| La maison impériale Autour de l'empereur se range sa maison, c. -à-d. l'ensemble des parents, hommes et femmes, qui sont les agnats ou parents en ligne masculine du fondateur de la dynastie; de plus, la femme de celui-ci et de ses descendants en ligne masculine. On a commencé par étendre à ces personnes le privilège de l'inviolabilité tribunicienne; on les fait aussi figurer dans les formules de serment. On fit jurer aux soldats, aux employés, aux sujets, d'aimer et de défendre, non seulement l'empereur, mais toute sa maison. Celle-ci a donc une situation juridique privilégiée. L'empereur confère d'ailleurs à sa maison comme à d'autres de ses parents ou des gens de son entourage, surtout aux femmes, des privilèges honorifiques. Voici quelles sont les principales de ces distinctions. Le surnom de Caesar est donné aux hommes de la maison impériale, celui d'Auguste est réservé au prince; mais en donne aux femmes celui d'Augusta, à Livie, femme d'Auguste, à Antonia, grand-mère de Caligula, puis à Agrippine, femme de Claude; à partir du règne de Domitien, on le confère régulièrement aux épouses de l'empereur, même quand elles sont mortes avant son avènement; on le conféra également à la mère de l'empereur, à sa fille, à sa soeur, mais moins constamment; ainsi à la mère et à la grand-mère d'Elagabal (Julia Maesa et Julia Soaemias), aux soeurs de Néron (Claudia), de Titus (Julia), de Didius Julianus (Didia Clara), à Marciana, soeur de Trajan, à Matidia, sa nièce, à une autre Matidia, sa belle-soeur. Cette qualification d'Augusta fut purement honorifique, sauf peut-être pour Livie, Agrippine et les femmes de la famille de Sévère. La femme de l'empereur est affranchie de la tutelle; elle est souvent appelée Mère des camps (Mater castrorum), à partir de la jeune Faustine, femme de Marc Aurèle. Les femmes de la maison impériale ont fréquemment reçu les privilèges des vestales. Dans les fêtes publiques, on place au premier rang, à côté de l'empereur, toute sa maison; les femmes à côté des vestales. Les femmes ont plusieurs fois obtenu une garde de prétoriens (ou de gardes du corps), comme l'empereur lui-même; les hommes rarement. On a mis au rang des fêtes publiques les fêtes domestiques de plusieurs femmes de la maison impériale. Enfin on a fait figurer sur les monnaies l'effigie de diverses personnes de ce groupe, ce qui mérite considération; car cet usage de frapper la monnaie à l'effigie du prince est caractéristique de la monarchie. On trouve sur les monnaies les têtes de Germanicus et d'Agripine (père et mère de Caligula); d'Agrippine, belle-soeur de Claude, et de Drusus et d'Antonia, ses parents; du père de Vitellius, de Domitilla, femme de Vespasien. Cet usage disparut après les Flaviens; mais, dans tous ces cas, il s'agit de morts; ceux qui, de leur vivant, jouirent de cet honneur, furent : Agrippa, Tibère, successeur désigné d'Auguste, investis de la puissance tribunicienne; le jeune Drusus, fils de Tibère; Néron, beau-fils de Claude; enfin Agrippine, femme de Claude; tous ces personnages avaient une part de l'autorité impériale. A l'avènement des Flaviens, le droit d'images perd de sa valeur politique et est décerné à titre honorifique; on trouve sur des monnaies les têtes d'impératrices. D'une manière générale, on y met celle du successeur désigné et déjà associé à l'Empire. L'apothéose, ordinairement réservée an prince, fut aussi décernée à des impératrices; on en cite sept jusqu'à l'année 183, à savoir Livie, Poppée, Domitille, Plotine, Sabine et les deux Faustines; en éliminant Poppée, on arrive au chiffre des seize dieux (divi) impériaux, vénérés à cette époque où dix empereurs avaient reçu l'apothéose. Plus tard, on l'octroya encore à Julia Domna. Le même honneur fut décerné encore à d'autres personnes de la famille impériale, mais il semble qu'on les ait laissées en dehors du culte officiel; on cite Drusilla, soeur de Caligula; Claudia, soeur de Néron; Julia, nièce de Domitien; Marciana, soeur de Trajan; Matidia, mère de Sabine; un fils de Domitien mort dès l'enfance; le père de Trajan; enfin Valérien, fils de Gallienus. La cour Après la famille ou maison impériale, il nous faut parler de sa cour. Les amis du prince (amici Augusti) sont d'abord ceux qui sont avec lui en relations privées, puis ceux à qui il accorde l'accès de sa maison; il semble que cette qualification ait été réservée aux ordres privilégiés et qu'on ne l'ait jamais étendue aux plébéiens ni surtout aux non-Romains. Cette situation d'ami du prince, bien qu'honorifique, n'a pas de caractère tout à fait officiel, n'implique pas de droits spéciaux. Mais c'est parmi eux qu'il prend ses conseillers, et, lorsqu'il voyage hors d'Italie, sa suite, ses compagnons (comites Augusti); celle-ci fut, de bonne heure, salariée; les compagnons sont couramment employés dans les affaires publiques ou forment le conseil du prince. Les esclaves et affranchis de l'empereur n'ont pas de situation juridique privilégiée; ils sont les égaux des esclaves et affranchis des simples particuliers et, comme eux, exclus des situations officielles et des emplois publics; on ne les assimile pas aux esclaves publics. Une des différences fondamentales entre le principat et la monarchie de Dioclétien, c'est que les services personnels du prince ne sont pas assimilés à des fonctions publiques. Parmi les serviteurs du prince, il faut distinguer des catégories : ceux qui appartiennent à l'ordre sénatorial ne peuvent, par définition, être salariés et sont comparables à des officiers publics; ceux de l'ordre équestre sont payés sur la caisse privée de l'empereur, le fisc. Tous les soldats et officiers, exception faite pour les commandants des légions, lesquels appartiennent à l'ordre sénatorial, sont regardés comme des serviteurs personnels de l'empereur, l'armée étant la chose de celui-ci; on envisage de même le préfet de l'annone, les receveurs de l'impôt des provinces (procuratores Augusti). Les services privés de la maison impériale, confiés d'abord à des affranchis ou à des esclaves, furent de plus en plus assimilés à l'administration publique et confiés à des chevaliers. La correspondance de l'empereur fut considérée comme affaire privée par les empereurs de la maison julienne et claudienne; les inconvénients de ce système furent tels, sous Claude et Néron, qu'on prit le parti de ranger ce service parmi les fonctions publiques et de le confier à des chevaliers. De même, la gestion du domaine et de la caisse privée de l'empereur passa des affranchis à des membres de l'ordre équestre. | |