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Le mandé
constitue une famille de langues africaines,
dans laquelle on a proposé de distinguer trois groupes : le groupe mandé-tamou
(qui comprend notamment le bozo et soninké); le groupe mandé-tan (avec
le kâgoro et le mandé proprement dit ou mandingue); le groupe mandé-fou
(qui comprend le soussou ou diallonké, samorho, le sia, etc.). On considèrera
ici principalement le mandé proprtement dit avec ses quatre dialectes
banmana, khassonkè, malinké et dioula, dont ont pourrait faire aussi
quatre langues distinctes. Ces langues (ou ces dialectes) ont une morphologie
d'une simplicité extrême, consistant simplement dans l'emploi judicieux
d'un nombre limité de suffixes et de particules - une vingtaine - qui
servent à former les noms composés, les diminutifs, les augmentatifs,
les adjectifs, les participes et substantifs dérivés du verbe, le pluriel
dans les noms, le temps ou le mode et la voix dans les verbes, sans qu'aucune
modification intervienne jamais dans le radical du mot ; enfin une syntaxe
se réduisant à peu près à deux règles : le régime d'un mot se place
toujours avant ce mot, l'adjectif se place toujours après le substantif.
L'exposé complet de la grammaire mandingue peut tenir en une vingtaine
de pages.
Le vocabulaire par contre est d'une richesse
généralement insoupçonnée, tant à cause du nombre relativement considérable
des racines
qu'en raison de la quantité de dérivés qui peuvent être obtenus de
chacune par le jeu des suffixes et de deux ou trois mots jouant le rĂ´le
de préfixes. La faculté, très généralisée, d'employer le même radical
comme substantif, comme adjectif et comme verbe vient encore en aide aux
étrangers qui ne possèdent qu'une partie restreinte du vocabulaire. Tout
cela explique suffisamment la force d'extension de cette langue.
La phonétique est également simple. Aucun
phonème difficile à articuler, rien que des syllabes à terminaison vocalique,
rarement deux consonnes se suivant sans voyelle intercalée (lorsque le
cas se présente, la seconde consonne est presque toujours une liquide
ou une semi-voyelle ou bien la première est une nasale).
Le mandingue présente cependant quelques
difficultés. La principale provient du nombre considérable des homonymes
et des paronymes : dans une langue où la majorité des racines se composent
d'une seule consonne suivie d'une seule voyelle, il n'est pas étonnant
que beaucoup de ces racines se ressemblent phonétiquement ou même soient
complètement identiques, et ce phénomène ne contribue pas peu à rendre
obscures certaines propositions qui, grammaticalement, sont d'ailleurs
d'une simplicité limpide.
On cite souvent cette phrase a ko a
bè fani ko ko ko « elle dit qu'elle lave le linge de l'autre côté
de la rivière », dans laquelle la syllabe ko représente quatre mots
très différents : dire, laver, rivière, derrière. A vrai dire, lorsque
ko signifie « rivière », il se prononce avec un o ouvert, tandis que
l'o est fermé dans ko signifiant « dire » et dans ko signifiant « derrière
» et à la fois fermé et allongé dans ko signifiant « laver ». Mais
combien de sons exactement semblables représentent des significations
très distinctes! Par exemple kan qui veut dire « être égal, cou, langage
et dessus », di qui veut dire « donner, être agréable, comment? et
miel », bon qui veut dire « être grand, répandre et maison », sama
qui veut dire « tirer, présenter et éléphant », kono ou konon qui
veut dire « attendre, ventre, oiseau et perle », etc.
Une autre difficulté consiste dans le
nombre relativement considérable des langues, dialectes et sous-dialectes
que recouvre le terme de langues mandé; assurément les différences entre
les diverses variétés de mandé, à part de rares exceptions, sont surtout
d'ordre phonétique, mais elles sont suffisamment accentuées souvent pour
qu'il soit difficile au non initié de reconnaître le même mot sous ses
divers aspects dialectaux. Ainsi «-main »
se dira bourou, en dioula, boulou en malinké, bolo ou blo en banmana;
« soleil » se dira téré en dioula, télé en malinké, tlé ou klé
en banmana; « nom » se dira torho en dioula, torho ou togo en malinké,
tokho en khassonkè et toua en banmana; « semblable » se dira nyorhon
en dioula, nyorhon ou nyohon en malinké et nyouan en banmana; « un »
se dira kélé en dioula, kélé ou kélen en malinké et en banmana, khélé
en khassoukè; koro « auprès » deviendra koto en malinké et sorho «
viande » deviendra soubo; « blanc » se dira gbé en dioula, gouè ou
guè en malinké, dyè en banmana, etc. Certaines modifications dialectales
portent aussi sur l'emploi ou la valeur de quelques particules de conjugaison,
ka par exemple marquant le passé en dioula et l'injonctif en banmana,
etc.
