
(K'icheanan-Mameanan)
Groupe du
maméan
(Mameanan)
Maméan : mam (répandu dans l'État de Vera-Paz, au Guatemala; plus de 500 000 locuteurs);tacanèque, tectitèque ou teco (parlé au Chiapas et à San Marcos).
Ixilan : ixil (ou nebaj ixil), ahuacatèque.
Groupe du
quichéan
(K'iche'an)
Quichéan: quiché ou k'iche' maya (parlé au Quiché, à Totonicapan, Solola, Quetzaltenango; plus d'un million de locuteurs), achi, tz'utujil (parlé à Solola, Restalhuleu et Escuintla), kaqchikel (parlé Chimaltenango, Solola, à Guatemala city; plus de 400 000 locuteurs).
Pocom : pocomam, pocomchi. (Langues  en usage au Guatemala) depuis la frontière mexicaine au Nord jusqu'à l'État de San-Salvador au Sud).
Kekchi (Haute et basse Verapaz, Izabal, Quiché, Petén et Bélize), sacapultèque (Quiché, au Guatemala), sipacapeño (San Marcos), uspantèque (parlé dans le Quiché).
Cholan-Tzeltalan
(Maya nucléaire)
Ch'olan Chontal (parlé dans les Etats mexicains de Tabasco et d'Oaxaca); Ch'ol (Tila, Tumbala, variétés parlées dans le Chiapas).
Chorti (parlé à Zacapa (Guatemala) et jusqu'à l'ancienne ville de Copan à l'Est); Cooli (langue éteinte , se parlait dans le nord des Verapaces)
Tzeltalan Tzotzil (Chamula, Chenalo, Venustiano Carranza, S. Andres Larraizar, Huixtan, Zinacantan, variétés parlées au Chiapas;  plus de 300 000 locuteurs).
Tzeltal (Ocosingo, Oxchuc; variétés parlées au Chiapas; plus de 300 000 locuteurs).
Qanjobalan-Chujean Qanjobalan
(Q'anjob'alan)
Popti' (Jacaltèque), q'anjob'al, acatèque(langues parlés dans la région de Huehuetenango, au Guatemala)
Mocho' (motozintlèque, tuzantèque, parlé au Chiapas et menacé d'extinction).
Chujean Chuj (Huehuetenango), tojolabal (Chiapas).
Huastecan Huastèque (plusieurs dialectes parlés dans les Etats mexicains de Veracruz et de Sans Luis de Potosi, ainsi que dans la vallée de Mexico).
Langue morte : Chicomuceltèque (était parlée dans le Chiapas et dans la vallée de Mexico).
Les langues mayas sont des langues parlées par plusieurs millions de personnes au Guatemala, au Mexique, au Bélize, au Honduras et au Salvador. On estime qu'il existe environ 30 langues mayas différentes; certaines d'entre elles ont un très petit nombre de locuteurs et sont menacées de disparition, bien que des efforts soient faits pour leur conservation et leur revitalisation. 

Les langues mayas ont joué un rôle important dans l'histoire et la culture de la Mésoamérique (Les Mayas). À l'époque préhispanique, la langue maya classique (Yucatèque) était utilisée comme lingua franca dans de vastes régions de la péninsule du Yucatan et dans certaines régions du Guatemala. Après la conquête espagnole, les langues mayas ont continué à être parlées et de nouvelles variantes régionales se sont développées. 

Aujourd'hui, les langues mayas sont transcrites le plus souvent à l'aide de l'alphabet latin pour leur écriture. Certaines, cependant possèdent leur leur propre système d'écriture.

Exemples de langues mayas.
On estime que les langues mayas ont une histoire d'environ 4000 ans, ce qui en fait l'une des plus anciennes familles de langues du continent américain. Le proto-maya, la langue ancestrale des langues mayas modernes, se serait formée entre 2500 av. JC et l'an 2000 av. JC, dans la région des basses terres de la Mésoamérique. Différentes variantes linguistiques se seraient développées à partir de cette langue au fur et à mesure que les communautés se séparaient et se développaient indépendamment.

L'écriture maya s'est développée vers le IIIe siècle av. JC dans ce qui est aujourd'hui le Guatemala. Puis, la conquête espagnole des Amériques au XVIe siècle a eu un impact significatif sur les langues mayas, car les colonisateurs ont imposé l'espagnol comme langue officielle et il y a eu une perte importante de locuteurs de langues indigènes. 

