| Le polonais ou lekhique est une langue indo-européenne, qui appartient au groupe des langues slaves. Il se distingue des autres langues slaves par l'emploi très fréquent des chuintantes et des sifflantes, qui s'adoucissent pourtant un peu dans la prononciation. Assez semblable originairement au slovaque, qu'il a toujours surpassé en consonnes composées, il s'en est ensuite éloigné pour prendre un développement propre. Riche de mots et de formes, il est essentiellement flexible, il crée à volonté des augmentatifs et des diminutifs, il tire de son propre fonds certaines nomenclatures que d'autres idiomes empruntent aux langues classiques, par exemple celles de l'histoire naturelle et de la chimie. Ce n'est pas qu'on n'y trouve point de vocables étrangers; latins, allemands et russes; mais ils y ont été introduits, les premiers par le clergé depuis la prédication du christianisme en Pologne au Xe siècle, les autres par l'effet du voisinage et des rapports politiques. L'étude du polonais est difficile, même pour les autres slavophones, à cause de la multiplicité et de la complication de ses flexions. Sa grammaire, toute slave qu'elle est dans son ensemble, a beaucoup de rapports avec la grammaire latine. Il possède trois genres; on a cru reconnaître quelques traces du nombre duel dans les verbes. Les substantifs et les adjectifs se déclinent : on distingue sept cas, parce que l'ablatif latin a été partagé en deux, l'instrumental et le locatif; de plus, à certains cas, la déclinaison varie suivant que le nom exprime un être animé ou une chose inanimée. La déclinaison des substantifs change encore selon que le thème du nom finit par une voyelle ou par une consonne, par une consonne dure ou une consonne molle. A plusieurs cas des adjectifs, il existe, outre les flexions qui distinguent les genres, certaines variantes selon la déclinaison particulière des substantifs auxquels ils se rapportent. Les pronoms ont également plusieurs formes pour chaque cas. Le polonais a trois conjugaisons, qui admettent toutes l'emploi des auxiliaires; en outre, on classe les verbes en parfaits et imparfaits, selon qu'ils expriment un fait actuel ou un fait habituel. Ce qui augmente encore les difficultés de la langue polonaise, c'est le grand nombre d'exceptions que comportent les déclinaisons et les conjugaisons. La construction est inversive, comme en latin. Certains auteurs nient qu'il existe des dialectes en polonais d'autres distinguent le langage dit de la Grande-Pologne, le cracovien ou idiome de la Petite-Pologne, le polonais de l'ancienne Prusse orientale, et celui de la Silésie. II n'y a là guère autre chose que des différences de prononciation : ainsi, dans la Grande-Pologne, on traîne les voyelles. Toutefois, on peut citer comme caractère du dialecte de la Petite-Pologne la suppression de la distinction des genres. Le cassoube, parlé en Poméranie, est un mélange de polonais et d'allemand. Le mazovien, en usage dans la Mazovie et la Podlachie, n'est pas moins corrompu : il adoucit les consonnes sifflantes, et change sch en s, tsch en ts, etc. Le polonais s'écrit avec l'alphabet latin, auquel on a ajouté deux voyelles figurées par les caractères a et e avec une cédille pour représenter les sons on et in, le w allemand qui a le son de notre v, et une l barrée pour rendre une articulation particulière au polonais. Les règles de l'orthographe sont basées sur la prononciation. Celle-ci est modifiée par des accents, qui affectent les consonnes aussi bien que les voyelles. L'accent sur une consonne la rend mouillée, c. -à-d. qu'il la fait suivre d'un y faiblement prononcé. Les vers polonais sont rimés. La règle générale de la prosodie est de placer une longue sur la pénultième des polysyllabes. (B.). | |