| On a exposé au mot Conscience les caractères du phénomène conscient. A proprement parler; tout ce qui est en dehors de la conscience est inconscient. Mais d'ordinaire quand les philosophes parlent d'inconscient, ils veulent désigner par là des phénomènes qui, bien que de nature psychologique, ne sont cependant pas aperçus par la conscience. Hartmann désigne par ce terme le principe supposé de tout ce qui échappe à la conscience. Leibniz, admettait dans l'âme des petites perceptions; cependant il ne semble pas, bien que ses expressions soient sur ce point assez vacillantes, qu'il ait entendu par là des perceptions totalement inconscientes, mais seulement des états le conscience faibles, ou tellement atténués qu'ils devenaient comme sourds. Quoi qu'il en soit, l'existence de l'inconscient chez l'humain est admise par deux sortes de philosophes : les animistes et un certain nombre de phénoménistes. Plusieurs phénoménistes soutiennent avec Taine (De l'Intelligence), que la conscience est un épiphénomène, une sorte de qualité qui se surajoute au phénomène, sans d'ailleurs changer sa nature. Ils raisonnent ainsi : Nous n'entendons un son que lorsque le nerf acoustique est sollicité par une excitation au moins égale à 12 vibrations simples par seconde si chacune des vibrations ne produisait qu'un zéro psychologique, les 12 vibrations réunies ne donneraient aussi que zéro et nous n'entendrions jamais. Il faut donc admettre que chaque vibration produit un élément psychologique de la sensation totale, cet élément psychologique n'étant pas aperçu est donc inconscient. Rabier (Psychologie) a constaté le bien fondé de ce raisonnement et a montré qu'on ne pouvait concevoir un phénomène inconscient, attendu que la conscience est précisément le caractère essentiel du phénomène psychologique. Il admet bien qu'il y a des conditions antérieures à la conscience et par conséquent inconscientes, mais il soutient que ce sont de simples phénomènes physiologiques. Il explique ainsi physiologiquement tous les phénomènes attribués à l'inconscience psychologique. C'est, par exemple, une disposition automatique des " molécules du cerveau" qui explique comment il se fait que le matin, à notre réveil, nous trouvons tout à coup la solution du problème qui nous préoccupait la veille avant de nous endormir. Les animistes admettent volontiers cette opinion, mais ils contestent que la conscience soit le caractère distinctif de tout ce qui est psychologique. C'est que pour eux, en dehors des phénomènes, l'âme existe, principe des phénomènes psychologiques et même de toute la vie animale. Par conséquent, les opérations profondes de l'âme devront échapper à la conscience et n'être pas moins de nature psychologique ou spirituelle. Ainsi, d'après eux, si nous trouvons à notre réveil la solution des problèmes, dans le cas cité plus haut, c'est un résultat de l'activité inconsciente de l'âme. Ce serait même, d'après eux, cette activité inconsciente qui présiderait à l'organisation entière du corps. (G. Fonsegrive). | |