La trentaine de langues qui existent aujourd'hui, se répartissent entre cinq groupes ; le yucatecan, le maya oriental ou quichean-mamean (k'icheanan-mameanan), le cholan-tzeltalan (maya nucléaire), le qanjobalan-chujean et le huastécan. Nous dirons quelques mots sur une langue représentative de chacun de ces groupes pour mettre en évidence leur grande familiarité, avant d'esquisser à grand traits les caractéristiques grammaticales de ces langues. On notera que les langues présentées ici sont, à l'instar de beaucoup d'autres langues mayas, des langues tonales : certains mots sont prononcés avec une intonation différente et ont alors des sens ou et une fonction grammaticale spécifiques, mais d'autres mots ont une prononciation unique.

Ajoutons que l'ordre des mots est assez variable. Le huastèque, le quiché, le tzotzil et le qanjobal ont une syntaxe de type sujet-verbe-objet (SVO), comme en français par exemple, mais avec davantage de souplesse. La syntaxe de la langue huastèque est, quant à elle, majoritairement de type sujet-verbe-objet (SVO), bien que l'ordre des mots puisse varier pour souligner certaines parties de la phrase. De plus, il est courant d'utiliser des constructions de type VSO (verbe-sujet-objet) dans les phrases interrogatives et exclamatives. Ce dernier ordre (VSO), dans lequel le verbe vient  avant le sujet et l'objet est d'ailleurs le plus courant dans cette famille linguistique.

Le yucatèque.
Le yucatèque, maya classique, ou maya péninsulaire, est parlée par environ 700 000 personnes dans la presqu'île du Yucatan. Bien que l'espagnol soit la principale langue parlée dans la région, cette langue conserve une riche tradition littéraire, toujours vivace

On y trouve en yucatèque certaines consonnes gutturales et très rudes, que les étrangers prononcent difficilement. Il n'yn'a pas de valeurs phonétiques qui correspondant à la prononciation de nos lettres d, f, g, j, q, r, s et v. 

Il est courant d'omettre le sujet s'il ressort clairement du contexte. De façon générale, la langue fait aussi un fréquent usage d'élisions et de syncopes, au milieu desquelles les racines des mots sont souvent difficiles à retrouver.

Il existe de nombreux préfixes et suffixes qui sont utilisés pour indiquer la fonction grammaticale des mots, tels que le genre, le nombre, le temps et le mode verbal, entre autres.

Les genres ne sont employés que pour exprimer le sexe des personnes; ils s'expriment au moyen d'un préfixe, qui n'est autre chose que le pronom de la 3e personne. C'est en employant de la même manière le pronom du pluriel, ou bien la terminaison ob, que l'on indique le nombre pluriel. Le suffixe il employé avec les substantifs joue le rôle de l'article défini; employé avec les adjectifs, il en forme le comparatif de supériorité. 

De plus, il existe des pronoms possessifs et démonstratifs. Une caractéristique intéressante est qu'en yucatèque, il existe deux formes de pronoms pour la première personne du pluriel : inclusif et exclusif. La forme inclusive est utilisée lorsque le locuteur se réfère à lui-même et à d'autres personnes, tandis que la forme exclusive est utilisée uniquement lorsque le locuteur se réfère à lui-même et à un groupe de personnes sélectionné.

On distingue en yucatèque  quatre classes de verbes, en fonction de leur conjugaison : l'une rassemble les verbes neutres et les verbes passifs, les trois trois autres se partagent tous les verbes actifs. Il existe, pour certains temps composés, un verbe auxiliaire qui, d'après certaines règles, tantôt précède et tantôt suit le participe. La plupart des verbes yucatèques sont transitifs, c'est-à-dire qu'ils nécessitent un objet direct pour compléter leur sens.

Les adjectifs suivent le nom qu'ils modifient. Ils sont eux aussi rangés en quatre classes, en fonction de la conjugaison à laquelle ils sont associés.

Le quiché.
La langue quiché (k'iche') est parlée principalement au Guatemala, dans la région ouest du pays, ainsi que dans certaines régions du Mexique et du Belize. C'est l'une des langues de la famille maya la plus répandue.

En quiché il y a des pronoms personnels pour distinguer la personne, le genre et le nombre. De plus, il existe des pronoms possessifs et démonstratifs. Comme, dans le cas du yucatèque, en quiché il existe deux formes de pronoms à la première personne du pluriel : inclusif et exclusif.

Les verbes quichés sont rangés dans quatre classes. Il existe de nombreuses conjugaisons pour indiquer le temps, le mode et l'aspect. La plupart des verbes sont intransitifs, c'est-à-dire qu'ils ne nécessitent pas d'objet direct pour compléter leur sens.

En quiché, il existe de nombreux préfixes et suffixes qui sont utilisés pour indiquer la fonction grammaticale des mots, tels que le genre, le nombre, le temps et le mode verbale, entre autres.

