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Les langues celtiques
appartiennent à la famille des langues
indo-européennes. C'est dans ce groupe que se rangent les langues
que parlaient, avant la conquête romaine,
les Gaulois et les habitants de l'Archipel
britannique.
On les rattache à deux branches- :
La branche gaélique,
la plus ancienne des deux, répandue dans l'Est et le Sud de la Gaule,
n'a laissé dans en France
que de légères traces, par exemple, dans quelques racines
qu'elle a léguées à la langue
d'Oc; mais elle subsiste encore dans l'albanakh (écossais)
ou erse de la haute Écosse,
et il y a quelques décennies encore dans le manks (manx ou mannois)
de l'île de Man
et dans l'erinakh (irlandais) de l'Irlande.
La branche brittonnique, qui dominait
dans le Nord et l'Ouest de la Gaule,
a été refoulée dans l'Armorique
par les conquêtes des Romains et des
Francs, et n'est plus représentée
aujourd'hui que par le bas breton; en
Angleterre,
elle a été aussi reléguée par l'invasion anglo-saxonne
aux extrémités occidentale et méridionale de l'île;
elle n'y subsiste plus que dans le cimraég, kymraig ou cumbrien
(gallois) du Pays de Galles,
le cornique de la Cornouaille étant éteint depuis un siècle
à peu près. Les langues celtiques continentales anciennes
faisaient aussi partie de ce groupe.
Les branches gaélique et brittonnique
se distinguent l'une de l'autre par la proportion inégale dans laquelle
y entrent les éléments proto-indo-européens, la première
s'éloignant davantage de la souche commune. Il y a aussi des différences
dans le système grammatical : ainsi, en gaélique, la déclinaison
a des désinences particulières, tandis qu'en brittonnique
les rapports des noms ne sont exprimés que par des prépositions;
la voix passive se forme, dans les langues de la première branche,
au moyen de flexions, et, dans celles de la seconde, au moyen d'auxiliaires.
On a élevé des doutes sur
l'identité des anciennes langues celtiques avec celles qui survivent:
mais 60 mots, cités par Hésychius
comme appartenant à l'idiome des Galates ou Gaulois de l'Asie Mineure,
ont été retrouvés dans les dialectes celtiques actuels.
Le système
grammatical.
Nous terminerons par quelques détails
supplémentaires sur le système grammatical des deux branches
du groupe celtique.
La
branche gaélique.
La déclinaison du gaélique
ou galique qui a les six cas du latin se fait en partie par flexion et
en partie à l'aide de prépositions. La conjugaison est riche
en modes, mais pauvre en temps, parce qu'elle a un mode négatif,
qu'elle emploie après les négations ni cha et autres, et
parce que, à l'exception du verbe bi (être ,elle n'a que deux
temps, le prétérit imparfait et le futur, for mant tous les
autres temps soit simples soit composés par des périphrases,
au moyen de l'auxiliaire bi précédé de la préposition
ag, ou iar : par exemple ta mi ag bualadh (je bats), mot à mot je
suis après à battre; ta tu ag bualadh (tu bats), mot à
mot tu es après à battre. De même que le brittonnique,
cette langue a trois auxiliaires, à savoir bi (être), qui
y joue le plus grand rôle dans la conjugaison; dean (faire) et rach
(aller), qui comme l'auxiliaire ober en brittonnique et do en anglais servent
à donner plus d'expression à la phrase; par exemple dean
suidhe (assieds-toi), mot à mot fait asseoir; rinn e seasamh (il
était debout), mot à mot il faisait être debout. Ces
deux mêmes verbes joints à d'autres forment une multitude
de phrases particulières. Le gaélique forme ses verbes passifs
comme le latin, sans recourir aux auxiliaires à l'exception des
modes optatif et conjonctif`. Les seuls temps des modes conjonctif et impératif
ont dans chaque personne des terminaisons différentes comme en grec,
en latin, en français et autres langues; dans l'indicatif, la terminaison
reste la même au singulier et au pluriel pour toutes les personnes,
et le pronom personnel est placé après le verbe. Le seconde
personne du singulier de l'impératif est la racine de chaque verbe,
comme en allemand, en iranien, en turc et autres idiomes. Cette langue
peut comme le latin et l'italien conjuguer ses verbes actifs sans les pronoms
personnels; elle a un grand nombre de particules ou syllabes, qu'on a nommées
semi-propositions; telles que di. ao. ea. eu. eas. mi. neo. an. etc., et
qui jointes à un adjectif, à un substantif ou à un
verbe en changent ou modifient le sens. L'article, tous les verbes et les
pronoms possessifs sont placés avant le substantif, mais le nominatif
ou le sujet est placé ordinairement après le verbe; les prépositions
précèdent toujours leurs régimes. Cet idiome a des
diminutifs faits par flexion et beaucoup de mots composés, et possède,
comme le grec, l'allemand, l'iranien et autres idiomes, la faculté
illimitée d'en faire : pa exemple oglach (serviteur) bean (femme),
banoglach servante; uisge (eau), fior (vrai); fioruisge (eau de sources).