Mais il convient d'observer qu'avec un
peu d'étude et d'expérience, on arrive très vite à posséder la clef
de ces modifications, qui s'accomplissent en général selon des procédés
très réguliers et constants. D'autre part il est très rare que, parmi
les différentes formes que revêt un mot donné selon les régions, il
ne s'en trouve pas une dont l'emploi se soit généralisé au point qu'elle
soit comprise mĂŞme dans les pays oĂą on ne l'emploie pas d'habitude; ainsi,
bien que « nom » se traduise usuellement par toua en banmana, je crois
que neuf Banmana sur dix comprendront sans hésitation celui qui leur dira
: i torho bè di? « quel est ton nom? »
MĂŞme pour les formes grammaticales, lorsqu'elles
diffèrent selon les dialectes, il est rare que l'une d'elles au moins
ne soit pas comprise partout : ainsi les Banmana emploient yé comme particule
du passé, certains Malinké emploient de préférence li dans le même
cas, tandis que d'autres Malinké et tous les Dioula se servent généralement
de ka; cependant la phrase a ka so san kounou sera entendue partout
avec le sens de « il a acheté un cheval hier ». C'est de cette façon
que s'est formée cette « langue blanche », ce kan. gbé, qui est le
mandingue de tout le monde et que tout le monde comprend sans difficulté,
sauf dans les petits villages éloignés des grandes voies de communication
et qui sont pour ainsi dire isolés du reste du monde mandingue; ce dialecte
en quelque sorte international a puisé çà et là dans chacun des dialectes
proprement dits, adoptant les formes les plus répandues et les faisant
siennes; aussi est-ce celui-là qui s'est généralisé. Depuis plus d'un
siècle, d'ailleurs,, le kan gbé règne en maître chez les Dioula et
les Malinké du Haut-Sénégal-Niger, de la Côte d'Ivoire et de la Guinée-Conakry;
seul, le banmana, avec ses élisions de voyelles, ses tendances à l'apocope
et son emploi d'un passif incomplet, garde une physionomie Ă part. (Delafosse).
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Mandé occidental
Mandingue-Jogo |
Mandingue-VaĂŻ |
Mandingue |
Mandingue
oriental
Mandingue du Sud-Est
:
• Konyanka (parlé
en Guinée par 200 000 personnes);
• Sankaran (Faranah;
80 000 locuteurs en Guinée);
• Maninkakan oriental (Kankan;
3 millions de locuteurs en Guinée; également parlé au Mali, en Sierra
Leone et au Libéria);
• Manya (50
000 locuteurs au Libéria, 25 000 en Guinée)
•
Le Maninka-Mori constitue un ensemble de cinq langues parlées en
CĂ´te d'Ivoire : Mahou (300 000 locuteurs);
Wojenaka (Odiennekakan, 120 000 locuteurs);
Worodougou (Bakokan; 80 000 locuteurs);
Koyaga (60 000 locuteurs); Koro (40
000 locuteurs).
Mandingue du Nord-Est
(Bamana) :
• Bamanankan (Bambara;
4 millions de locuteurs au Mali, quelques dizaines de milliers de locuteurs
dans les pays voisins; très nombreux dialectes : Bambara
proprement dit, Beledugu, Ganadugu, Wassulu, Wassulunka, Wassulunke, Wasul,
San, Segou, Sikasso, Somono, etc.);
• Jula (Dioula, Diola,
Dioula Véhiculaire, Diula, Djula, Dyoula, Jula Kong, Tagboussikan;
langue parlée par environ 3 millions de personnes, dont 1 million au Burkina
Faso, le reste se répartissant principalement entre la Côte d'Ivoire
et le Mali).
Marka-Dafin :
• Le
Marka-Dafinest une langue parlée au Burkina
Faso par 200 000 personnes; 20 000 locuteurs au Mali.
Mandingue
occidental
• Kagoro (Kakolo;
15 000 locuteurs au Mali);
• Mandinka (Mandingue proprement
dit, Socé, Mandé; 670 000 locuteurs au Sénégal
et à peu près autant répartis entre la Gambie et la Guinée Bissau);
• Maninkakan (Kita Maninka,
Malinke central, environ 500 000 locuteurs, principalement
dans la région de Kayes, au Mali);
• Maninkakan occidental
(Malinke occidental; près de 900 000 locuteurs,
la moitié au Sénégal, le reste en Gambie, Guinée-Bissau et au Mali);
• Xaasongaxango (Xaasonga,
Xasonga, Xasonke, Kasonke, Kasso, Kasson, Kassonke, Khasonke, Khassonka,
Khassonké, Maninka; 700 000 locuteurs au Mali).
Autres
• Bolon (Boon, Boron, Bo,
Boka; 17 000 locuteurs au Burkina Faso);
• Jahanka (Diakhanke, Diakkanke,
Dyakanke, Jahanque, Jahonque, Jaxanka; 30 000 locuteurs
en Guinée);
• Sininkere (6000
locuteurs au Burkina Faso).