Le tzotzil.
Le tzotzil est parlée principalement dans l'État du Chiapas, au Mexique. 

Il y a des pronoms personnels pour distinguer la personne, le genre et le nombre. Il existe aussi des pronoms possessifs et démonstratifs. Comme en quiché, en yucatèque, en tzotzil, il existe deux formes de pronoms pour la première personne du pluriel : inclusive et exclusive.

Les verbes tzotzil présentent de nombreuses conjugaisons pour indiquer le temps, le mode et l'aspect. La plupart sont transitifs.

En tzotzil, les adjectifs suivent, comme en yucatèque, le nom qu'ils modifient. La langue possède aussi de nombreux préfixes et suffixes.

Le Qanjobal.
Le Qanjobal (q'anjob'al) est parlé au Guatemala, principalement dans le département de Huehuetenango et dans certaines régions du Chiapas, au Mexique. 

En qanjobal, les noms peuvent être animés ou inanimés, et peuvent être distingués en fonction du genre et du nombre. De plus, il est courant d'utiliser des classificateurs pour distinguer différents types d'objets.

Les adjectifs suivent généralement le nom qu'ils modifient. Il est également courant d'utiliser des suffixes pour indiquer une comparaison, un superlatif, entre autres aspects.

Les pronoms personnels varient selon la personne, le genre et le nombre. Il existe aussi des pronoms possessifs et démonstratifs.

Les verbes ont de nombreuses formes, variant en temps, en aspect, en mode et en personne. Des suffixes sont utilisés pour marquer la voix passive, la négation, la subordination, entre autres aspects.

Le huastèque.
Le huastèque est une langue parlée, dans plusieurs dialectes, par plus de 100 000 personnes au Mexique (Hidalgo, San Luis Potosí, Tamaulipas, Veracruz, Querétaro et Puebla). Bien que cette branche de langues soit assez distincte des quatre autres, ses racines permettent de la rattachent aux langues du Yucatan.

Les noms peuvent être animés ou inanimés, et peuvent être distingués en fonction du genre et du nombre. Le pluriel des noms se forme à l'aide de la terminaison chic ou du préfixe cham ( = beaucoup). On peut former des diminutifs en ajoutant aux substantifs la terminaison il. Les classificateurs sont également utilisés pour distinguer différents types d'objets.

Le huastèque possède des pronoms personnels pour indiquer la personne, le genre et le nombre, ainsi que des pronoms démonstratifs et possessifs. Les pronoms clitiques qui s'attachent au verbe sont également utilisés.

Les adjectifs s'emploient comme affixes. Ils suivent généralement le nom qu'ils modifient et peuvent également varier en fonction du genre et du nombre. Il est également courant d'utiliser des suffixes pour indiquer une comparaison, un superlatif, entre autres aspects.

Les verbes ont des formes et conjugaisons, qui varient en fonction du temps, du mode, de l'aspect et de la personne. Les suffixes sont également utilisés pour marquer la voix passive, la négation, la subordination et d'autres relations grammaticales. 

Ecriture des langues mayas.
Les anciens Mayas ont utilisé plusieurs systèmes d'écriture. Le plus connu est l'écriture maya classique, qui a été utilisée pour écrire les langues mayas à l'époque précolombienne , c'est-à-dire jusqu'à la conquête espagnole des Amériques au XVIe siècle, mais plus spécialement entre 250 et 900 après JC. Cette écriture était principalement utilisée pour les inscriptions sur les monuments, les bâtiments et les objets d'art, et était portée sur divers supports, notamment la pierre, le stuc, la céramique et le papier amate. Les glyphes mayas étaient également utilisés dans les codex, qui étaient des livres en papier amate plié, contenant des informations sur l'histoire, la religion, l'astronomie et d'autres aspects de la culture maya.

C'était une écriture hiéroglyphique. Elle se composait d'environ 800 symboles différents, chacun ayant une signification ou une prononciation spécifique. Les glyphes (symboles) étaient constitués d'éléments communs tels que des points, des tirets et des courbes, qui se combinaient dans des motifs élaborés pour former des mots et des phrases. Ils étaient généralement disposés en colonnes ou en lignes et lus de gauche à droite ou de haut en bas, selon le contexte.

En plus du système d'écriture maya classique, il a existé d'autres systèmes, tels que le système d'écriture hiératique maya utilisé dans la région de Puuc à l'époque post-classique (vers 900-1521 après JC) et l'écriture ch'olti, qui était utilisé à la fin de la période classique (vers 700-900 ap. JC) et transcrivait une langue proche du chorti parlé aujourd'hui au Guatemala. 

