| Le danois est une langue indo-européenne, qui apartient au rameau nordique du groupe des langues germaniques. Les langues actuelles de ce rameau du Nord scandinave (c.-à-d. le suédois, le danois et le norvégien, ces deux derniers idiomes étant très proches) tirent leur commune origine du langage appelé norsk, ou norraena tungu, ou danska tungu, lequel, parlé uniquement dans tout le Nord jusqu'au XIVe siècle environ, conservé presque intact jusqu'à nos jours en Islande et appelé aussi pour cela islandais. Vers le XIVe siècle, certaines modifications se produisent dans la vieille langue, et deviendront les caractères distinctifs de l'une ou de l'autre des deux langues issues d'elle. De 1400 à 1500, l'influence envahissante de l'allemand se propage dans la langue danoise jusqu'au temps de la Réforme religieuse. La transition de la précédente période à celle-ci a été expressément marquée par l'adoucissement des consonnes dures; la déclinaison et la conjugaison ont conservé toutefois le caractère de la langue primitive.Une troisième période, de 1530 à 1700, voit s'élaborer définitivement l'oeuvre de la grammaire danoise : la séparation d'avec l'islandais est consommée; les terminaisons actuelles sont passées désormais dans l'usage; le danois moderne commence à se dégager. Mais les influences étrangères continuent à faire obstacle au développement d'une langue vraiment originale. L'allemand envahit complètement la partie méridionale du duché de Slesvig, terre essentiellement scandinave, et qui avait primitivement parlé l'ancienne langue du Nord. De plus, il exerce une influence visible sur tout l'idiome danois, jusque dans les provinces de Bleking et de Scanie, aujourd'hui suédoises, qui appartenaient alors au Danemark. Après l'allemand, c'est le français qui imprime au danois des constructions nouvelles et lui impose des mots d'origine étrangère : la langue du célèbre auteur comique Holberg se ressent de cette influence. Au XIXe siècle, Oehlenschlaeger s'est efforcé de rendre à la langue nationale quelque chose de son énergie et de son allure primitives. Le danois est une langue douce, précise et d'une prononciation harmonieuse. Les mots qui lui appartiennent en propre abondent en voyelles, et il adoucit singulièrement les consonnes. Pour la formation des mots composés, il suit la méthode de l'allemand; mais, dans les formes grammaticales, il offre une simplicité comparable à celle de l'anglais. Il n'a de genre dans les noms que celui qu'indiquent les sexes; de cas que le génitif, dont un s final est la caractéristique. Quand l'article précède le nom, il répond à notre article indéfini (en mand, un homme); quand il le suit, à notre article défini (manden, l'homme). II y a trois conjugaisons, qui ne différent que par la formation de l'imparfait et du parfait. Le futur, comme dans les langues germaniques, se forme par l'emploi d'un auxiliaire; la voix passive, comme en grec et en latin, par des inflexions particulières. Comme le latin, le danois a des verbes déponents. Cette langue se prête facilement à la versification. La quantité prosodique des syllabes étant déterminée, on y peut faire indifféremment les vers rimés ou blancs. Les spécimens de l'ancienne langue danoise peuvent être empruntés : 1° aux manuscrits des lois de Scanie, de Seeland, de Jutland, etc., manuscrits exécutés au XIIIe siècle, mais citant des maximes et des expressions plus anciennes; 2° aux livres de médecine du chanoine Henri Harpestreng, mort en 1244; 3° à la traduction de la Chronique du roi Éric, pour le XIVe siècle; 4° pour le XVe siècle, à la Chronique rimée du frère Niels, aux poèmes mystiques de Mikkel, et aux Proverbes de Pierre Laale. (A. G.). | |