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Mokole |
• Kakabe (Jon Kule, Ourekabakan,
Fulajon Kan, Fulajonkan; 10 000 locuteurs en Guinée
principalement);
• Kuranko (268
000 locuteurs en Sierra Leone principalement; dialectes : Barrawa,
Mankaliya, Mongo, Ney, Nieni, Sambaya, Sengbe,
etc.);
• Lele (environ
20 000 locuteurs en Guinée, également parlé en Guinée Bissau; dialectes
: Kassadou, Yombiro, Tangalto);
• Mogofin (Mikifore, Mixifore;
20,000 locuteurs en Guinée principalement).
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VaĂŻ-Kono |
• Kono (200
000 locuteurs au Sierra Leone; nombreux dialectes : Fiama,
Gbane, Gbane Kando, Sando, etc.).
• Vaï (Vei, Vy, Gallinas,
Gallines; 100 000 locuteurs au Libéria et 15 000
au Sierra Leone).
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Jogo-Jeri |
Jogo |
• Ligbi (Ligwi, Nigbi,
Nigwi, Banda, Dzowo, Jogo, Namasa, Tsie, Tuba, Weela, Weila, Wiila;
langue parlée par 15000 personnes au Ghana et par
environ 4000 personnes en CĂ´te d'Ivoire).
• Tonjon (langue
éteinte de la Côte d'Ivoire).
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Jeri-Jalkuna |
• Jalkunan (Jalkuna, Blé,
Dyala, Dyalanu; parlé au Burkina Faso par 500 personnes) |
Susu-Yalunka
(langues
parlées en Guinée principalement, ainsi qu'en Guinée Bissau et au Sierra
Leone) |
Susu
(Sose, Soso, Soussou ou Susoo; environ 900 000 locuteurs).
• Yalunka (Dialonke, Djallonke,
Dyalonke, Jalonke, Jalunga ou Yalunke; également
parlé au Mali et au Sénégal; environ 60 000 locuteurs au total). |
Mandé oriental
Mandé
du Sud-Est |
Guro-Tura |
Guro-Yaouré
(Langues
parlées en Côte d'Ivoire)
• Guro (Gouro, Ku, Kwéndré,
Kweni, Lo, Baba, Dalo, Dipa, ;
500 000 locuteurs)
Yaouré (Yaure, Yohowré,
Youré; 40 000 locuteurs) |
Tura-Dan
• Dan (Gio-Dan, Da, Gio,
Ya, Yacouba, Yakuba; langue parlée par 1,3 million
de personnes en Côte-d'Ivoire; 300 000 autres locuteurs répartis entre
la Guinée et le Libéria; nombreux dialectes);
• Kla-Dan (25
000 locuteurs en Côte d'Ivoire; également parlé en Guinée).
• Toura (Tura, Ween; 50
000 locuteurs en CĂ´te d'Ivoire);
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• Mano (Manon,
Maa, Mah, Mawe; 390 000 locuteurs, dont 300 000 au
Libéria, le reste principalement en Guinée). |
Nwa-Ben
(Langues
parlées en Côte d'Ivoire) |
Beng (Ben, Ngen,
Ngin, Nguin, Gan, Ngain, Ngan; langue parlée par
environ 17 000 personnes, dans une vingrtaine de villages);
• Gban (Gagu, Gagou, Kago,
Sodua; 60 000 locuteurs);
• Mwan (Mouan, Muan, Mwa,
Muana, Mona; 20 000 locuteurs).
• Wan (Nwa;
22 000 locuteurs).
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Mandé
de l'Est |
Bussa |
• Boko (Boo,
langue parlée par près de 150 000 personnes dont 100,000
environ au Bénin, le reste au Nigéria).
• Bokobaru (Busa-Bokobaru,
Bussawa, 30 000 locuteurs au Nigéria).
• Busa (Bisã, Busa-Bisã,
Busano, Bussanchi, BisayĂŁ,
; 40 000 locuteurs au Nigéria; nombreux dialectes);
• Kyanga (Kyangawa, Kyenga,
Canga, Changa, KĂŁ, Kenga, Tienga, Tyanga, Tyenga:
7000 locuteurs au Nigéria, également parlé au Bénin).
• Shanga (Shangawa, Shongawa,
Shonga; 7000 locuteurs au Nigéria).
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Samo
(Langues
parlées au Burkina Faso) |
• Matya (San,
Sane, Tougan; 100 000 locuteurs).
• Samo du Nord-Est (Sa,
San, Maya; 30,000
locuteurs).
Samo méridional (San, Sane;
85 000 locuteurs) |
Bissa |
• Bisa
(langue parlée par près de 600 000 personnes, dont 350 000 locuteurs
au Burkina Faso, le reste se répartissant entre la Côte d'Ivoire, le
Ghana et le Togo). |
NB
: On a donne entre parenthèses les principaux noms alternatifs des langues
mentionnées.
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