Les langues mayas actuelles utilisent ordinairement l'écriture latine comme, par exemple, le yucatèque. Le quiché, tzotzil, le Qanjobal ont leur propre système d'écriture, basé lui auss sur l'alphabet latin, mais avec quelques caractères spéciaux pour représenter des sons qui n'existent pas en espagnol. L'écriture quiché est utilisée depuis l'époque précolombienne, bien qu'elle soit aujourd'hui principalement utilisée à des fins éducatives et culturelles. Le tzotzil, en revanche, n'a pas été utilisé traditionnellement, donc beaucoup de gens le parlent, mais ne l'écrivent pas. Même chose pour le qanjobal et d'autres langues. Aussi, l'écriture et l'utilisation de ces langues sont-elles aujourd'hui encouragées pour les préserver et promouvoir leur leur diffusion et utilisation dans l'éducation et la culture. La langue huastèque, en revanche, n'a pas d'orthographe standardisée (il n'y a pas de système d'écriture officiel). Cependant, des efforts sont faits pour développer une orthographe acceptée par les communautés qui parlent cette langue, afin, ici encore, de promouvoir son enseignement et sa préservation.

Vocabulaire des langues mayas.
Le vocabulaire des langues appartenant aux cinq branches de la famille maya est souvent bien différencié, mais on note toutefois que les ressemblances sont assez communes entre des mots entre les langues appartenant aux quatre premières branches. Et si l'on s'en tient au seul vocabulaire, on constate, en revanche, que le huastèque (comme les autres langues de la branche à laquelle il appartient) est très différent.

Les modes de vie ont eu une influence sur la richesse du vocabulaire attaché à certains domaines, ainsi, en  yucatèque, par exemple, un très grand nombre de mots existent pour décrire la flore et la faune de la région et les activités agricoles et de pêche.

L'homogénéité de la culture maya fait que certains concepts importants, souvent à caractère religieux, peuvent se retrouver exprimés par les mêmes mots dans  différentes langues. Ainsi : k'atun (période de 20 ans dans le calendrier maya);  Xibalba (le monde souterrain); Kukulkan (la divinité serpent à plumes); Ch'umil (un esprit protecteur ou gardien); Ch'aak' (le dieu maya de la pluie);  ixim ( = le maïs, en quiché, en kaqchikel, en tzotzil, en tzetzal, en tojolabal); k'ux (= coeur, en quiché, en tzotzil, en tzetzal, en tojolabal, en mam, en kaqchikel, en qanjobal); ch'een ( = ciel, en yucatèque, en quiché, en qanjobal, en ch'ol).

Phonologie des langues mayas.
En général, les langues mayas ont un système de phonèmes assez riche, avec des consonnes occlusives, fricatives, avec différents points d'articulation.

De plus, la plupart des langues mayas sont des langues tonales, qui utilisent l'intonation comme élément distinctif de la prononciation. C'est-à-dire que la prononciation d'un mot peut varier en fonction du ton utilisé, ce qui peut changer le sens du mot. Le système tonal peut varier d'une langue à l'autre, aussi bien par le nombre que par la nature des tons. Voici quelques-unes des langues tonales mayas, parmi les plus connues :

Le tzeltal utilise quatre tons différents (élevé, moyen, bas et descendant); le tzotzil  et le yucatèque utilisent trois tons différents (aigu, moyen et bas); le q'anjob'al et le mam utilisent deux tons différents (aigu et grave). 
Concernant les voyelles, de nombreuses langues mayas ont un système de trois voyelles simples (a, e, i) et de deux voyelles nasales (ã, e͂). Ils peuvent également présenter des diphtongues et des triphtongues dans leur système vocalique.

Beaucoup de ces consonnes ont également une distinction entre sonores et sourdes, dont l'opposition phonémique est importante. Il existe des consonnes glottales et des fricatives pharyngées. Les langues mayas ont également une série de consonnes éjectives, qui se caractérisent par être prononcées avec une explosion d'air provenant des poumons. Une autre caractéristique intéressante et courante dans de nombreuses langues mayas est l'utilisation de la glottalisation, qui fait référence à l'ajout d'une consonne glottale à certains endroits dans les mots, pour en modifier le sens.

Grammaire des langues mayas.
Malgré les différences observées entre ces langues, elles partagent un certain nombre de caractéristiques générales communes. 

• Les langues mayas ont généralement des systèmes flexionnels et dérivationnels très élaborés; même remarque pour le système de nombres, qui peut faire la distinction entre les formes singulières, duales, d'essai et plurielles.

•  Il existe plus deux ou trois genres grammaticaux, qui sont souvent marqués sur les noms et les pronoms. Le système de pronoms lui-même comporte de multiples formes pour différents niveaux de formalité et de statut social. 