Le gaélique emploie l'alphabet
latin, dont il n'a adopté que 18 lettres, parce qu'il n'a jamais
besoin de se servir des lettres k, q, v, w, x, y et z. Les voyelles a,
o, u, suivies ou précédées des lettres m, mh, n, nn,
ont un son nasal, ressemblant à celui du mot français bon;
la prononciation de l'r avant les trois voyelles susmentionnées
est très difficile. Cette lanne ne connaît pas de voyelles
muettes à la fin des mots comme en français, en allemand,
etc., et elle a plusieurs lettres qui sont aspirées. La prononciation
diffère beaucoup de l'orthographe, puisqu'en lisant on ne prononce
pas plusieurs consonnes écrites, ou on les change en d'autres plus
douces.
La
branche brittonnique.
Le britonnique forme sa déclinaison
à la manière du français, en modifiant l'article;
il n'a que 2 genres, et dans les acceptions générales, il
se sert comme l'hébreu, du genre féminin : par exemple divézad
ea anézhi (il est tard), mot à mot tard est d'elle. Le pluriel
des substantifs diffère beaucoup, de leur singulier; mais les adjectifs
ne va rient jamais leur terminaison, ni par rapport au genre, ni par rapport
au nombre. Cette langue a beaucoup de diminutifs, formés par l'addition
des syllabes ik ou ig au primitif; sa conjugaison est très difficile,
mais riche. en temps, qui se font par flexion comme dans le latin. Elle
a deux manières de conjuguer tous ses verbes : au personnel, en
omettant le pronom et donnant une terminaison différente à
chaque personne; à l'impersonnel, en employant un des verbes auxiliaires
au personnel avec l'infinitif du verbe principal; pour le présent
de tous les verbes neutres et actifs, elle a même 4 conjugaisons
différentes. Le brittonique, comme le gaélique a 3 verbes
auxiliaires, savoir : beza (être, qui sert à former tes passifs;
kaout (avoir, qui sert à former les temps passés composés,
et ober (faire), qui sert à énoncer le complément
ou la confirmation de l'action.
On écrit le brittonnique avec l'alphabet
latin, dont le bas breton a adopté 22 lettres, à l'aide desquelles,
moyennant certaines compositions, il rend tous les sons de cette langue,
on y remarque I'n nasal, le j, le ch et mouillé des Français
et le ch des Allemands. La prononciation diffère peu de l'orthographe
lorsque les consonnes muables ou sujettes à permutation (b, k, d,
g, m, p, t,) sont écrites, autrement elle diffère beaucoup,
parce qu'il faut les charger d'après certaines règles établies
pour adoucir la prononciation, ce qui forme une des plus grandes difficultés
de cette langue.
On distingue dans le breyzad ou bas breton
quatre sous-dialectes ou variétés, savoir : la léonarde,
parlée dans le diocèse de Saint-Paul de Léon; elle
passe pour être la plus régulière; la trécorienne
ou breton-bretonnant , parlée dans le diocèse de Tréguier;
elle paraît moins altérée que les autres; la cornouaillère,
parlée dans le diocèse de Quimper-Corentin; la vanneteuse,
parlée dans le diocèse de Vannes; c'est la plus altérée. |
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