•  Les langues mayas utilisent souvent des classificateurs, qui sont des mots ou des affixes qui indiquent la forme, la taille ou le type d'un nom.

• Le plus souvent, les langues mayas ont une structure de phrase de type sujet-objet-verbe (SOV), ce qui signifie que le sujet est placé en premier, suivi de l'objet et enfin du verbe. Par exemple, en yucatèque, "le chat mange le poisson" serait exprimé en disant u k'atil waj k'iin (littéralement : "le chat le poisson mange").

On verra aussi, dans les paragraphes qui suivent, que les langues mayas sont, comme beaucoup de langues amérindiennes dans langues agglutinantes et polysynthétiques, etc. 

L'agglutination.
Les langues mayas sont hautement agglutinantes : elles ont un système étendu d'affixes qui sont ajoutés aux mots racines pour transmettre des informations grammaticales telles que le temps, la voix, ou  l'aspect. Voici quelques exemples simples, mais le procédé peut aussi produire des mots longs :

En chontal : chi = eau; chila = eaux; chinma = avec de l'eau; chitya = eau de pluie. - Meha  = maïs; mehati = maïs cuit; mehanyu = maïs grillé; mehatil - tortilla de maïs. - nimu =  voir; nimual = il vit; nimumi = je verrai; nimuma = tu verras.

En yucatèque : u k'aaba' = mon livre (u = possessif "mon", k'aab = livre, -a' = suffixe possessif).

En kaqchikel : ri q'aq'  = mon chien (ri = "je" possessif, q'aq' = chien).

En tzotzil : ja'tik = ancien (ja' = grand, tik = homme); k'op  = rire (k'o = bouche, -p = suffixe d'action verbale).

En quiché, le verbe ik' (= voir) peut être fléchi pour indiquer la personne et le temps comme suit : nik' (= je vois), tik' ( = tu vois), rik' ( = il / elle voit), xik' ( = nous voyons), rik'ab'al ( = vous voyez), rik'ab'alaj ( = ils / elles voient).

On notera encore que les langues mayas ont des postpositions plutôt que des prépositions pour indiquer les relations spatiales. Par exemple, en tzotzil, la postposition taj est utilisée pour indiquer "à l'intérieur de" : k'uch'um taj signifie "à l'intérieur de la maison".

Enfin, signalons qu'en plus de la flexion, les langues mayas ont également des processus de dérivation pour créer de nouveaux mots. Par exemple, en yucatèque, le mot p'áak'al ( = manger) peut être dérivé en p'áak'alik ( = nourriture), p'áak'alnal ( = restaurant) ou p'áak'alo'ob ( = mangeurs).

Le polysynthétisme.
Les langues mayas sont souvent décrites comme polysynthétiques : elles ont la capacité de combiner de nombreux morphèmes différents (parties de mots) en un seul mot. Les morphèmes ont souvent une signification claire et distincte et peuvent être facilement séparés et analysés. Certains mots peuvent incorporer plusieurs racines, préfixes et suffixes.

En yucatèque, le mot pour "je vais chez X" est ts'a'ah ti' X ja'aba'al, qui incorpore la racine de "aller", le préfixe du futur, le pronom possessif pour "X" et la racine pour "maison".

De la même façon, en tzotzil, des mots peuvent incorporer de nombreux morphèmes. Ainsi, le mot pour "je vais travailler sur le terrain" est sa' winik tajlaj yo'olal, qui incorpore la racine de "aller", le nom winik pour "homme", la particule directionnelle tajlaj, et le nom yo'olal pour "champ".

En huastèque, les morphèmes peuvent indiquer différents aspects grammaticaux, tels que le temps, la négation, la voix, la personne, le nombre, la possession, entre autres. De plus, les affixes peuvent être à la fois des préfixes et des suffixes, et peuvent être ajoutés à la racine du mot dans différentes positions. Par exemple, c'est le mot ti'tsekjumãã'aj qui signifie "il/elle/tu me le donnes", et il est composé de la racine tsék qui signifie "donner", du préfixe ti' indiquant la troisième personne (il/elle/vous), le suffixe -jumãã' indiquant la personne (à moi), et le suffixe -'aj indiquant le temps (présent continu). Dans ce cas, la personne, l'heure et l'adresse de l'objet sont également exprimées en un seul mot.

Les structures verbales.
Les verbes mayas comprennent généralement plusieurs composants, tels que des préfixes et des suffixes qui transmettent des informations sur le temps, l'aspect et d'autres caractéristiques grammaticales. 

Donnons trois exemples en tzotzil, langue qui se signale par son utilisation des prépositions et par ses structures verbales particulières, ainsi par ses verbes contenant de nombreux composants différents (préfixes, suffixes, infixes) : 

Pour dire "je vais au marché", on dira jo'sil te ch'ak, qui se traduit littéralement par "je vais à l'endroit où ils vendent".

Les verbes incluent des préfixes indiquant le temps et l'aspect, ainsi que des suffixes indiquant l'accord entre le sujet et l'objet. Par exemple, "je l'ai vu" sera exprimé par xi'nkotik ta', où xi'n est le marqueur du passé, -kot est le suffixe d'accord de sujet pour "je" et -ik est le suffixe d'accord d'objet pour "lui".

Le verbe arriver est xkol, mais il peut prendre différentes formes selon le temps et d'autres facteurs. "Je suis arrivé" se dit tyoxkolon, tandis que "nous arriverons" se traduira par ts'ibajxkolan.

Les aspects.
On appelle aspects les manières dont les formes verbales présente le déroulement ou l'éta d'achèvement d'une action et le point de vue duquel ceux-ci son envisagés. Dans le cas des langues mayas, on constae souvent une distinction entre l'aspect perfectif et imperfectif. L'aspect perfectif est utilisé pour les actions ou événements terminés, tandis que l'aspect imperfectif est utilisé pour les actions ou événements en cours ou incomplets.
On peut voir comment le quiché fait une distinction entre l'aspect perfectif et imperfectif avec l'exemple suivant : "j'ai fini de manger" est exprimé par qaq'ojoq pa k'ux (aspect perfectif), tandis que "je mangeais" est exprimé par kuq'ojoj pa k'ux (aspect imperfectif).

En yucatèque, les verbes yucatèques ont généralement une racine, un préfixe indiquant le temps ou l'aspect, et un suffixe indiquant le mode ou la personne. Par exemple, le verbe manger est j-e'el, où j- est le préfixe d'aspect indiquant l'action terminée, et -e'el est la racine de manger.

La structure d'actance ergative.
Les langues mayas utilisent un système d'alignement ergatif-absolutif. Autrement dit, le sujet d'un verbe transitif est marqué différemment du sujet d'un verbe intransitif : le sujet d'un verbe intransitif est marqué du cas absolutif, tandis que le sujet d'un verbe transitif est marqué du cas ergatif.  Il est important de noter ici que l'ergativité est une caractéristique grammaticale qui fait référence à la façon dont les arguments d'une phrase sont marqués et n'est pas nécessairement liée à la façon dont les phrases sont construites en termes de syntaxe et d'ordre des mots. 
En quiché, par exemple, on traduira "le chien aboie" en disant k'in ba'lum, où k'in est le marqueur absolu du sujet "chien", et ba'lum est la racine de "aboiement". Pour dire "Je vois le chien", on dira In wach ochij re k'i', qui se traduit littéralement par "Le chien est vu par moi". 

En qanjobal, dans une phrase transitive, le sujet prend la marque de cas a', tandis que l'objet direct prend la marque de cas e. Ainsi, la phrase Awa' ta q'ab'äl e jchak qui signifie "Le chien a mordu l'homme", awa' est le sujet prenant la marque ergative a', jchak est le direct objet prenant la marque accusative 'e, et q'ab'äl est le verbe mordre. En revanche, dans une phrase intransitive, le sujet prend la marque de cas u : dans la phrase U k'ayinik wax, qui signifie « L'enfant dort », k'ayinik est le sujet prenant la marque de cas absolutif  u et wax est le verbe  dormir.

La possession.
Les langues mayas utilisent souvent une construction possessive où l'objet possédé suit le possesseur. 
En yucatèque, on traduira "ma maison" en disant k'aaba' ichil, où k'aaba' signifie maison et ichil signifie ma.

De la même façon, en tzotzil, "ma maison" se dit wits' xch'ukul, où wits' signifie maison et xch'uk, ma.

Dans la langue huastèque, la possession est marquée par des suffixes qui sont ajoutés à la racine du nom indiquant le possesseur (et non le possédé comme dans certaines autres langues). Les suffixes utilisés pour marquer la possession sont les suivants :  -nã indique la possession à la première personne du singulier (mon ou ma / mes); -m? (le point d'interrogation transcrit la glottalisation) indique la possession à la deuxième personne du singulier (ton ou ta / tes); -mu indique la possession à la troisième personne du singulier (son ou sa / ses); -nãwã indique la possession à la première personne du pluriel (notre / nos); -m?wã  indique la possession à la deuxième personne du pluriel (votre / votre); -m indique la possession à la troisième personne du pluriel (leur / leurs).  Par exemple, le mot yãh signifie maison en huastèque, et donc pour dire que la maison est mienne, il suffira d'ajouter le suffixe -nã à la racine, ce qui donnera yãhnã ( = ma maison). 

La littérature maya.
Les Mayas ont développé une riche tradition orale et écrite qui comprend des poèmes, des chroniques historiques, des mythes et des légendes, des chansons et des poésie. Aujourd'hui encore, une littérature en langue maya est produite, à laquelle on peut associer une littérature en langue espagnole, mais profondément imprégnée de la culture maya.

Le Popol Vuh.
Le Popol Vuh,  livre sacré des Quiché, qui relate l'histoire des Mayas et leur cosmologie et l'un des textes les importants de la littérature maya ancienne. Il a a été transmis oralement pendant des siècles avant d'être consigné par écrit. C'est le récit épique de l'origine du monde et de l'histoire des dieux et des humains.

Le livre commence par le récit de la création par les dieux du monde et des humains. 
« Tout était silencieux, calme et sombre dans la nuit. Il n'y avait que le Créateur, les bâtisseurs, les façonneurs, les géniteurs, et ceux qui engendrent et donnent la vie. Tout était suspendu et silencieux dans l'obscurité, dans la nuit. Seul le l'existence des dieux était parfaite à tous points de vue, en sagesse et en pensée. »
Les dieux ont créé les animaux et les éléments naturels, et comment ils sont liés les uns aux autres. 
« Les dieux ont créé le ciel, la terre, la mer, les arbres et les animaux. Tout était en harmonie et en équilibre. »
Suit de l'histoire des dieux jumeaux Hunahpú et Ixbalanqué, qui ont vaincu les seigneurs de Xibalbá, le monde souterrain. 
« Les jumeaux se sont allongés à l'entrée de la maison de Xibalbá, et l'une des épouses de Hun-Camé leur a demandé s'ils voulaient fumer. Ils ont accepté et, pendant qu'ils fumaient, les jumeaux leur ont demandé s'ils voulaient fumer. Ils ont demandé qu'ils allument un cigare plus gros, ce qui a fini par brûler les seigneurs de Xibalbá et les tuer. »
Les jumeaux deviennent alors respectivement le Soleil et la Lune. 

Dans un autre passage, l'histoire des premiers êtres humains est racontée-: ils ont été créés à partir du maïs et de la terre. 

« Les dieux se sont rencontrés et ont dit : " Parlons de cela. Comment pouvons-nous faire exister l'humanité sur terre?" Alors ils ont pris du maïs pour créer des hommes et des femmes à partir de la chair. »
Enfin vient l'histoire de la dynastie des rois Quiché. 
La Danse de la conquête
Il existe également une grande quantité de poèmes et de chansons qui ont été préservées dans la tradition orale des Mayas. Les b'alam, ou poètes mayas, se sont vu traditionnellement confier la tâche de préserver et de transmettre les traditions de leur peuple. Beaucoup de leurs poèmes traitent de thèmes tels que l'amour, la nature et la religion. Certains aussi, comme la Danse de la conquête, renvoie à la tragédie qu'a été l'arrivée des Européens pour les populations autotochtones d'Amérique.

La Danse de la conquête est une danse traditionnelle accompagnée de chants et pratiquée dans certaines communautés mayas du Guatemala. Elle évoque la conquête espagnole de l'Amérique et la résistance des peuples indigènes. Les danseurs portent des masques d'animaux et des costumes élaborés tout en exécutant des mouvements rituels. Voici un extrait d'une chanson traditionnelle tirée de cette danse :

« Dans la mer de la vie
douloureusement nous naviguons,
cherchant la sortie
pour trouver l'amour.
Le visage marqué
et le coeur en pleurs,
nous cherchons une destination
sur la terre de nos ancêtres. »
Contes populaires. 
Les contes populaires sont une forme importante de la littérature orale maya. Ces histoires, à la naïveté assumée, contiennent souvent de la morale édifiante.
« Un jour, un lapin se mit à voler la récolte de maïs de son voisin. Le voisin, un coyote, découvrit ce qui s'était passé et décida de se venger. Il invita le lapin à dîner et lui offrit une soupe à base d'os [et non pas de maïs comme attendu]. Le lapin, qui ne savait rien de la vengeance du coyote, mangea la soupe et tomba malade. A partir de ce jour, le lapin apprit qu'il ne devait pas voler et qu'il devait toujours être honnête. »
Autres ouvrages issus de la tradition orale.
Nombre d'autres textes issus de l'ancienne tradition orale maya sont parvenus jusqu'à nous. Mentionnons en vrac : 
• Le Chilam Balam. - Collection de textes historiques et prophétiques écrits par les Mayas yucatèques. On y trouve des informations sur la vie quotidienne, la religion et l'histoire des Mayas.

• Le  Rabinal Achí. - Drame rituel quiché, joué dans certaines communautés mayas du Guatemala. Son sujet : un guerrier est capturé par ses ennemis et est contraint d'affronter la mort.

• Le Livre des conseils. - Recueil de sagesse et de conseils pour la vie quotidienne, écrit en yucatèque.

• LeTotonicapán. - Manuscrit du XVIe siècle conservé à la BNF, qui contient des informations sur l'histoire, la religion et la vie quotidienne des Quichés. 

Littérature maya moderne.
La littérature maya actuelle, influencée par les traditions orales et les écrits anciens, tout en incorporant dees styles littéraires modernes, se revendique comme une expression de la culture et des expériences des Mayas contemporaines. Elle est souvent tournéevers des problématiques telles que l'identité culturelle des peuples autochtones.On ne mentionnera ici que trois auteurs représentatifs de cette tendance.
 
• Sheila Dorantes, auteure de La Princesa de la Luna (2011), un roman érudit en espagnol, imprégné de la culture maya traditionnelle. 
• Víctor Montejo, qui a été jusqu'en 2011 le titulaire de la chaire Native American Studies à l'université de Californie à Davis, est un écrivain maya auteur de romans et d'essais en espagnol et en anglais, où il explore l'histoire et la culture maya, ainsi que les luttes des Indiens d'Amérique latine (ex. Entre dos mundos, 2021,  El Q'anil : Man of Lightning, 2011; El pajaro que limpia el mundo y otras fabulas mayas - No' ch'ik xtx' ahtx'en sat yib' anh q'inal, 2000). Il est aussi l'éditeur de textes mayas anciens.

• Irma Otzoy, autre universitaire maya, est une poétesse et conteuse qui a publié divers ouvrages en langues maya et espagnole, où elle explore la vie quotidienne dans les communautés mayas et la relation des Mayas avec la nature (ex. Maya' b'anikil, maya' tzyaqb'äl, 1991, Identidad étnica y modernización entre los mayas de Guatemala, 1990). 

• Domingo Dzul Poot, enfin, est un poète et écrivain qui a publié de nombreux livres en maya et en espagnol où il traite lui aussi de la vie dans les communautés mayas et où il aborde des questions telles que l'identité, l'histoire et la résistance culturelle (ex. Cuentos mayas, édition bilingue espagnol-maya, 1985). 



En bibliothèque. - K.A. Kaufman et T.S. Smith, The Mayan Languages (2009), cet ouvrage fournit une présentation complète de la famille de langues mayas, en abordant notamment l'histoire de leur classification, leur grammaire, leur phonologie et leur écriture. -J. Barrera Vásquez, The Language of the Maya: Yucatec Maya to English Dictionary and Grammar (2012), un dictionnaire et une grammaire de la langue maya yucatèque, ainsi qu'une introduction à la phonologie et à la syntaxe de cette langue. - J. Aubry, Maya Ethnolinguistic Identity: Violence, Cultural Rights, and Modernity in Highland Guatemala (2010), une étude de l'identité ethnolinguistique maya, en examinant notamment les liens entre la langue, la culture et les conflits violents dans les hautes terres du Guatemala. - R.J. Sharer et L.P. Traxler, The Ancient Maya (2006), l'histoire, la culture, la société de la civilisation maya, et l'importance de la langue dans la construction de cette société. - J. Eric S. Thompson, Maya Hieroglyphic Writing: An Introduction(1971), ce livre propose une introduction à l'écriture hiéroglyphique maya, ainsi qu'une présentation des principales inscriptions mayas.

A. Christophe, La langue maya au quotidien : recherches historiques et ethnographiques sur les langues mayas classiques et modernes, 2015. - M.-C. Arnauld, Le maya yucatèque : études synchroniques et diachroniques, 1999. - B. Stross, Les langues du Guatemala : état des recherches. CNRS, 1996. - F. Pérez Bautista, Grammaire du mam : morphologie, syntaxe et phonologie, 2013. - M.P. Closs, Parler le q'anjob'al : Grammaire, textes et vocabulaire q'anjob'al-français, 2011. -
C.-E. Brasseur de Bourbourg, Vocabulaire et grammaire de la langue quichée, 1861

J. Casteñeda Macias, Historia de las lenguas mayas, 2012. - L. Pérez, Lenguas mayas: una introducción al estudio de las lenguas indígenas de México y Centroamérica, 2008. - S. Romero,Las lenguas mayas y la teoría lingüística, 2008

 
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